Voyager en couple est un vaste sujet ! Nous avons eu l’occasion d’en parler lors d’une conférence que nous donnions pour la toute première soirée d’ABM Bruxelles (Aventures du Bout du Monde) il y a quelques mois. L’occasion de restructurer un petit peu nos idées pour les partager aux nombreux passionnés de voyage venus des quatre coins de la Belgique. Voici ici l’essence de cette conférence avec au cœur du voyage en couple, une valse à 3 temps.
La plus grande question
La plus grande de toutes les questions que l’on peut se poser sur le voyage en couple :
Voyager en couple, rêve ou cauchemar ?
Derrière cette accroche amusante se cachent de nombreuses théories et idées préconçues sur le voyage, les « vrais voyageurs » et le voyage en couple. Voyager en solitaire est parfois considéré comme le « seul vrai voyage » ou la seule bonne façon de voyager pour réellement rentrer le monde, les autres et se rencontrer soi…
Si vous avez déjà lu mon article Voyager seul, mieux que le voyage en couple ?, vous savez ce que j’en pense. À mes yeux, ce genre de classement est sans intérêt, surtout pour des voyageurs pour qui la première des vertus devrait être l’ouverture d’esprit… Oublions les classifications, les hiérarchisations et les étiquettes !
Derrière ces clichés sur le voyage en couple se cachent surtout des peurs. La peur de vivre 24 heures sur 24 ensembles, d’étouffer, de perdre sa liberté…
Pourtant, voyager en couple peut être une expérience de vie personnelle et conjugale très enrichissante, avec de nombreux avantages personnels et bénéfices pour le couple.
Cet article est donc là pour vous retransmettre l’essence de notre conférence présentée à ABM, mais aussi pour structurer cette rubrique du blog dédiée au voyage au couple et vous permettre de trouver plus facilement l’information dont vous avez besoin.
Voyage, voyage… voyage !
Que l’on voyage seul ou à plusieurs, il existe trois temps au voyage, chacun de ces temps possédant une dynamique qui lui est propre : la valse à 3 temps du voyage.
Avant, Pendant et Après le voyage
Cela parait simple, mais ces trois temps sont vraiment cruciaux dans le processus du voyage : un voyage commence dès les premières rêveries sur la prochaine destination et se termine bien après que l’avion ait atterri à son aéroport de départ.
Avant
Cette phase est comme les préliminaires d’un acte amoureux ou les fondations d’une maison : absolument cruciale pour partir sur une bonne base ! Sans qu’on ne s’en rende compte, ces jours et semaines avant le grand départ vont déterminer une grande partie du voyage et de la qualité de l’expérience que l’on s’apprête à vivre. Même si je n’aime pas parler d’un voyage réussi (et encore moins d’un voyage parfait), c’est ici que tout se joue… ou presque !
Et sur une note plus humoristique, la phase avant le départ est aussi l’occasion de quelques sautes d’humeur et petits troubles psychologiques…
Pendant
Le gros morceau, la phase principale : le voyage en tant que tel. Sur les routes, les voyageurs vivent ensemble en permanence, se retrouvent face à des situations qu’ils n’auraient sans doute jamais vécues en temps normal dans leur vie sédentaire, partagent des moments d’une nouvelle routine nomade tout comme des moments forts, apprennent à faire des choix ensemble, des choix de raison et des choix de passion, des choix fous…
Mais voyager en couple, ce n’est pas qu’idyllique ! Pour revenir à la question de départ : rêve ou cauchemar, le voyage en couple peut osciller entre ces deux extrêmes… et parfois très rapidement !
Ce qui change dans le couple en voyage, dû à cette proximité physique permanente, c’est une perte d’intimité et une perte d’illusion aussi : peu d’espace personnel dans le quotidien de la chambre et de la salle de bain, pas tout à fait la même hygiène de vie… Moi qui n’utilise jamais de maquillage ou de sèche-cheveux, cela ne m’a pas dérangé plus que cela, mais je sais que ça a été une étape, un apprentissage pour pas mal de femmes (plus pour les femmes, vu qu’elles ont davantage cette pression de la société d’être belles et parfaites, pression qui s’estompe en voyage et permet de recentrer un peu les choses sur ce qui importe réellement et de s’ouvrir à d’autres façons de penser et de vivre).
Voyager en couple, c’est donc, encore plus que dans la vie sédentaire classique, une question d’équilibre : équilibre entre soi et l’autre, entre mouvement et immobilité, entre un mode de voyage et un autre… Tout est une question d’équilibre !
Bref, beaucoup de choses à en dire, de cette phase « pendant » le voyage !
Après
Non, le voyage ne se termine pas quand les roues de l’avion touchent le tarmac dans l’aéroport de départ. Il existe une phase qui prolonge le processus de voyage, une phase à part entière que l’on a souvent tendance à oublier : l’après-voyage.
Durant cette phase, le voyageur va digérer son voyage : digérer toutes ces images, toutes expériences qu’il a vécues sur les routes, tous ces moments et ces émotions sur lesquels il n’a pas su forcément mettre les mots. C’est une phase très personnelle d’introspection.
Une phase personnelle, certes, mais la vivre en couple permet un soutien mutuel. Car cette phase de digestion s’accompagne souvent d’émotions nostalgiques, voire de tristesse, dépression ou remise en question… et aussi, je l’espère, d’une douce insolence : celle de vouloir être heureux, même chez soi !
Et être à deux, c’est aussi se soutenir face aux sempiternelles questions que l’on reçoit après chaque grand voyage :
C’était bien ? Quel pays as-tu préféré ? …
Comment résumer tout un voyage parfois de plusieurs mois en un mot (« Oui ») ou un pays ? Un voyage, comme une vie, ne tient pas en un mot…
Et parce que même si un retour peut-être une étape très dure d’un voyage, mieux vaut en rire ! Voici une vidéo sur ce que nous avons nommé « le syndrome post-returnum ».
Au-delà des idées reçues
Avant de conclure cet article, j’ai envie de reprendre rapidement les 5 principaux préjugés véhiculés sur le voyage en couple et d’y apporter ma réponse.
Non, voyager en couple n’empêche pas de faire des rencontres
L’idée que voyager en couple limite les rencontres est plus que répandue… mais je ne la partage pas. Voyager en couple permet tout autant de faire des rencontres, mais peut-être des rencontres différentes ou faites différemment.
Par exemple lorsque François et moi parlons en français ou en espagnol, cela permet à d’autres, voyageurs ou habitants du pays visité, de nous repérer comme parlant « sa » langue, et lui donnant le gout de venir interagir avec nous.
Non, voyager en couple n’empêche pas de voyager en groupe
Même si nous voyageons principalement de façon autonome et indépendante, il nous arrive de nous joindre à un groupe le temps d’une excursion d’une journée ou d’un trek de plusieurs jours dans un canyon au Pérou ou encore dans les plantations de thés au Sri Lanka. L’un n’empêche pas l’autre !
Non, voyager en couple n’empêche pas de voyager entre amis
Voyager en couple n’empêche pas de temps à autre de se créer des projets de voyage avec des amis. Là aussi, le même ingrédient que pour le voyage à deux est de mise : bien choisir les gens avec qui partir !
Non, voyager en couple n’empêche pas de voyager en solo
Cela parait contradictoire au premier abord, et pourtant ça ne l’est pas. Même si je n’ai moi-même jamais expérimenté cela (à part peut-être lors de mon expérience d’expatriation pour 6 mois au Canada dans le cadre d’un stage et que François est resté au pays pendant ce temps-là), je connais plusieurs couples qui ne partagent pas la passion du voyage et qui donc ne partent pas systématiquement ensemble.
Je pense ici à une de mes très proches amies qui adore voyager et rêvait de partir plusieurs mois en Asie du Sud-Est ; mais son conjoint, plus casanier, ne partageait pas ce désir de voyage au long cours. Cela n’a pas posé de souci et n’a pas empêché mon amie de réaliser son rêve. Et à aucun moment leur couple n’a été remis en question par ce voyage.
Non, voyager en couple n’empêche pas de s’accorder des moments pour soi
Et finalement, voyager en couple ne signifie pas fusionner ! Il est important de rester en accord avec soi-même et à l’écoute de ses besoins et de ses gouts. Si on sent qu’on a envie de se reposer et que l’autre veut bouger ou vis-versa, que l’un a des envies de visites urbaines et l’autre de promenade en pleine nature… rien n’empêche de vaquer à ses occupations chacun de son côté pour la journée.
Rester honnête et confortable avec l’autre, c’est aussi avant tout rester honnête avec soi-même et ses besoins.
Voyager en couple : réponse à vos questions
Lors de la soirée ABM après notre conférence, nous avons eu droit à de nombreuses questions (beaucoup plus que ce que je n’avais imaginé !). Je n’ai pas pu toutes les retenir, mais en voici quelques-unes que je trouve intéressantes de vous partager. Si vous vous en posez d’autres, évidement n’hésitez pas à la partager dans un commentaire sous l’article, j’y répondrai avec plaisir.
Chacun de son côté ?
Comme je le disais dans les réponses aux préjugés, être en couple n’empêche pas de voyager en solo, de partir seul ou de prendre des routes différentes momentanément pour mieux se retrouver après. Ce mode de voyage (qui n’est pas le nôtre et dont je ne peux parler d’expérience personnelle, mais uniquement d’échanges avec d’autres voyageurs) ne signifie absolument pas qu’il y ait un problème dans le couple. Chaque personne est unique, et chaque couple l’est donc doublement ! À chaque couple de se créer et de réinventer un équilibre pour être bien ensemble.
Et les disputes ?
Ah, les disputes ! Il semble que ce soit un véritable sujet de préoccupations, car cela revient souvent sur le tapis.
Comme je l’ai dit plus haut, je vous invite à lire les articles liés aux aspects plus négatifs du voyage (voir la phase « pendant le voyage »). Mais nuançons d’abord : se disputer n’est pas négatif en soi, c’est même très sain (existe-t-il un couple qui ne se dispute jamais ?).
Si les disputes en voyage semblent faire tellement peur, c’est pour dû à la notion d’éloignement, qui peut renforcer un sentiment de solitude et/ou de dépendance à l’autre :
Si on se fâche et qu’on se sépare, je serai seul(e) au monde !
Ne dramatisons rien, et même si le pire survenait et que votre couple cassait : vous êtes un adulte responsable, vous êtes capable de vous en sortir seul. Nous le sommes tous (même si parfois certains ont plus de difficultés à le reconnaitre). Une dispute perdra son aspect dramatique à partir du moment où le couple sera envisagé de manière décomplexée et sans notion de dépendance à l’autre.
Comment se mettre d’accord ?
Quand on a la chance de trouver quelqu’un pour partager notre passion du voyage, encore faut-il se mettre d’accord sur la destination ! C’est une question qu’on nous pose souvent… mais qui nous pose rarement problème !
Ici aussi, le maitre mot est : « dédramatiser ». Quand on dit que « choisir c’est renoncer », ce n’est pas comme cela qu’il faut envisager ses voyages. Bien sûr, si l’on part au Japon, ce n’est pas possible de partir en même temps au Pérou, au Canada, au Portugal… Mais cela ne signifie pas que ces autres rêves de voyages sont « perdus » !
Faites votre Bucket List en couple, parlez de vos rêves et projets, et dites-vous toujours que rien n’est définitif ou permanent.
Et ne dites plus « Je ne suis jamais allé en Afrique… », mais « Je ne suis pas encore allé en Afrique ». Ce petit « encore » changera peu à peu votre façon de voir les choses, vous verrez ! Pour en savoir plus sur ce mot magique, lisez cet article : À nos vies parallèles.
Et les enfants ?
Ici aussi, nous ne pouvons pas parler d’expérience, car nous n’avons pas d’enfants (en tout cas pas encore). Mais j’adore lire les retours de voyageurs en famille, et on trouve de plus en plus de récits de couples partis avec un ou des enfants en bas âge. Oui, c’est possible !
Préserver la magie
Qu’est-ce qui fait un couple heureux ?
Cette magie du manque, cette sensation d’être illuminé, éveillée en la présence de l’autre, de devenir qui l’on souhaite en fréquentant l’autre. Ce plaisir aussi à vivre le moment présent avec l’autre et à faire des plans ensemble pour le futur.
La question que beaucoup se posent et nous posent, à partir de ce constat :
Est-ce que cette magie peut durer en voyage, malgré la proximité permanente ?
C’est sûr, on passe par des moments plus fusionnels où l’on en vient à pouvoir ressentir les mêmes choses en même temps, à se sentir totalement en phase et terminer les phrases de l’autre comme dans les comédies romantiques ; et aussi par d’autres moments où l’on ne comprend plus l’autre, où on se sent décalé et où l’on passerait bien dans le registre des films d’horreur.
Mais tout cela, c’est le cycle normal d’un couple : le 8 infini, entre proximité et distance. Le cycle normal et sain ! Même en étant physiquement côte à côte en permanence, nos esprits s’approchent et se distancient sans cesse dans une danse infinie. La valse, toujours la valse.
Voyager en couple, au-delà de ces hauts et ces bas, c’est surtout une chance : la chance d’avoir trouvé celui avec qui partager notre route. Celui sur qui on peut compter. Et surtout celui qui, une fois arrivé au sommet d’une montagne pour admirer le lever du soleil, multiplie notre bonheur par sa seule présence.
Car le bonheur n’en est que plus grand quand il est partagé…
Et vous, quelles sont vos expériences de voyage en couple ? Des doutes ou des questions ? N’hésitez pas à partager tout cela dans les commentaires !
Voyager à plusieurs, c’est de suite devoir se soumettre aux avis des autres, donner son avis, faire oeuvre de diplomatie, renoncer parfois. Cela vaut lorsque l’on voyage avec des amis (du moins sommes-nous amis avant de voyager!) en couple ou en famille. J’ai la chance de vivre 24 heures sur 24 ou presque avec mon épouse. Nous vivons et travaillons ensemble depuis 17 ans, nous voyageons ensemble, … Oui cela fait peur à beaucoup ces 24 heures sur 24 ensemble, surtout quand on entend que chacun dit vouloir garder son indépendance. Pourquoi parler d’indépendance quand on aspire à vivre avec quelqu’un?
Superbe témoignage 🙂 24h/24, c’est souvent ce qui effraye le plus en effet. Une proximité différente du quotidien sédentaire classique et surtout une belle aventure en perspective 🙂
Belle journée des amoureux à vous deux !
On a voyager que en couple avant d’avoir les enfants. En Europe et en Amérique du Sud. Maintenant, évidemment, on part toujours trop longtemps pour partir sans notre progéniture, donc on voyage en famille. On a tout de même été faire un roadtrip en Gaspésie en couple après l’arrivée des enfants, et un autre dans le sud de l’Australie alors qu’on habitait à Melbourne et que vous avions développé des liens avec une gentille dame qui a pu garder bébé le temps d’une journée.
Oui, les moments complètement seuls sont plus rares sans le soutien de la famille à proximité, la petite gardienne en qui on a confiance, les amis, etc. Mais ça dort ces bibittes-là, parfois 😉 Il y a moyen de se planifier un souper entre 4 yeux à l’autre bout du monde quand même. Durant les deux derniers voyages, on a eu la chance d’avoir de la visite d’amis (eh bien oui, on peut voyager en couple ET entre amis, et on peut voyager en famille ET entre amis, hihi!) qui nous ont offert une soirée ensemble : ils gardaient les enfants à l’hôtel, et à nous deux la ville! Après plusieurs mois sans pouvoir sortir que nous deux, un vrai charme 🙂
Salut Bianca, merci pour ton message ^^
Hé oui, voyager en couple avec des enfants, ça reste voyager en couple… avec des ajouts 😉 😀 C’est super en tout cas que vous arriviez à combiner les styles en fonction des lieux et des possibilités de confiance pour garder vos petits bouts. De quoi faire plaisir à tout le monde 🙂
Je vous souhaite encore de beaux voyages en couple et en famille ! ?
Hahaha le Syndrome Prédépartum et post returnum! J’adore! Les vidéos sont juste géniales ! :D.
Et c’est tellement vrai, je me reconnais dans tout les points que vous avez énuméré!!
Cet article est vraiment top également. Et je suis bien d’accord!
Bravo en tout cas !
Merci beaucoup Flora ! 😀
Ravis que nos vidéos te plaisent et que tu te retrouvent dans cet article 🙂
Déjà beaucoup voyagé en couple ?
Eh bien pour l’instant je n’ai voyagé qu’en Australie pendant deux ans (j’ai 22 ans), je suis partie seule et y ai voyagé seule pendant 6 mois, puis j’y ai rencontré mon chéri avec qui j’ai voyagé depuis (pour un an et demi donc) :). Nous sommes de retour en France pour le moment mais nous repartons pour la Nouvelle-Zélande puis l’Asie du Sud-Est pour les deux prochaines années 🙂
Génial, plein de beaux voyages et de beaux projets !
Bons préparatifs pour votre prochain grand départ 🙂
De mon côté, je crois qu’on a les mêmes envies avec mon copain alors ça aide … et comme beaucoup de voyageurs, nous ne sommes pas des personnes compliquées, alors tout roule 🙂
Concernant l’anecdote biblique, je crois que c’est juste passé dans la langue française alors ça n’aurait pas été sacrilège ( 😉 )
Merci pour ton commentaire Lauriane 🙂
C’est cool quand les envies concordent et que les caractères s’assemblent bien.
Et oui, l’anecdote biblique, c’est clair que c’est passé dans le langage commun… mais autant privilégier les références qui ne laissent personne de côté 😉