Le voyage en couple offre de nombreux avantages et bienfaits, tant pour le développement personnel de chaque conjoint qu’au niveau du couple. Véritable accélérateur relationnel, le voyage permet de faire un bond dans la maturité et l’intimité du couple… « quand tout se passe bien ».
Mais tout n’est pas toujours rose : des problèmes peuvent survenir sur les routes voire avant, lors des préparatifs.
Quels sont les risques, comment les gérer ? Voici les 9 pièges les plus communs et des conseils pour passer au travers.
Voyager en couple : les 9 difficultés
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Le sentiment d’étouffement
Une des premières craintes évoquées lorsque l’on parle de voyage en couple est cette proximité permanente :
Être 24 h/24 ensemble, ça doit être dur à vivre !
Tu n’as pas peur d’en avoir marre ?Solution
Le plus grand changement pour le couple, entre une vie sédentaire et une vie nomade, est bien cette proximité constante. Mais dès les premières semaines, le rythme de la vie de couple en voyage est rapidement trouvé, chacun s’adaptant à cette nouvelle vie conjugale.
Malgré tout, pas de panique : rien ne vous empêche de vous accorder des moments de solitude ou simplement de choisir de faire des activités séparément. Et si vous ne vous adaptez pas naturellement, parlez-en ! Peut-être que d’autres besoins et problèmes se cachent derrière cette difficulté.
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Les styles de voyage et les envies différents
L’un est plutôt citytrip, à marcher dans les rues à l’affut de musées, alors que l’autre est plutôt farniente sur la plage.
Ou encore, l’un aime profiter du voyage pour se lever sans réveil : dolce vita est son credo ; alors que l’autre préfère se lever aux aurores :
Je peux enfin faire ce dont j’ai envie, n’en perdons pas une goutte ! Se lever quand la moitié de la journée est passée : hors de question !
Les conjoints de styles et de rythmes de voyage différents vont avoir du mal à cohabiter dans les débuts du voyage. Ce genre de différend, s’il n’avait pas été révélé dans la vie sédentaire, apparait dès les premiers jours d’un voyage.
Solution
Partons déjà de ce goût partagé du voyage qui unit les deux conjoints : tous deux ont ce désir d’évasion, mais décliné sous des formes différentes. C’est déjà un premier point commun, qui ne va pas toujours de soi.
Pas de solution miracle dans ce cas-ci : l’écoute, l’expression franche, le respect de l’autre… et les compromis. Évoquer les besoins de chacun, cachés derrière ces envies, styles et rythmes différents, permet de cibler les priorités et de trouver des solutions à l’amiable.
Rien ne vous empêche également de profiter de moments seuls : l’un continue à dormir tandis que l’autre se lève pour ramener du marché de quoi prendre le petit-déjeuner ; ou l’un explore les alentours et l’autre va s’installer avec un bon bouquin… Si vous optez pour cette solution, trouvez une activité commune pour vous rassembler après, par exemple un bon repas en amoureux, où vous pourrez échanger sur vos expériences réciproques.
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La présence sociale versus l’attention au couple
Un des plus gros défis du voyage en couple est de trouver un juste équilibre entre vie conjugale et vie sociale. Gérer le fait d’être en couple dans une situation sociale ne va pas de soi, et l’importance de cette bonne gestion est d’autant plus présente en voyage : être « tout l’un pour l’autre » et la seconde d’après se voir ignoré par son conjoint au profit des nouveaux visages à rencontrer peut créer un ascenseur émotionnel déstabilisant.
Seuls au monde © Chemophilic De plus, l’un des conjoints (voire les deux) peut redouter l’isolement et le renfermement du couple sur lui-même. Ce risque est d’autant plus présent selon le type de voyage effectué, par exemple en road trip, car le couple est isolé dans un moyen de transport propre, sur des routes parfois désertes pendant des kilomètres.
Solution
Le plus important est d’être à l’écoute de ses besoins et au clair avec les besoins de l’autre : si vos besoins ne correspondent pas, pas de panique ! C’est tout à fait normal, le couple n’est ni une entité fusionnée ni un couple de robots bien ajustés.
Il est important de conscientiser et verbaliser ces besoins divergents et de métacommuniquer (communiquer sur votre communication, votre manière d’être en couple) : cela diminuera les tensions latentes. Un compromis et une solution sont ensuite d’autant plus facilement trouvables.
Soyez à l’écoute aussi de l’importance du moment pour l’autre. Par exemple, réaliser un de vos rêves de couple (ou de l’un des conjoints) est un moment fort dans un voyage, un souvenir qui restera gravé : le conjoint attend de l’autre une attention et une présence particulières. Si l’autre ne perçoit pas l’importance du moment, ce dernier risque de se sentir seul dans ce rêve réalisé, avec une amertume venant lui gâcher la beauté du moment.
N’hésitez pas également, si vous avez peur de l’isolement du couple, à vous poser quelques jours au même endroit, afin de voir du monde, de croiser les mêmes visages et pouvoir nouer des relations éphémères, mais importantes en voyage.
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La jalousie
Jalousie ne signifie pas forcément être jaloux d’une personne du même sexe : c’est plus vaste que cela. L’un peut être jaloux de toute personne qui viendrait faire interférence et prendre trop place pour l’autre. Mais si l’on parle de jalousie masculine/féminine stricto sensu, ce problème en voyage dépend avant tout de chaque conjoint et du fonctionnement du couple. Ce risque existe déjà dans la vie sédentaire et vous l’emportez avec vous en voyageant.
Solution
On a beau dire « Je ne suis pas jaloux/se », il y a toujours une limite à cette affirmation. Il n’existe pas de bon ou de mauvais positionnement : tout dépend du couple et de comment vous vous accordez sur les besoins et les limites de chacun.
Communication, confiance et patience sont sûrement les meilleurs conseils à appliquer ici.
Questionnez-vous sur le sujet avant d’en parler ensemble, afin d’avoir un échange plus mature et constructif. Et lorsque vous vous livrerez à votre conjoint à ce sujet, parlez-lui en « je » et en sentiments, sans accusations, tout en restant le plus possible factuel, concret et en évitant les généralisations (l’emploi des mots « toujours » et « jamais » est proscrit !).
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Les disputes
Il viendra toujours un moment, souvent à la suite d’une accumulation de petites choses (des malaises non exprimés qui s’accumulent, la fatigue, l’inconfort…), où l’un des conjoints peut craquer et faire éclater une dispute.
Solution
La solidité d’un couple ne se mesure pas à sa manière d’être ensemble quand tout va bien, mais à sa façon de résoudre les problèmes. Donc, rassurez-vous, les disputes dans un couple, c’est normal ! Et que celui qui ne s’est jamais disputé en couple me jette la première pierre… (ou le premier commentaire !).
Mais la gestion des disputes est un point complexe, avec certaines spécificités liées à la vie nomade. Je le développe donc ce point dans un autre article : « Dispute de couple en voyage : comment les gérer ? » !
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Ni parent ni enfant
Être en couple en voyage peut, pour certains, être la première expérience de vie commune, comme ce fut le cas fut pour moi. À cette nouvelle expérience de couple s’ajoute la découverte d’un pays étranger et d’une autre culture. Difficile de se créer des habitudes de couple dans un environnement en constant changement.
Face à l’inconnu, hors de sa zone de confort, l’Homme peut tenter de se rassurer en se raccrochant à du connu : que ce soit dans des habitudes quotidiennes ou dans des manières d’entrer en contact avec les autres. Ainsi, un des travers possibles est de tomber dans des schémas relationnels connus et de répéter des scénarios (inconscients).
Par exemple, l’un peut se sentir en insécurité et demander beaucoup de gestes de réassurance, ou peut se sentir responsable de l’autre, et éprouver le besoin de le couver jusqu’à contrôler le moindre de ses faits et gestes. Telle une bouée à laquelle se raccrocher, il deviendra ce parent autoritaire ou parent-poule… Le plus souvent sans même se rendre compte de rien.
Solution
Il y a fort à parier que le conjoint ne tolèrera pas longtemps ce revirement de positionnement dans le couple ! La dispute qui émergera aura un effet sain, de signal d’alarme. Elle fera émerger le problème au grand jour : à vous d’en tirer le meilleur, c’est-à-dire une bonne remise en question !
Être loin de chez soi peut être une bonne occasion pour prendre recul sur sa « vie d’avant » et avoir un regard plus critique sur sa construction personnelle, permettant de se comprendre d’avantage et ainsi connaître ses failles et faiblesses personnelles, risquant d’entacher la vie de couple.
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Les silences
Être ensemble sans arrêt… Au bout d’un moment, on n’aura plus rien à se dire ! Qu’est-ce qu’on fera alors ?
Solution
Rien à se dire ? Et alors ? Ne peut-on pas faire une pause dans la discussion, et se laisser le temps de penser, de ressentir l’ambiance… et de vivre, tout simplement !
Le silence peut faire peur, mais il fait partie de la dynamique de groupe et, a fortiori, de couple. Se taire et être ensemble peut procurer un profond sentiment de plénitude, propice à la méditation, et même d’intimité.
La logorrhée ou parler pour combler les vides n’est pas une attitude viable. Elles peuvent cacher une peur, consciente ou non, partagée ou non. Interrogez-vous sur les fondements de cette peur, puis testez, tout simplement, le silence ensemble.
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La métamorphose crapaud
Le conjoint idéal dans la vie quotidienne peut se dévoiler sous un nouveau jour en voyage : le prince charmant ne se révèle pas si charmant que cela, ou la princesse joue la Belle au bois dormant et ne se lève pas de la journée…
Solution
Le voyage, accélérateur relationnel, permet de connaître votre conjoint plus en profondeur et plus rapidement qu’en plusieurs années de vie sédentaire. Certains traits de sa personnalité, qui n’auraient peut-être été visibles que des années plus tard, apparaissent au grand jour.
Voilà pourquoi il est primordial d’échanger au préalable sur ses attentes respectives pour ce projet de voyage, ses doutes et questionnements, et de bien connaître et de bien choisir la personne qui vous accompagne !
En cas de mauvaise découverte sur place, prenez du recul, tentez un échange mature avec votre conjoint… et prenez une décision quant à la poursuite du voyage et de votre relation.
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L’investissement différent
Et je termine avec cette question sensible, que l’on m’a déjà posée plusieurs fois :
Que faire si les deux conjoints s’investissent différemment dans le projet de voyage ?
Comment préparer et voyager ensemble, quand l’un est la locomotive et l’autre le boulet ?Solution
Ce sujet est sans doute le plus épineux de tous, et je suis mal placée pour y répondre, car j’ai la chance d’avoir un conjoint tout aussi passionné de voyage que moi.
Mais si deux conjoints ne partagent pas ce goût, je pense que de grands projets de voyage ensemble (voyage au long cours) sont difficiles à mettre en place et à vivre.
La « locomotive » perdra son élan et doutera parfois sur les routes, ou simplement aura envie de partager son enthousiasme et ne trouvera pas d’écho à ses émotions auprès de son conjoint.
Et le « boulet » aura l’impression de faire sans arrêt des efforts en suivant sa locomotive aux quatre coins du monde, attendant enfin le moment de reposer les sacs et ressortir les pantoufles.Se retrouver lorsque les désirs, goûts et émotions sont aussi différents est un grand challenge. Au couple à trouver un équilibre épanouissant pour chacun des partenaires, et de se réunir autour d’autres goûts et passions.
Un voyageur averti en vaut deux !
Être conscients des risques et difficultés potentiels n’empêche pas de savourer les bons côtés du voyage en couple, au contraire ! Ainsi prévenu, le voyageur en couple peut éviter certains pièges et en dédramatiser d’autres. À mes yeux, il n’existe pas de rivalité entre les différents modes de voyage et donc voyager seul n’est pas mieux que le voyage en couple.
Passer au travers de tout cela, c’est ressortir plus fort, personnellement, mais aussi au niveau de son couple. Car le voyage en couple est plein d’avantages et de vertus pour ceux qui savent les saisir !
MisterMilonguero et moi nous apprêtons à partir en week-end ensemble pour la 1ère fois… je n’ai plus qu’à croiser les doigts pour que ça se passe bien…
De toute façon si ça ne va pas, maintenant t’es briefée ! 😀
Je rigole, mais je suis sûr que tout ira bien 😉
Première expérience ? Avec ce que tu as déjà voyagé, cela aidera sûrement ^^ Tout dépend évidement aussi si MrMilonguero partage ton goût du voyage, ce que je te souhaite de tout coeur : c’est la situation idéale ! 😉
Bon voyage en couple alors, impatiente de lire ton retour à ce sujet 😉
Ce n’était définitivement pas le grand amour avec mon collègue de route sur les trois premiers mois lol.
Tout aussi définitivement, j’aurais appelé ce blog « Deux sacs sur le dos » 🙂
A quand l’Ebook sur le sujet pour offrir aux abonnés à la newsletter ?
Nan mais c’est super lourd d’avoir 2 sacs sur le dos 😉
Salut Bertrand,
pour l’e-book, c’est sur ma liste « idées à creuser » (le problème, c’est qu’il y en a trop, des idées !) – faut que je prenne le temps de penser à tout ça ! ^^
Je vois que tu as eu une expérience de voyage « en couple » d’amis qui t’a laissé un bon souvenir 😉
Effectivement ce n’est pas toujours évident de partir à deux, gérer avec les caractères et les envies de deux personnes. Concessions oui mais attention à ne pas avoir de regrets ! Je n’ai pas encore beaucoup d’expériences à ce sujet mais je sais que c’est une de mes craintes si un jour ça se présente à moi.
Salut Julie,
comme tu le soulignes très justement, des concessions … mais pas trop !
Le risque en allant trop loin, en rajoutant trop d’eau dans son vin … c’est de perdre tout le goût du voyage ! Et boire un breuvage fade en pestant en pensant à ce grand cru à côté duquel on passe, ce n’est pas une solution viable à long terme pour le couple (ni à même à moyen terme je pense).
D’où mon développement en plusieurs points, le premier étant, assez égoïstement, d’être au clair avec ce que l’on désire – indispensable pour pouvoir l’obtenir 😉 – puis seulement voir si ça colle avec les désirs de sa moitié et à défaut, trouver une solution – le compromis étant une des possibilités.
Salut Amandine,
De notre côté, pas d’orage à l’horizon même si je suis un lève tôt couche tôt et Fabienne une lève tard couche tard ;-)… Du coup ça nous donne du temps à chacun pour faire nos petits trucs persos… Je suis aussi plutôt axé sport-rando et Fabienne plage-ballades… Mais comme toujours, le secret c’est de parler, parler et encore parler et de faire des compromis… Le pire qu’il puisse arriver c’est de laisser un malaise se développer sans en parler! là c’est le clash à coup sûr
Salut Benoît,
Tout comme on apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, ce n’est pas à un couple de voyageurs chevronné que je vais expliquer comment trouver un bon équilibre et gérer les difficultés de couple en voyage 😉
Comme tu le dis, le pire, c’est de garder des tensions latentes, qui insidieusement vont prendre de l’ampleur et saper l’ambiance du voyage : communiquer est une des clés principales. J’en reparlerai avec un prochain article dédié aux disputes de couple en voyage.
Je me retrouve bien dans cet article car un peu malgré moi, il y a deja plus de deux ans et demi, je me suis retrouvée a voyager en couple sans même avoir eu le temps d’y penser. Le fait de se rencontrer en voyage a accéléré les choses, et quand mon Californien s’est « invité » pour continuer la route avec moi, j’avoue que j’ai un peu flippé ! Je lui ai dit ok, mais qu’il y aura surement des moments, ou des jours, ou j’aurais besoin d’être seule. En fait il n’y en a jamais eu 😉
Je suis d’accord avec Benoit, le secret c’est vraiment de PARLER ! Puis ensuite d’accepter que même si on est un couple, on est avant tout deux individus séparés, et que le but n’est pas de se fondre l’un dans l’autre mais bien de s’aider mutuellement a s’épanouir. En tout cas, c’est comme ca que j’envisage le couple, que ca soit en voyage ou dans la vie quotidienne !
Contente que cet article ait pu te sembler familier – j’ai pas mal travailler à discuter avec d’autres voyageurs en couple de mon entourage afin d’avoir des retours et ne pas me limiter à ma seule expérience et ma perception personnelle du sujet.
Passer d’un voyage en solo à un voyage en couple sur la route, tu n’es apparemment pas la seule à l’avoir vécu (je pense par exemple à Alizée et Max de Détour Local). Cela change évidemment toute la philosophie du projet et demande des adaptations mutuelles … et beaucoup de communication ! 😉
Tu me rejoins en disant qu’un couple n’est pas une entité fusionnée (que ce soit en voyage et dans la vie sédentaire) : nous ne sommes pas des robots bien synchro ou un être unique – chacun ses besoins, ses envies, ses perceptions …
Cela fait déjà si longtemps que ça avec ton Californien ? Félicitation 😉 Chaque jour est une nouvelle aventure pour le couple, et je trouve que cela est d’autant plus vrai dans une vie nomade, faite de changement et d’adaptations en continu.
Bonne suite en tout cas à toi & au Californien ^^