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Un sac sur le dos Un sac sur le dos
Amandine

Un voyage au long cours se prépare des mois (voire des années) à l’avance. Et pendant ces longs mois d’attente, le cerveau du futur voyageur joue au yoyo avec ses émotions, lui en faisant voir de toutes les couleurs ! Ainsi, le futur voyageur expérimentera 7 phases.

Les 7 phases émotionnelles

  1. L’excitation et l’euphorie

    Je suis le roi du monde !

    Tout est possible, le futur voyageur veut tout voir, devient curieux de tout ce qui ne concerne pas son continent. Comme un enfant, il décompte les dodos avant le départ. Tel un véritable radar à voyage, il ne perd pas une occasion pour parler de son super projet, véritable obsession… De quoi d’autre pourrait-on parler sinon ?

    C’est souvent la toute première des émotions, celle qui submerge quand l’idée de partir naît. Le voyageur en devenir est alors sur-motivé, et souvent pas encore pris au sérieux par son entourage (« Mais oui, tu veux partir. Moi aussi tu sais … »).

  2. L’incrédulité

    Cette phase plonge le futur voyageur dans une sorte d’état second :

    Je n’arrive pas à y croire : dans 1 mois je suis à l’autre bout de la planète !.

    Les sens sont coupés, le cerveau tourne au ralenti et le monde extérieur passe à côté du futur voyageur sans que celui-ci ne se sente concerné. « Je n’y crois pas !… ». Mi-amusé par son audace (« Moi, j’ai osé me lancer, youhou ! »), mi-paniqué par sa fichue audace (« encore elle, et puis d’où elle sort, celle-là ? »), il reste englué dans un état mitigé, et surtout amorti par ce combat interne qui lui prend toutes ses ressources psychiques.

  3. La panique et l’angoisse

    M***  ! Mais qu’est-ce que je fais ?! Ce projet est insensé ! Je n’ai jamais voyagé aussi loin avant, je ne connais pas le pays ni la langue, je n’aurai pas assez d’argent… ?

    Le paniqué est aussi survolté que l’euphorique … et sans doute aussi énervant à la longue !

  4. L’insouciance

    Le futur voyageur fait ici preuve d’excès de confiance. Il est en mode rasta :

    Cool man, no stress.

    Heureux, il ne se préoccupe de rien : la Destinée se chargera de tout ! Pas l’ombre d’un nuage à l’horizon : «On a les billets, et pour le reste, on verra plus tard… ça va être cooool, man !»

  5. Le doute

    Les interrogations du futur voyageur sont à ce stade plus réfléchies. Il se pose des questions existentielles, et tout est nature à lancer un débat philosophique sur la vie, le voyage, le couple, la famille, le travail… :

    Quel sens prend ce voyage dans mon projet de vie ?
    Est-ce que ce n’est pas risqué pour mon couple ?…

  6. Le détachement

    Plus rien n’importe, plus d’émotion dans la petite caboche : le futur voyageur est aux abonnés absents car il attend. Il est au boulot, il attend. Il mange en famille, il attend. Il attend que passe le temps… et qu’arrive enfin, tel un sauveur sortant du brouillard pour le délivrer de sa morne existence, le moment du départ.

  7. L’étrangeté

    Le futur voyageur pourra également par moment se sentir étranger : étranger dans son propre pays, qu’il regarde avec distance, étranger pour ces pays où il rêve d’aller. Étranger aussi à ce mode de vie qui ne lui convient plus et qui lui semble de plus en plus absurde. Tel l’étranger de Camus, le futur voyageur ne fait plus réellement partie de ce monde, auquel pourtant il appartenait avant.

    Il devient étranger à ses proches, famille, collègues… pour qui il n’est plus qu’un être bizarre, en partance. Le futur voyageur est seul et différent, mis en quarantaine sans pour autant être contagieux… Ou peut-être que si, justement, et que cela effraye : le risque encouru est de se mettre à réfléchir, et de remettre en question sa manière de vivre.

    La question du matin n’est plus « Salut, ça va ? », mais

    Alors, les préparatifs, ça avance ? Bientôt parti(e) ?

    Parce qu’avec la «chance» que le voyageur a de pouvoir partir, il ne peut qu’aller bien, assurément…

Le futur voyageur traverse toutes ces étapes à son rythme, tel un petit bateau dérivant en pleine tempête. Parfois ces stades se mélangeront, ou le futur voyageur fera des allers-retours : la progression n’est pas linéaire !

 

Le grain de sel de l’entourage

Et le futur voyageur devra surmonter ces marées émotionnelles tout en essayant de paraître parfaitement maître de lui et confiant dans son projet face à ses proches !

Car son entourage lui demandera sans cesse :

« Tu n’as pas peur ? », « Comment tu vas faire pour l’argent ? », « Tu vas vraiment aller dans un pays tropical avec tes allergies aux insectes ? », « Tu es sûr de ton coup ? », « Et si tu perds tes valises ? »…

Bref, toutes les petites questions qui gravitent dans la tête du futur voyageur… et encore d’autres en bonus !

À chaque phase son style de préparation

Avec toute cette palette d’émotions que le futur voyageur traverse, la préparation du voyage n’en est que plus difficile ! À quel moment aura-t-il l’esprit suffisamment clair et lucide pour se pencher sur toutes les questions qui requièrent son attention ?!

L’euphorique avancera tel un bulldozer, mais minimisera tous les risques et prendra certaines questions par-dessus la jambe « Pas besoin de réserver un hôtel, je trouverai bien une chambre quelque part, et pour la langue, y’aura bien quelqu’un qui parlera français ou anglais dans le coin».

L’angoissé verra ces questions avec un œil beaucoup plus critique – trop critique sans doute –, mais sa panique le rendra à coup sûr inefficace, et tourner en rond ne le fera pas avancer.

Le détaché regardera le monde d’un œil blasé et restera dans son indifférente torpeur.

L’insouciant les regardera tous le sourire aux lèvres, sans bouger le petit orteil : « Pas besoin d’argent ni de matériel adapté, fini le matérialisme ! Je vivrai avec moins, en accord avec la nature… Pas besoin de passeport, je ne suis pas un numéro ! ».

L’incrédule répètera en boucle « j’y crois pas » … mais ne pas y croire ne fera pas avancer le schmilblick non plus !

Seul le voyageur réfléchissant à ses doutes avancera dans sa préparation – bien qu’ici uniquement psychologique – de son voyage . Encore faut-il qu’il ne tombe pas dans un versant dépressif s’il se mélange avec l’angoissé !

Et pour les voyages en couple ?

Préparer un voyage en couple signifie être deux à traverser ces déboires émotionnels. Ce n’est pas toujours simple, les phases ne seront pas traversées de façon synchrone… Et le couple devra tenir la barre lors de ces mois de préparation, pour le meilleur et pour le pire !

Si vous ne l’avez pas encore vue…

Petite vidéo pour rire de toutes ces sautes d’humeur et bizarreries avant un départ en voyage !

 

Et vous, dans quel état êtes-vous avant un (grand) départ en voyage ?

PS : et parce que les émotions, c’est pas qu’au départ, mais aussi au retour, jetez un oeil à la vidéo du syndrome post-returnum et à l’article (plus sérieux) sur la déprime du retour de voyage.

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 1 avis (1/5)

47 réponses à “Avant le départ : l’arc-en-ciel émotionnel”

  1. J’avais écrit un article du genre il y a quelques mois.

    Pour moi, il y a eu la phase d’excitation que j’ai immédiatement interceptée :), on été a deux an et demi du départ.

    6 mois plus tard j’ai commencé les préparatifs, on était encore trop loin du jour J pour commencer à douter.

    M-6 début des vaccins, j’allais annoncé la nouvelle a mon employeur, c’est devenu concret et j’ai commencé à me poser des questions.

    J-3 panique à bord 🙂 J’ai laissé passer et je suis parti quand même bien sûr.

    Le voyage est enrichissant, mais la période qui précède et qui suit aussi.

    Rendez-vous la semaine prochaine pour le bilan post retour 😉

    • C’est sûr que ces phases émotionnelles viennent s’ajouter à la réalité des préparatifs (vaccins, annonces à l’employeur et l’entourage, …), et que les deux s’influencent pour un mélange parfois explosif !

  2. J’avais écrit un article approchant avant mon départ. Avec le recul après 4 mois de route, en te lisant et en me relisant, je me dis qu’on se fait des montagnes de rien finalement … 🙂

    • C’est sûr que l’on aborde pas un premier long voyage comme les voyages suivants. Je réalise tout comme toi qu’avec l’expérience, on se rend compte que tout va bien se passer, même si ce n’est pas comme on l’avait prévu. Une petite touche d’humour, d’autodérision et d’acceptation, et le monde nous semble d’avantage bienveillant ! Préparer un voyage nous en apprend aussi sur nous-même et nous permet d’évoluer ! 😉

  3. Bons voyages à tous – mais que diable pourquoi tant de grandiloquence, quand il ne suffit que pouvoir se payer un bon paquet de travellers checks ?

    Car enfin quoi ? Un chèque, et demain matin je suis à Tahiti, et après demain à Pnom Pen – si je le veux … ou plutot si je peux me le payer – c’est à dire non seulement l’aller, mais aussi le retour, à la maison, sans avoir perdu ni appart, ni boulot.

    Ha, celle ou celui qui se fabrique une coquille de noix, part et traverse l’Atlantique direction les ports de l’Amérique – et qui n’ayant aucune idée ni envie suicidaire sait qui ne possède rien d’autre que son bateau – celle-là ou celui-là, d’accord il peut parler.

    Ceci-dit, partir, en signant des chèques et en sortant sa gold card et avec de toute façon un matelas de sécurité en cas de problème, je n’y vois rien de négatif, j’aime faire le touriste et découvrir le monde.

    Mais de là à présenter la chose comme vivre une aventure digne du héros moderne – y’a une marge qui je trouve est trop souvent dépassée – et qui frise – involontairement j’en suis certain – l’indécence.

    Indécence à s’angoisser alors qu’à moins de chercher les ennuis, partout dans le monde tout est prévu pour le touriste (et je n’ai rien contre le touriste que j’ai été moi-même – simplement je ne me suis pas pris pour un héro, alors je n’avais fait que payer pour un hôtel, un bus, un train ou un avion).

    Indécence vis à vis des gens qui ne peuvent pas se payer de vacances à La Baule, et qui si ils y vont n’auront pas de toute façon le maillot et la serviette à la mode. Indécence de s’amuser à se faire peur avec une « aventure » qui n’en est pas une, et sera peut-être moins violente que pour celui qui prend ses premières vacances et voit la mer pour la première fois.

    Indécence, envers ceux qui meurent en tentant de traverser de l’Afrique à l’Europe, a trois cents sur un bateau qui ne peut contenir que 20 personnes.

    Alors, oui, le monde est merveilleux et c’est une joie de le découvrir et le partager. Et oui, c’est bien d’aller voir ailleurs, de recevoir toutes ces sensations qui nous apprennent tant, qui nous donnent des vraies leçons de vie.

    Mais de grâce – c’est aujourd’hui possible sans y risquer sa vie physique à chaque instant – et c’est possible surtout pour ceux qui peuvent se le permettre (ne pas être SDF au retour).

    Alors Bons vents et bons voyages – milles bonnes choses sur la route – avec ou sans traveller checks – mais si tous les blogs de « Mon Tour du monde » pouvaient éviter ces atermoiement du départ (j’y vais, j’y vais pas, pourquoi, pourquoi pas, et que vont penser mes proches… avant le retour triomphal du/de la héro qui a pris tant d’avions, de bus…) – et font passer de simples moyens financiers pour de la philosophie, et des conséquences pour du choix de vie – oui, parfois ça éviterais ces exagérations qui n’ont pas lieu d’être.

    Je sais qu’il est de bon ton – dans le monde des voyageurs où « tous le monde il est beau, tout il est gentil » (vous connaissez Jean Yanne ?) – de ne balancer que des ondes positives – car et que c’est donc très mal poli de parler d’argent. Promis, je ne le ferais plus.

    Mille pardons – si je ne peux pas me payer de vacances, et encore moins de grandes vacances – je n’ai en aucune façon l’envie de gâcher celles des autres.

    Juste une envie : que ces TourduMondistes arrêtent eux-mêmes d’expliquer combien ce qu’ils/elles peuvent se payer est si dur et difficile à vivre.

    Ph.

    • Bonjour Philippe,

      au début, on a hésité : spam, troll haineux, erreur d’article, erreur de site … ? Puis en lisant ton commentaire jusqu’au bout, on s’est dits que non c’était une « vraie » réponse.

      Je pense pourtant qu’à aucun moment nous faisons l’éloge des « grands aventuriers » que nous sommes (ou pas !). Mais n’oublions pas que nous sommes tous l’aventurier de quelqu’un.

      Peut-être cet article a-t-il mal été compris dans son but initial : Amandine, en tant que psychologue, s’intéresse beaucoup à l’état d’esprit, aux doutes, aux changements d’attitude et de perceptions des choses. C’est avec cette vision-là qu’elle a écrit cet article, et non dans un besoin d’atermoiements. Notre choix à nous est fait, nous sommes ici pour partager des expériences vécues, un des buts principaux de ce blog, et je dirais même que c’est le but principal de tous les blogs toutes catégories confondues.

      Le fait d’avoir de l’argent aide grandement au voyage, mais n’est absolument pas le sujet présenté ici. Les critiques envers « nous les riches qui n’avons qu’à payer » VS « les africains à 300 sur un bateau de 20 passagers » n’ont pas lieu d’être. Nous pouvons sinon en dire de même de vous qui n’avez eu qu’à acheter votre ordinateur et louer une ligne internet pour poster ce message, vous qui, je l’espère, vivez sous un toit confortable bien au chaud et mangez à votre faim.

      Finalement nous n’avons qu’une envie : que ceux qui ont tout arrêtent de critiquer inutilement leurs semblables par plaisir ou par jalousie et sans raison (je ne peux vous inviter à (re)lire l’article).

      • Belle réponse! J’aime votre état d’esprit, et je n’aurais pas répondu mieux (surtout pas aussi calmement…).

      • Merci Dorian ! Ce n’est pas toujours évident de répondre (avec diplomatie ^^) à tous les commentaires ; mais je pense que c’est la manière la plus mature et constructive de le faire 🙂 Et puis, j’aime l’idée que chacun puisse avoir son avis. Nous ne sommes pas obligés de partager tous le même point de vue, c’est ce qu’il y a de constructif dans les échanges … Après, il y a le tact et la manière de partager ses opinions !

      • Je dois bien avouer que je rejoins ce monsieur sur certains points. Il va trop loin sur certaines choses, comme les histoires de fric. C’est pas que les gros riches qui vont voyager. Moi je suis pas blindé aux as. Je sais gérer ma tune, voilà tout.
        J’investis dans des choses utiles, je ne consomme pas pour le plaisir d’acheter des trucs qui vont m’encombrer la vie. Et puis, il y a des choix à faire, moi je n’ai rien à mon nom en ce bas monde: pas de voiture, pas de maison, pas de crédit, pas d’appartement, j’ai littéralement une valise avec mes frigues dedans et ça me convient. Partant de là, c’est bien plus facile de se faire la malle (mauvais jeu de mot intentionnel :)).

        Maintenant, c’est vrai, on trouve de plus en plus de voyageurs qui se font passer pour des super-héros de la vie, tout ça parce qu’ils ont bougé leur derrière pour aller voyager (j’en ai au moins 3 dans mon entourage, c’est dire!). C’est une attitude qui me sort par les yeux. Tu fais rien d’exceptionnel à aller découvrir d’autres pays, t’as pas traversé l’océan à la rame pour y aller non plus! Aujourd’hui, le voyage n’est pas réservé à une élite, loin de là.

        Derrière, il faut dire qu’il y a beaucoup de gens qui encouragent ces comportements en s’émerveillant du moindre rien, d’une pauvre photo facebook d’une plage: ‘continue à nous faire rêver, t’es le meilleur’ – ‘continue à faire ce que nous on peut pas faire’, ou ce genre de débilité. Pfff, comme s’ils pouvaient pas se bouger le cul et que c’était réservé aux autres. Effectivement, avec des réactions comme ça, certains voyageurs montent un peu sur leurs grands escargots et se sentent supérieurs, c’est à moitié concevable.

        Pour en revenir à ton article, je trouve que tu vises juste en très grande partie; je me suis retrouvé là-dedans, tout comme les autres voyageurs que je connais. Donc pas d’inquiétude sur votre attitude et les attaques de ce monsieur…

  4. J’ai ri à haute voix! Et ça, ça n’arrive pas souvent quand je lis un article 😀 Je me reconnais parfaitement dans cette analyse, d’ailleurs je pense avoir dit à un près la même chose de manière beaucoup plus brute haha mais c’est tellement ça… L’euphorie, le doute, l’angoisse, et surtout l’incrédulité…tout y est! Il n’y a pas un Master en psycho du voyageur dans ta fac? Tu devrais soumettre l’idée yaurait de quoi faire :-p

    • Contente de t’avoir fait rire Nena 😉
      Et contente aussi que mes réflexions sur le vécu d’avant voyage parle et correspondent à celui d’autres voyageurs 😉
      Psycho du voyage : je signe tout de suite 😉 Mais non, pas trouvé ça au programme, dommage ! :p
      J’espère qu’on aura l’occasion de se rencontrer pour parler voyage (et autres …) ensemble 😉

  5. Hey Amandine, je viens tout juste de lire ton article et… wouah ! Que de ressemblances avec mon état actuel en effet ! Ça me rassure de voir que je suis loin d’être le seul à me mettre dans des états pareils 🙂

    • Salut Benjamin,
      contente que tu te retrouves dans cet article, c’est sûr que c’est rassurant de voir qu’on est pas le seul à se sentir « détraqué » 😉
      Bon voyage ! ^^

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