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Un sac sur le dos Un sac sur le dos
Amandine

Voyager à travers le monde implique qu’à un moment ou un autre, on se retrouve dans un pays dont on ne connait pas la langue, à moins que l’on ne fasse le tour du monde des pays francophones !

Pour moi, ma première fois, c’est ici et maintenant, au Cambodge. Au-delà du choc culturel, la frontière linguistique est une barrière déconcertante !

Langue étrangère : frustration et perdition

Ne rien comprendre de ce qui se dit autour de soi, voire ne rien pouvoir lire, ne même pas comprendre le langage non verbal, avec ses codes culturels propres au pays : quelle galère !

J’ai par moment ressenti une réelle frustration à ne pas pouvoir communiquer avec les locaux. Certains, travaillant en contact avec les touristes, baragouinent quelques mots d’anglais ou le parlent même parfois mieux que moi. Mais ils restent une exception. Et cela reste en anglais : ni ma langue ni celle du peuple local.

J’ai pourtant tant de choses à leur dire, tant de questions à poser : j’aimerais demander à quoi servent telles constructions, pourquoi ils offrent du coca aux autels dans leurs maisons (et est-ce qu’ils peuvent le boire pour l’esprit qu’ils honorent ?), quel sont ces fruits et comment les mange-t-on, pourquoi les enfants ne sont pas à l’école … Les « pourquoi » et les « comment » ne manquent pas dans un pays culturellement fort différent. Mais ils restent souvent sur le bout de ma langue, à défaut de trouver un interlocuteur capable de me comprendre et d’y répondre.

Jusqu’ici, ayant voyagé principalement en Amérique du Sud, à Québec et en Europe, je connaissais les langues rencontrées, ou les ai apprises (comme l’espagnol), ou encore je pouvais déduire le sens des propos des locaux (en italien par exemple). Mais face à l’Asie, mes racines latines ne me sont d’aucune utilité.

L’anglais, la solution pour voyager ?

La « langue internationale » de nos jours, vectrice de la mondialisation et des échanges planétaires est sans conteste l’anglais.

En Amérique du Sud, j’avais mis un point d’honneur à ne pas parler l’anglais et à faire l’effort d’apprendre l’espagnol pour communiquer avec les locaux (enfin, pas tous, car beaucoup de villageois ne parlent que leur dialecte, tel le quechua, le guarani …). Quelle vexation quand, à ma tirade bredouillante en espagnol, on me répondait en anglais ! Et cela arrivait souvent : ils éprouvaient le même désir de me faire plaisir et de faire étalage de leur connaissance de « ma langue ».

J’étais convaincue que les échanges avec les locaux ne peuvent se faire en profondeur que dans leur langue, et que, surtout pour un voyage au long cours, je pouvais faire l’effort de l’apprendre. Et je reste sur cette position, surtout concernant les langues latines depuis le français : ce n’est pas la mer à boire.

Mais en Asie … Rien que d’apprendre les quelques mots pour entrer en contact (bonjour, merci, au revoir, oui, non …) est un challenge ! Les prononciations et les sons n’ont rien avoir avec nos langues, et si les Khmers sont généralement incapable de prononcer les « s » et les « ch » correctement, je suis bien incapable de prononcer la majorité de leurs sons ! À chacune de mes tentatives, je déclenche des salves de rires (il faut dire, les Cambodgiens rient tout le temps).

Rien à faire, je me résous à passer par l’anglais pour une « communication efficace ».
Malgré tout, l’anglais n’est ni ma langue ni celle de mon interlocuteur : beaucoup de finesses et de complexités de l’échange sont perdues. On va à l’essentiel, on sourit parfois gentiment en hochant la tête, ne comprenant pas le moindre mot de la phrase, soi-disant en anglais, de notre interlocuteur, visiblement passionné par son propos.

L’anglais est donc une solution de survie, mais ne permet pas les mêmes échanges culturels et échanges d’opinions que dans la langue locale.

Par ailleurs, l’anglais n’est pas une solution miracle : lorsque l’on sort des zones touristiques et des grandes villes, on retrouve la difficulté à communiquer sans aucun support linguistique commun.

Conseils pratiques pour voyager quand on ne parle pas 1.001 langues

Les mots passe-partout

Apprenez toujours les mots de base, ne fût-ce que pour saluer et introduire vos propos. Cela fera plaisir à votre interlocuteur qui vous écoutera d’autant plus attentivement.

En plus des classiques (oui, non, bonjour, au revoir, merci, toilettes …) apprenez également quelques chiffres, si possible de 1 à 10 puis les dizaines jusque 50.

En anglais

Si vous trouvez un interlocuteur qui comprend l’anglais : méfiez-vous de ce qu’il comprend réellement. Un « oui » ne signifie pas pour autant que le message soit bien passé !

Communication non verbale : des gestes pour appuyer le verbe

Dans tout échange, même dans sa propre langue, la communication non verbale a une place importante. Par exemple, si la bouche de votre interlocuteur est cachée, vous allez être gêné, car inconsciemment vous vous servez de la lecture labiale pour compléter les informations.

Ainsi, utilisez la communication non verbale pour appuyer votre communication verbale :

De manière générale, renseignez-vous sur la culture du pays, ses us et coutumes :

Les aides visuelles

Pour soutenir la communication, vous pouvez également vous appuyer sur des aides visuelles, comme des images ou pictogrammes.

Il existe plusieurs applications smartphone pour cela. Sinon, à la vieille école : imprimez avant de partir quelques images qui vous semblent importantes pour pouvoir échanger.
C’est ce que j’ai fait avant de partir au Cambodge : souffrant d’une gastrite (pas idéal pour un voyage en Asie !), j’ai avec moi une image de piment, de poivron … Honnêtement, je ne l’ai pas utilisée souvent, les réponses à mes questions (« No spicy, Khmer food no spicy ! ») n’étant pas toujours des plus justes !

Et en plus des images, ayez sur vous l’adresse de votre destination ou résidence du moment, et mieux encore, une carte de visite de l’hôtel : si vous demandez votre chemin pour rentrer ou appelez un taxi/tuk-tuk … elle vous sera d’une grande aide !

Petit conseil supplémentaire : voyager avec un petit carnet. Pensez-bête, il permet également de noter les mots de vocabulaires utiles, les adresses … et de communiquer par papier (dessins et gribouillis), média parfois fort secourable !

Communiquer quand on ne parle pas la langue : toute une aventure !

Voyager dans un pays culturellement très différent et dont on ne maîtrise pas la langue est donc toute une aventure ! Déstabilisant, frustrant, c’est aussi une occasion de sortir de sa zone de confort et de perdre ses repères, de remettre tout en question, face à une culture dont on ne connait rien.

Ne plus pouvoir s’appuyer sur l’oral ni l’écrit, c’est également un équilibre à retrouver et d’autres sens à développer : la communication non verbale et l’observation venant au premier plan.

Et vous, quelles sont vos expériences de voyage dans un pays dont vous ne connaissez pas la langue ? Comment vous êtes-vous débrouillés ?

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55 réponses à “Comment voyager dans un pays dont on ne connait pas la langue ?”

  1. sans aller si loin je suis carrément frustrée en Croatie ! ! ! je suis allée dans beaucoup de pays frontaliers tels l’Espagne, le Portugal, l’Italie etc sans avoir jamais appris ces langues mais toujours pu me débrouiller et « capter » quelques mots ! En Croatie : rien ! j’ai essayé avec un petit lexique et non ! et ces gens sont si gentils que ça m’ennuie !!! bien sur tu vas toujours trouver un commerçant là où c’est « touristique » qui connait 3 mots d’anglais, mais la petite dame qui vend ses broderies parfumées à la lavande le soir au bord du port : rien ! mais pourtant beaucoup de choses sont passées via nos mains et via nos regards ! (moi je me suis demandée plusieurs fois si ça ne pourrait pas être utile de connaitre le langage des signes)

    • Salut Grain de Blé, merci pour ton commentaire ^^

      Tu as raison, même en Europe on peut se retrouver dans cette situation !

      Le langage du corps reste notre premier moyen de contact, cela saute juste d’avantage aux yeux lorsque l’on est en manque de support linguistique.

      Concernant la langue des signes, je peux déjà te donner une piste de réponse, ayant appris (un peu) la Langue des Signes Francophone de Belgique (LSFB). Cela en dit déjà long : la langue des signes (LS), contrairement aux idées reçues, n’est pas universelle : chaque pays (voire chaque région) à la sienne !

      Par contre, apprendre la LS a renforcé mon « intelligence visuelle » : penser visuel, comprendre les messages corporels … Je me suis d’ailleurs nettement améliorée aux jeux de sociétés nécessitant les mimes 😉 !

      Et les sourds qui voyagent avec lesquels j’ai pu échanger sur le sujet me disaient que même si le vocabulaire est différent, la logique reste la même, et que la LS apprend aussi à être souple et s’adapter à son interlocuteur et son contexte. Donc, en mode « débrouille », ils parviennent souvent à communiquer (entre sourds de nationalités et de LS différents), sans doute mieux qu’entre « entendants » étrangers.

  2. Je suis en parfait accord avec ton propos. Mais parler l’anglais, l’espagnol ou le portugais (dans mon cas) n’empêche pas que la communication reste le principal problème du voyageur. J’ai d’ailleurs écrit un article là-dessus il y a quelques temps.

    • Salut Gwendal, merci pour ton commentaire.
      je vois que le sujet t’intéresse également et que tu as aussi pu vivre ce sentiment d’être perdu et démuni dans la communication en langue inconnue.

      Comme toi, je ne suis pas douée pour les langues de base. Le plus gros effort que j’ai fait, c’est apprendre l’espagnol pour mon conjoint, dont la famille maternelle est espagnole. Effort et étrangement, plaisir en même temps (la motivation était toute autre qu’à l’école ! 😉 ) et pour une fois, je me sens à l’aise dans une autre langue que la mienne : un réel plaisir ^^ Bon j’ai encore matière à m’améliorer aussi …

  3. C’est vrai que ça peut être frustrant, lorsqu’on a besoin de communiquer, de ne pas pouvoir le faire. Quand on demande son chemin par exemple…
    Mais tu oublies dans ta liste la langue des signes, le mime et le dessin. Quand il n’y a aucune langue en commun, pas même l’anglais, et que tout un village te pose des questions, il faut faire avec. Et lorsqu’au bout de 15 minutes, tu as réussi à faire passer une idée, c’est une vraie victoire, pour toi et pour ceux qui comprennent. J’ai vécu ça au fin fond du Vietnam, et même si nous ne nous sommes pas dit grand chose en trois heures de temps, nous avons tous passés une soirée mémorable !

    • Salut Mat’, merci pour ton commentaire.
      Concernant la langue des signes, j’ai répondu à ce sujet dans les comm’ à Grain de Blé.
      Et pour le mime, je l’ai inclus dans la communication non verbale mais je ne l’ai pas plus développé, c’est vrai ; et j’ai fait un point également sur le carnet, que j’emporte toujours avec moi en voyage (en tout avec j’essaye 😉 ).

      La langue est une barrière, mais comme tu le soulignes par ton expérience, elle est souvent « surmontable » à travers l’échange « humain », le regard, le sourire, les silences, les dessins et les mimes : tout est communication !
      Et cette soirée au Vietnam a du être unique 😉

  4. Ca me rappel quand j’étais jeune, j’ai passé une semaine en écosse ! Je parlais un anglais plus que moyen, je n’osais meme pratiquement pas prononcer un mot, mais j’ai quand meme réussi a me faire comprendre avec les gestes, puis avec un peu plus d’assurance, j’ai commencé a me lâcher au niveau de la parole et au final ce petit séjour d’une seule semaine m’a ouvert complètement a l’anglais et maintenant a force de regarder films et séries en VO sous titrés, je suis passé au 100% VO ^^
    Je suis loin d’être bilingue quand meme ^^
    Bref il y a toujours moyen de se faire comprendre par les autres meme si l’on ne comprend pas leur langage en faisant un petit effort d’observation et de mémoire pour les mots clés ! ^^

    • Salut Julien, merci pour ton commentaire ^^

      Je partage le premier sentiment que tu as vécu en Ecosse, et ta peur de te lancer pour parler une langue que l’on ne maîtrise pas. Je ne suis pas très douée pour les langues à la base, comme je le disais dans le comm’ précédent, et me lancer en sachant que je vais sortir 1001 bêtises et avoir du mal à formuler mes idées, cela me bloquait pas mal. Donc je comprends ce que tu as pu ressentir en Ecosse 😉

      Heureusement, les gens en face sont souvent très patients et encourageant, et de fil en aiguille, on se décrispe et on se lance.
      Quel plaisir j’ai, comme toi avec l’anglais, à pouvoir lire en espagnol et regarder des films hispanophones en VO. Chaque fois que j’entends cette langue autour de moi à présent, je me sens comme un peu en voyage 😉

      Il est vrai que la mémoire à une place importante dans l’apprentissage de la langue, que ce soit pour réussir à la parler réellement ou simplement pour en baragouiner les quelques mots de base. J’ai une très mauvaise mémoire, et j’essaye de combiner les canaux pour fixer les mots : les lire, les écrire (phonétiquement), les prononcer un maximum, les entendre … Pour ça aussi, l’idée d’emporter un petit carnet en voyage est pratique : il me permet de fixer quelques mots et de revenir les feuilleter au besoin, pour les enregistrer en mémoire (ou en tout cas essayer !).

  5. Très bien tous ces conseils. En ce qui me concerne, je fais beaucoup de petits dessins, j’ai toujours une feuille et un crayon avec moi. Dans la campagne Birmane, c’est souvent le seul moyen de communiquer… en plus, c’est souvent drôle, et comme chacun sait, le sourire est universel !

    • Bonjour Danielle, merci pour ton commentaire et ton retour d’expérience.
      Je pense effectivement que le carnet et le crayon sont de bons outils de communication, partout dans le monde. Moi qui suis nulle aux jeux de dessin genre pictionary, … ça peut être assez drôle effectivement !
      Et le sourire, c’est la première des « clés » pour communiquer 😉

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