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Un sac sur le dos Un sac sur le dos
Amandine

Chaque choix que nous faisons nous fait avancer sur un chemin, zigzaguant d’embranchement en embranchement, comme un train qui s’arrêterait à chaque aiguillage : quelle voie suivre ? Chacun de ces chemins non empruntés représente toutes ces vies que nous n’avons pas choisies. Nos vies parallèles. Virtuelles et pourtant, parfois bien présentes dans notre tête, nos tripes et notre cœur.

Dans des moments de rêveries, j’aime parfois laisser vagabonder mon esprit vers mes vies parallèles…

Toutes mes vies

Je suis là. Je suis bien là. Installée devant ma table de bois brute, un thé au jasmin fumant à côté de moi. Je suis dans mon appartement, de retour dans mon pays et ma vie sédentaire. Je suis là, mais ailleurs en même temps…

Mon esprit s’égare, et je retrouve l’Amandine qui a décidé de rester au Mexique pour ouvrir une maison d’hôtes en bord de plage sur une ile du Yucatan. Ou l’Amandine qui a décidé de réaliser son rêve et de marcher à travers toute la cordillère des Andes. Je vois aussi l’Amandine qui est partie faire un tour du monde à la voile, et celle qui explore actuellement le nord de l’Amérique du Nord dans son minibus aménagé, à la recherche de grands espaces et de paysages sauvages… En traversant le temps et l’espace, j’aperçois l’Amandine expatriée en Thaïlande, en train de passer son brevet pour devenir maitresse de plongée

Toutes ces Amandine ne sont que certaines de ces vies que j’aurais pu avoir « si ». Si je n’étais pas rentrée. Si j’avais décidé de suivre une autre voie… Toutes ces vies alternatives gravitent dans ma tête comme autant de vies qui auraient pu être miennes.

Qui suis-je ?
Toutes mes vies…

L’effet papillon

N’avez-vous jamais rêvé de voyager dans le temps ? De revenir en arrière, annuler une erreur, faire un autre choix, emprunter un second chemin.

Et si je n’avais pas fait ceci…

Et si je n’étais pas partie là-bas…

Et si je ne l’avais pas rencontré…

Et si, et si… L’on a beau voir des films catastrophes sur le voyage dans le temps et la réparation de nos erreurs passées, l’on aime parfois se perdre dans cette pensée nostalgique teintée de culpabilité. Et si.

Oui, faire des choix, c’est parfois difficile. Souvent même, pour moi.
Oui, parfois, l’on aimerait ne pas avoir à faire certains choix ou annuler une décision prise…

Mais finalement, le plus difficile n’est sans doute pas de prendre des choix, mais de les assumer.
De dépasser le regret. Transcender la nostalgie. Effacer la culpabilité.

La politique zéro regret est une utopie à mes yeux. Mais c’est un cap qui me permet de garder la direction à suivre pour ma boussole intérieure. Pour espérer approcher un jour la plus grande satisfaction que je connaisse. La paix intérieure.

voyage, âge
Rêver à toutes ses vies parallèles…

À mes vies parallèles

Ce n’est pas « à mes actes manqués » que je dédie cet article… Quoique…

À tous mes loupés, mes ratés, mes vrais soleils

Tous les chemins qui me sont passés à côté

À tous mes bateaux manqués, mes mauvais sommeils

À tous ceux que je n’ai pas été

Si Jean-Jacques Goldman chante ses actes manqués, je préfère parler d’actes non choisis. L’image derrière est loin d’être la même. Dans un cas, on subit une vie toute tracée sans avoir dérogé à un cap unique, sans jamais oser. Dans l’autre, on se positionne comme acteur de sa vie.

À tout ce qui nous arrive enfin, mais trop tard

À tous les masques qu’il aura fallu porter

À nos faiblesses, à nos oublis, nos désespoirs

Aux peurs impossibles à changer

(Jean-Jacques Goldman)

J’aime nous considérer plutôt au centre de notre propre chemin. Et si certain·e·s pensent que le chemin est déjà écrit et tout tracé, j’aime alors le penser écrit dans le sable plutôt que dans la pierre. Car peu de choses nous sont réellement imposées. Peu de choses sont réellement impossibles.

Et peu de choses sont réellement irréversibles.

Oui, cela fait peur. Changer. Accepter que l’on se soit trompé. Prendre une autre voie. Faire demi-tour ou prendre le temps de tourner en rond avant de se lancer dans « la bonne » direction…

Quand un homme marche vers son destin, il est bien souvent forcé de changer de direction. (Paulo Coelho)

Mais finalement, c’est sans doute cela le problème tout autant que la solution : il n’y a peut-être pas de bonne direction.

Il y a une infinité de chemins devant nous, et aucun n’est le bon. Et donc aucun n’est le mauvais. Mais nous avons tendance à rendre « duelle » notre réalité et notre vie. Nous réduisons notre vision souvent à deux, voire trois voies possibles. Un choix devant une intersection où deux routes s’offrent à nous. Et pourtant, nous sommes encerclé·e·s de sentiers de tous les côtés.

Il est vain de penser sans cesse le pour et le contre ; se tromper de temps à autre fait partie de la condition humaine. (Friedrich Nietzsche)

Et s’il n’y avait pas un bon chemin ?

La dichotomie du bien et du mal

Sans doute est-ce dû à notre tradition judéo-chrétienne. Sans doute est-ce une part de notre culture et façon de penser… Mais avez-vous déjà remarqué à quel point nous manquons de nuances ?

C’est oui ou non. Blanc ou noir. Gentil ou méchant. Bon ou mauvais.

Ne peut-on pas trouver d’autres façons de décrire notre réalité… et donc d’autres façons de la vivre ? Car, hormis au cinéma et dans nos contes de fées, il existe peu de « vrai·e·s méchant·e·s » et de « parfait·e·s gentil·le·s ». L’obscurité est rarement totale et le blanc souvent teinté d’infimes nuances…

De la même manière, nous devrions essayer de nous percevoir comme des êtres pleins de nuances… et de ressources. Nous ne sommes pas « nul·le·s en math », « bon·ne·s en lecture », « nul·le·s en gymnastique », « bon·ne·s en cuisine ». Nous avons toujours des préférences, mais, quel que soit le domaine, nos (in) compétences sont riches en nuances.

Nuances et prudence

Moi qui parle de nuances, j’aimerais apporter également quelques coups de couleurs pastels à mon affirmation qu’il n’existe sans doute aucun bon ni aucun mauvais chemin.

S’il n’existe rarement qu’une seule bonne direction à emprunter, il existe parfois des chemins qu’il faut quitter au plus vite. Car ils nous sont nocifs, nuisibles. Ils nous enferment. Nous rapetissent. Nous font douter de nous et du monde.

À l’inverse des chemins bons pour nous, qui nous grandissent, nous font relever la tête et croire que l’avenir peut être plein de belles et bonnes choses. Qui nous font espérer. Qui nous donnent confiance en nous en nos compétences pour atteindre nos rêves et réaliser nos objectifs.

Ces mauvais chemins, il nous arrive à tous d’en emprunter. Certains sont nocifs par essence même : ceux où nous sommes physiquement ou psychologiquement malmenés, menacés, violentés… par une relation amoureuse, familiale, professionnelle…

Mais il existe d’autres chemins qui nous tuent à petit feu, de manière plus discrète, mais tout aussi nocive sur le long terme. Ce sont souvent des chemins empruntés pour faire plaisir à d’autres. Des choix que nous n’avons pas pris nous-mêmes ou pour nous-mêmes.

Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n’est pas impossible que tout le monde ait tort. (Gandhi)

Et pour cette deuxième catégorie de mauvais choix, personne à part nous ne peut en comprendre la nocivité et la dangerosité. Personne. C’est à nous d’ouvrir nos yeux, ou plutôt d’ouvrir notre cœur. S’écouter pour mieux se respecter.

Il faut lutter pour ses rêves, mais il faut savoir également que quand certains chemins se révèlent impossibles, mieux vaut garder son énergie pour parcourir d’autres routes. (Paulo Coelho)

Analyser ses vies parallèles pour trouver sa voie

Se reconnecter à ces vies parallèles, c’est reprendre contact avec nous-mêmes, notre personnalité, notre histoire, notre parcours… et surtout notre potentiel. Nous avons plus de ressources que nous nous accordons souvent à le croire.

Personne n’aime demander beaucoup à la vie, parce qu’il a peur de l’échec. (Paulo Coelho)

Je ne suis pas pessimiste de nature, mais j’ai développé une certaine prudence dans mes souhaits en grandissant. Ne pas trop en demander pour éviter d’être déçue. Par moi-même. Les autres. La vie. « Mieux vaut miser petit pour récupérer sa mise »…

Mais à miser petit, on en vient à mener une petite vie. On évite d’espérer ou de rêver « trop grand ». On se retrouve alors rapetissé·e dans une vie étriquée.

Et ce chemin-là, j’ai décidé qu’il n’était pas bon pour moi.

Depuis je rêve. Je rêve de grands espaces. Je rêve de nature et de paysages à couper le souffle. Je rêve d’admirer des couchers de soleil aux quatre coins du globe, de vivre des aventures, de découvrir d’autres cultures, de m’ouvrir à de nouvelles façons de vivre…

Hier, en regardant un film avec François, mon esprit s’égarait tout en voyant défiler des images de vol en hélicoptère au-dessus de l’océan, suivi par une plongée dans une épave de navire… Et je me suis dit « j’aimerais bien faire cela ». Et j’ai réalisé : « mais je peux le faire ! ». Une petite voix en moi me disait que rien ne m’en empêchait. Si j’avais déjà pu plonger dans des épaves de bateau aux Galapagos ou voler en hélicoptère au-dessus des temples au Cambodge, pourquoi pas ?

Pourquoi pas !

Et là, j’ai réalisé ma chance. Ma véritable chance. Je n’ai pas de la chance de pouvoir voyager. J’ai la chance de croire (et de savoir) que c’est possible.

Rêver à ses vies parallèles est riche d’enseignement. Lorsque l’on se visualise dans telle position, par exemple à l’autre bout du monde, l’on ressent une immense joie nous inonder. On rayonne de bonheur. Ce sentiment est un indicateur : c’est cette vie-là, pour l’instant vie « parallèle », qui est celle que je souhaite vivre. Et c’est celle-là que je vais choisir !

Tant de chemins devant nous à explorer

C’est une chose de penser que l’on est sur le bon chemin, une autre de croire que ce chemin est le seul. (Paolo Coelho)

Plusieurs vies dans une vie

Finalement, toutes ces vies parallèles, toutes ces vies qui ne sont pas les miennes… elles ne sont virtuelles qu’au présent. Actuellement, je n’ai pas fait ces choix-là… Du moins pas encore.

Le mot « encore » a ici toute son importance.

Mon père aimait beaucoup ce mot. Quand je disais que je n’arrivais pas à faire tel exercice pour l’école, à monter en haut d’un arbre ou à finir mon assiette de brocolis parce que je n’aimais pas, il me répondait inlassablement : « Pas encore ». Tu n’arrives pas encore à faire cet exercice, mais je suis sûr que tu vas y arriver. Tu n’arrives pas encore à atteindre la cime de cet arbre, mais tu l’atteindras un jour. Tu n’aimes pas encore les brocolis, mais en grandissant, qui sait… ?

Ce petit mot ouvre l’univers des possibles. Avec « encore », rien n’est définitif.
(Eh oui, j’ai terminé cet exercice de mathématique toute seule, grimpé dans de nombreux arbres… et j’aime les brocolis !)

De la même manière, les choix que j’ai décidé de faire, les chemins que j’ai empruntés et ceux que j’ai délaissés : ce sont mes choix passés et actuels. Qui sait ce que je déciderai dans le futur ? Je me retrouverai peut-être devant l’un des carrefours auquel j’ai déjà été confrontée et je déciderai que cette fois, ce sera une autre voie. Un autre projet. Un autre rêve.

Nos chemins sont rarement aussi linéaires et fermés que nous le pensons. Nous avons plusieurs vies dans une vie.

Ils ont peur de réaliser leurs plus grands rêves, parce qu’ils croient ne pas mériter d’y arriver, ou ne pas pouvoir y parvenir. (Paulo Coelho)

À ma vie d’aujourd’hui

Les choix que nous prenons nous font voyager dans le temps. Revenir sur ses choix passés, investir dans notre futur…

Mais, il est bon aussi de revenir à notre cher présent. Le parent pauvre, le délaissé. Celui pour qui nous n’avons jamais de temps.
Finalement, c’est sans doute celui-là, le plus fondamental de tous nos choix : décider d’être nous-mêmes, en paix dans notre présent… et tout simplement heureux·ses.

Un des plus beaux voyages qu’il est possible de faire, c’est de s’abandonner à l’éternité d’un instant, en prenant le temps d’être davantage soi-même. (Jacques Salomé)

Parapente, Paracas, pérou
S’envoler vers sa vie parallèle, sa vie de rêve

Et vous, à quelle vie parallèle rêvez-vous ?

MAJ 2018 : nous avons sorti notre premier film, « Une autre vie« , une oeuvre mixte, avec entre autres un gout pour ce rêve de vies parallèles.

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 1 avis (5/5)

50 réponses à “À nos vies parallèles ”

  1. Bonjour Amandine,
    Tout d’abord je te souhaite plein de bonheur pour 2016, des voyages, des rencontres, la santé – et des rêves.
    Tes articles me font souvent quelque chose, presque pleurer. Je t’admire pour pouvoir faire passer tes sentiments personnels si pudiquement.
    Tu es donc rentrée ? Je suis sûre que tu trouveras ta vie qui rejoint le parallèle avec le vrai. En tous les cas, c’est ce que je te souhaite.

    • Bonsoir Martina, merci beaucoup pour ton message, je suis très touchée.
      Eh oui, nous sommes rentrés (en tout cas physiquement, j’avoue que mon esprit s’égare souvent encore ^^), mais notre regard est tourné vers l’avenir : « quelle vie parallèle allons-nous choisir ? » 😉

  2. Mais quelle sagesse qu’il avait ton père ! Je pense que je vais l’adopter. Pas encore. C’est vrai que ça l’ouvre à tous les possibles. Et quoi de plus génial que justement de croire que tout est possible. Je doute pas une seconde que tu feras de l’hélicoptère au dessus de l’océan et que tu feras de nouveau de la plongée dans une épave. Comme je disais si bien dans mon message d’heureuse année, le tableau de la prochaine année en encore blanc, vierge. À nous de le modeler à notre image et de faire en sorte que ces 366 jours soient des jours heureux. A chacun de choisir la voie qui lui plait sur le moment et si c’est pas pour aujourd’hui, il y a toujours la possibilité du demain. « Pas Encore, mais ça viendra 🙂 »

    • Merci beaucoup Rachel pour ton message. Oui, mon papa était un grand sage ! ^^ Ce « pas encore » me permet au quotidien d’avoir un regard sur le monde ouvert et patient à la fois.

      Je te souhaite de dessiner de belles choses colorées et pétillantes sur ton tableau blanc de 2016 😉

  3. En lisant ces lignes, je me retrouve dedans et ça me réconforte! Mon esprit actuel est rempli de futurs voyages, mais mon corps est actuellement « coince » en France pour raison financière. Je sais que je reprendrai mon passeport prochainement, mais que je dois patienter et rêver de mes voyages ! J’ai la chance d’avoir beaucoup voyagé depuis mon enfance ; mes voyages sont ma force et je sais pertinemment que ça m’arrivera encore! Il faut croire en son parcours et malgré les difficultés que l’on peut rencontrer, il faut s’armer de patience pour découvrir à nouveau le monde !

    • Merci Mica pour ton commentaire, ravie de savoir que tu as pu trouver un peu de réconfort dans cet article 🙂

      J’aime l’énergie positive qui se dégage de tes mots : « croire en son parcours », c’est aussi croire en soi et en croire en la vie !

      Je te souhaite de tout cœur d’arriver à réaliser tes rêves de voyage !

  4. Bonjour Amandine,

    Waouh quel article. Avant tout je te souhaite à François et à toi, une heureuse année 2016 et peut-être plus de vies parallèles ?
    En lisant ton article, une réflexion m’est venue. Penses-tu qu’une personne qui n’a pas de vie parallèle ou qui n’en recherche pas, est une personne qui a un problème ? Tu as peut-être déjà traité ce type de sujet en psychologie ? 🙂
    Merci d’apporter ton avis

    • Salut Rattana, ton message m’a fait sourire 😉
      Il n’est pas question de normalité ici, juste de rêveries et de réflexions personnelles… Il n’y a donc aucune obligation à avoir/vouloir des vies parallèles, comme il n’existe aucune obligation de « rêves minimum » en une nuit ^^

      J’aime l’idée qu’on puisse vivre plusieurs vies dans une vie, se lancer sur différents chemins, vivre plein d’aventures différentes…

      Mais à chacun ses envies et ses besoins ! Si l’on se sent bien dans sa vie et qu’on ne désire pas en changer ou en vivre « une autre », je ne vois aucun mal à cela !

      Mais ceci n’est que l’avis d’une voyageuse un peu trop rêveuse 🙂

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