La Bucket List a fait beaucoup couler d’encre. Adorée au début, puis oubliée et passée de mode, elle est maintenant souvent décriée. Pourquoi une telle polémique de la Bucket List a-t-elle émergé ? Quels sont les arguments (pour et contre) la Bucket List ?
C’est tout cela que je vais essayer de mettre au clair dans cet article, en partant de ma propre expérience…
Pour ou contre la Bucket List ?
J’ai découvert le concept de Bucket List avec le film du même nom (Sans plus attendre en français) il y a 7 ans déjà. Ce film, que je vous conseille vivement, m’a énormément touchée. Il raconte l’histoire de deux hommes que tout oppose dans la vie, mis à part un « détail » : ils souffrent tous deux d’une maladie au pronostic fatal.
Que faire lorsque l’on a plus que quelques mois devant soi ?
Alors que l’un se replie sur lui-même et l’inutilité de sa vie, l’autre commence à dresser une liste de ce qu’il aimerait encore faire avant de mourir. Et c’est ainsi que débute une belle expérience.
Le message est avant tout celui de l’espoir. Et de la « responsabilisation » : nous sommes responsables de nos vies. À nous d’y mettre du sens. À nous d’oser avoir des rêves et de les réaliser.
La première fois que j’ai vu ce film, il arrivait à un moment difficile de ma vie, un peu en avance sur ma capacité à l’accueillir. Je me souviens : j’étais dans mon salon, les yeux en larme. Mon père à l’hôpital, rongé par son cancer… J’ai revu le film plusieurs fois depuis, et je reste toujours aussi sensible à son propos, toujours aussi touchée par son message. Pour moi, c’est tout cela que représente la Bucket List.
Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Avec le temps, ce principe qui avait été encensé à ces débuts est devenu objet de railleries. On pourrait réduire le débat à deux clans qui s’opposent : les pro- et les anti- Bucket List.
Voici donc les 5 arguments principaux de ces deux équipes.
Les 5 « contre »
En lisant différents articles, en échangeant avec d’autres voyageurs… voici les 5 arguments contre la Bucket List que j’ai le plus souvent retrouvés.
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Les Bucket List, c’est cliché !
Trop vu et revu. Has-been. Démodé. Un effet de mode.
Tout le monde en fait une : quel sens est-ce que cela a encore ? -
Les Bucket List, c’est de la surconsommation
Surconsommation et consommation de masse : mangez des paysages, mangez des monuments, mangez des vestiges… tout doit disparaitre !
C’est d’ailleurs une notion souvent présente dans les Bucket List : y aller avant que cela ne disparaisse ou avant que cela ne devienne trop touristique et perde son âme… Précipitant là même le désastre redouté. Tout un paradoxe.
Surconsommation et collection : on ajoute un Machu Picchu par ici, un désert d’Uyuni par là, et un peu de Pétra… où il sera de bon ton de se prendre un égoportrait pour l’ajouter à sa collection.
Comme dirait Stromae dans Carmen :
C’est comme ça qu’on s’aime, s’aime, s’aime
c’est comme ça qu’on (con) somme, somme, somme… -
Les Bucket List, c’est toutes les mêmes !
Toutes les Bucket List se ressemblent : elles sont principalement faites de lieux ultraconnus et ultratouristiques qui en perdent leur aura pour ne devenir que des « To do ». Tout le monde voit les mêmes choses ! Faire une Bucket List, c’est enlever l’intimité du voyage. Angkor ou le Machu Picchu ne deviendraient que des images standardisées, vues mille fois, qui ne nous provoqueraient plus d’émotion, ni avant ni pendant le voyage. Et à l’inverse, certaines destinations encore préservées du tourisme de masse deviendraient à la mode, car vues comme « alternatives » aux destinations des Bucket List classiques. Se démarquer, c’est tendance :
Je ne suis pas un simple touriste, je suis un voyageur en quête de terres inconnues et de civilisations préservées.
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Les Bucket List, c’est rien qu’une liste de rêves
À quoi ça sert une Bucket List ? À rêver ? Mais à quoi ça sert de rêver ?
La Bucket List n’a rien de concret et ces rêveries légères ne sont que des fantasmes passagers qui ne font en rien avancer la personne vers la réalisation de ses objectifs de vie. -
Les Bucket List, ça casse la magie
Avoir des rêves, on peut concevoir. Mais les lister ? À quoi bon !
Transformer ses rêves en une une liste de course à barrer, c’est casser l’imaginaire, briser l’aura féerique des rêves et empêcher la spontanéité de leur réalisation. C’est un retour au concret, au monde réel brut, froid et organisé : tout doit être catégorisé et rangé dans la bonne petite boite.
Les 5 « pour »
Après les arguments contre les Bucket List, voici des arguments, très personnels : ce que représente la Bucket List pour moi.
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La Bucket List est une voie de réflexion
La Bucket List est loin d’être une liste de course. C’est une invitation à une profonde réflexion sur soi, sa vie et ses attentes. À travers la Bucket List, on se pose des questions comme :
Qu’est-ce qui est important dans ma vie ?
Comment être heureux ?
Comment me réaliser ?Pour moi, la Bucket List est une porte à ouvrir pour trouver les sens de sa vie, vivre en accord avec ses valeurs et se recentrer sur l’essentiel.
Lire l’article : Trouver les sens de sa vie avec la Bucket List -
La Bucket List est un outil
Porte de réflexion, mais aussi outil : la Bucket List est tout cela à la fois. Cet outil est utile à différents moments de notre vie :
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Pour faire le point
Qu’est-ce que j’attends de ma vie ? Qu’est-ce que c’est pour moi une vie heureuse ? À la fin de ma vie, quelle image aimerais-je avoir de moi et de mon existence ?
La Bucket List permet ainsi de mettre en avant nos priorités de vie, et de les prioriser entre elles. -
Pour être acteur de sa vie
À travers cette liste de rêves, nous ne sommes plus passifs, mais actifs : nous n’attendons plus la chance, nous la provoquons. Car comment réaliser ses rêves si on ne les connait pas ?
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Pour se réaliser
Qu’est-ce que c’est que le sentiment de réalisation, si ce n’est cette satisfaction à se sentir devenir un peu plus « soi-même » ? En réalisant les rêves de notre liste, c’est exactement le chemin que nous empruntons : celui vers notre moi idéal.
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Pour garder le cap
Difficile de savoir toujours où l’on va et pourquoi. Parfois, on se sent perdu. On ne trouve plus de but à sa vie. La Bucket List devient alors un lien tangible pour retrouver son cap et ne pas s’éloigner de ce qui nous importe vraiment. Nos rêves les plus essentiels.
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La Bucket List est une promesse
Conscientiser ses rêves. OK
Les lister. OK
Les ordonner. OK
Mais après ?Après, c’est là que le jeu commence réellement. Après, c’est à nous de jouer. À nous de les réaliser.
À mes yeux, les points d’une Bucket List se transforment et passent, dès l’instant où ils sont couchés sur le papier, du statut de rêve à celui de projet. Nous n’avons donc plus face à nous une liste de rêves abstraits qui gravitent dans notre esprit, mais une liste concrète de projets à réaliser. La Bucket List est une promesse de soi à soi. Une promesse de réaliser tous ses projets. Avec la vie devant soi.
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La Bucket List est personnelle
À mes yeux, la Bucket List est profondément intime. Peut-être l’une des choses les plus intimes qui soient : l’essence de sa vie révélée. Une promesse à soi-même…
La Bucket List est personnelle à double titre : dans sa confection tout autant que dans sa réalisation. Car chaque Bucket List est différente ne fut-ce que par les images inconscientes qui se cachent dans nos têtes derrière chacun de nos rêves.
Si plusieurs personnes rêvent du Machu Picchu, chaque personne aura son rapport particulier à ce rêve et ses propres images mentales de la célèbre cité inca : pour certains cela s’accompagnera de rêveries d’enfant et de musique des Mystérieuses Cités d’Or, pour d’autre cela sera lié à des rencontres inspirantes, à leur parcours professionnel…
Non, une Bucket List, une vraie qui vient du cœur, est toujours unique.
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La Bucket List est en mouvance
À l’instar de notre vie, la Bucket List n’est pas figée : elle évolue à notre image. Elle peut être complétée, améliorée, voire transformée. Car cela ne sert à rien de s’emprisonner dans des promesses personnelles qui ne sont plus porteuses de sens. J’aime le regard de Corinne de Vie Nomade à ce sujet :
Cette liste de choses à faire avant de mourir n’est pas figée : elle s’enrichit régulièrement de nouveaux rêves, de choses accomplies un peu incroyables. Elle s’allège aussi parfois, de trucs qui ne bottent ma foi plus tant que ça.
Par son côté évolutif, la Bucket List permet également d’avoir une image de nous et de nos rêves figée dans le temps. Imaginez-vous, dix ans plus tard, retomber sur la liste de vos rêves. Au-delà du petit moment nostalgie, cela vous amènera surement à penser au chemin que vous avez parcouru, aux rêves que vous avez réalisés, ceux à côté desquels vous êtes passés à côté et ceux qui ne vous attirent plus du tout. L’idéal serait sans doute de se créer plusieurs Bucket List, en gardant chaque version et en les datant, pour ne pas perdre la trace de notre évolution…
La Bucket List en couple
La Bucket List est donc tout à la fois une voie de réflexion et un outil, une promesse personnelle et une image de nous figée dans le temps. Mais elle peut également être tout cela pour le couple ou la famille.
Si on l’utilise généralement à titre personnel, il est très intéressant de l’envisager également à deux. Comme un projet de vie commune. Car oui, réaliser une Bucket List en couple, c’est possible.
Pour ou contre la Bucket List : un vrai débat ?
À mon sens, il n’y a pas de vrai débat. Il y a ceux à qui le concept de Bucket List parle, et les autres. Ceux qui le considèrent comme un outil de développement personnel et ceux qui le voient comme une liste de course.
La Bucket List peut être un outil puissant. Elle peut.
Tout dépend de nous !
La Bucket List peut être tellement plus d’une liste de choses à faire. C’est une liste d’expériences à vivre. Une liste de valeurs à appliquer. Une liste de réalisations à accomplir. Les opposants parlent plus facilement des Bucket List, les mettant toutes dans le même panier. Je préfère en parler au singulier : car elles sont toutes uniques et singulières.
La Bucket List est donc un outil de réalisation personnelle à utiliser comme tel : un outil ! Pas une vérité absolue, pas une secte, pas une liste de course… Un outil. À nous de le façonner à notre image et de le manier avec intelligence.
« L’avenir appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves. »
Eleanor Roosevelt
Et vous, que pensez-vous du concept de Bucket List ? Avez-vous déjà essayé d’écrire la vôtre ?
Ben tiens je ne savais même pas qu’il y avait des « anti-bucket list » !
Je suis assez d’accord sur le fait que le débat n’a pas lieu d’être, ça nous parle ou non, point.
Cependant j’avoue que quelques arguments « contre » m’ont quelque peu hérissé le poil mais je pense que c’était un peu fait exprès. Notamment se démarquer juste pour se démarquer… Tu veux faire le touriste devant tel ou tel monument célèbre ? Pourquoi t’en priver ? Ce qui compte c’est de découvrir ce qui nous appelle le plus, et non l’image de nous que ça renverra… (Et là je me retiens de faire mon vieux c*n en lançant des « fichue génération insta 2.0 » hahaha!)
De plus la perception de la découverte d’un monument/lieu est toujours extrêmement personnelle à mon sens. Par exemple je suis convaincu que quand je découvrirai Petra je ne ressentirais pas du tout la même chose que mon voisin et inversement ! Notre vécu, nos souvenirs, notre sensibilité ainsi que les années d’anticipation de la découverte jouent un rôle primordial dans les sensations que nous pouvons avoir devant un point d’intérêt touristique. Pour preuve chaque blog voyage est différent, même lorsqu’ils parlent d’une même destination…
Bon je m’arrête là car je sais que je prêche des convaincus ici 😉
Sur ce je retourne à ma « never-ending-bucket-list » 😀
Bonne journée et au plaisir de vous relire vite!
J’adore ton message Séb ! 😉
Et, plus que tout, j’adore ton expression « never-ending-bucket-list » ! 😀
Merci pour ton commentaire, riche en ondes positives, nuances et sensibilité : j’aime !
L’idée de cet article m’est venu en voyage, il y a quelques mois de cela, devant une vague d’articles à l’encontre de la Bucket List (j’en ai vu tourner 3-4 en une semaine, principalement en anglais mais aussi en français). Je me suis dit que c’était la nouvelle mode, être contre (encore une histoire de « démarcation » sans doute en partie pour certains…). Pour certains de ses opposants, les critiques vont plus loin que juste « critiquer pour critiquer ». On sent une réflexion et un réel positionnement.
Comme je le dis dans l’article, la Bucket List est un concept qui me parle… mais je peux concevoir qu’il ne parle pas à tous ! J’avais surtout envie d’ouvrir le dialogue et de reprendre certaines des idées préconçues sur ce bel outil.
PS: je ne t’oublie pas avec ton commentaire sur l’article des dessins animés ^^ Je vais prendre le temps de te répondre (mais je suis justement en train de découvrir de nouveaux mangas… donc je te ferai un topo tout bientôt 😉 !).
Ah ben je ferais une petite recherche sur le sujet du coup ! Histoire de mieux comprendre leur position. Je sens que je vais allez poster de looooongs commentaires à droite à gauche avec cette histoire hihihi !!
Cool pour les dessins animés, je vais avoir pleins de nouvelles choses à regarder alors 😛 Merci =)
Votre article est super. Merci. Je suis pour la bucket list (j’ai toujours fait des millions de listes mais pas ma bucket list). Je trouve que ça à du sens, je pense que j’aurais les mêmes arguments que vous.
Et le commentaire de Seb est excellent, j’adore, je le cite, l’idée d’avoir ma « Never Ending Bucket List».
Merci Magali pour ce commentaire si positif ! 🙂
J’ai vu ce débat sur un autre blog, je trouve ça tellement dommage le débat « c’est cliché », « c’est de la surconsommation ». Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai vu le Taj Mahal pourtant oui je l’avais vu mille fois en photos avant et oui c’est un monument très touristique mais c’était sur ma « liste » des choses à voir en Inde. Mais le découvrir à l’aube…ce fut tout simplement magique ! Je continue toujours à faire des listes, à essayer de me faire rêver, je pense que pour certaines personnes c’est important de le formaliser de cette manière.
Bonjour Daïnah, merci pour ton message.
Comme toi, j’ai découvert ce « discours anti-bucket-list » via d’autres sites et blogs (principalement anglophones, mais aussi quelques francophones), et j’en ai été assez étonnée. Je ne m’étais pas imaginé qu’on puisse être « contre » ce genre de concept…
Merci pour ton beau témoignage. Je pense également qu’un rêve, même s’il concerne un lieu touristique connu, reste un rêve personnel, tout comme sa réalisation. En tout cas ton expérience au Taj Mahal fait rêver ! ^^
Comme toi, j’aime rêver et garder mes rêves proches de moi, les avoir quelque part tout près et prêts à être réalisés ! 😉
Bonjour et merci pour cet article.
Mon mari et moi sommes en Tour Du Monde depuis quelques mois et avons une bucket list… Sauf que cette bucket list a été faite avant le départ et n’a jamais était consulté depuis qu’on voyage. En effet, nous avons appris à laisser le voyage nous apporter ce qu’il a à nous offrir… Au fil du temps nous avons surement découvert des choses de notre bucket list mais nous avons surtout découvert d’autres merveilles dont on ne connaissait même pas l’existence… Une bucket list c’est bien mais il ne faut pas tout prévoir dans un voyage car il faut laisser l’imprévu nous surprendre.
Bonjour Amine, merci pour ton message.
C’est marrant, je n’y avais jamais réfléchi, mais c’est vrai que ma Bucket List, je l’écris et j’y pense avant (ou entre) mes voyages… et rarement pendant ! La Bucket List vient jouer un rôle d’anticipation (avant le voyage) et de bilan (après).
Comme vous, nous aimons nous laisser porter par le hasard des rencontres et les envies spontanées… Et en même temps, cette façon de voyager n’est pas en contradiction avec la réalisation de rêves : ce sont des approches très complémentaires 😉
Je trouve le concept de bucket list assez occidental. Avoir des rêves et vouloir les accomplir à titre perso, ca peut paraitre très égoiste dans un monde en perdition.
Pourtant, tout le monde a des rêves, et je trouve important que de les noter et d’essayer de les réaliser. Savoir ce qu’on veut dans la vie, c’est le meilleur moyen d’y parvenir.
Bonjour Rémi, merci pour ta réflexion sociologique : ramener le concept dans son contexte. Oui, étant occidentale, j’ai mes repères, mes façons de penser, d’envisager la vie et la mort… qui sont conditionnés par la société dans laquelle je m’inscris. C’est toujours bon de faire un pas de côté et de réaliser que notre façon de penser n’est pas la seule.
« Se regarder le nombril » est souvent un tort reproché aux courants de développement personnel. Tout en comprenant ce qu’il y a derrière ce point de vue, je pense que la réalisation personnelle est également d’intérêt public : des citoyens accomplis et en phase avec eux même le seront davantage avec leur société et le monde (en tout cas j’aime le penser ^^).
Chacun, nous avons à « affronter la vie »… ce qui commence souvent par lui donner une direction, un but, un sens… À chacun à le trouver où et comme il peut : certains se raccrocheront à des croyances/religions/philosophie…, d’autres dans des oeuvres/travail… À chacun son chemin et sa manière de cheminer. 🙂