Et c’est reparti pour mes carnets d’Antarctique ! Rapide rappel : après avoir glissé entre les fiords de Patagonie chilienne, posé les pieds sur l’ile Horn et traversé le Passage de Drake, atteint les premières iles de l’Antarctique… nous poursuivons notre navigation en terre polaire.
Plan D, histoire de marins et aventures polaires
Mercredi 15 novembre 2017
Qu’est-ce qui fait un voyage ? La destination ? La façon de se déplacer ? La longueur du séjour ? L’état d’esprit ? Sans doute un peu de tout cela et d’autres ingrédients dont nous n’avons pas forcément conscience. D’après Erik Orsenna et mon livre de chevet (Salut au Grand Sud), le marin, en affrontant la mer, s’affronte lui-même, cherche et trouve sa vérité. Et le marin antarctique s’affronte plus que tous les autres, ce qui ferait de lui le marin (et même l’humain) par excellence.
D’où vient ce degré extrême d’affrontement ? D’une conjonction entre la latitude et l’effort fourni principalement. Naviguer dans ces eaux en voilier tient de l’exploit. Y voyager sur un navire comme le nôtre est une tout autre expérience, comparé à ces marins aventuriers. Ici, les vagues ne menacent pas de nous manger tout entier. Et même si nous restons sensibles aux vents violents et aux pièges de glace, nos systèmes de navigation et l’équipage professionnel (et nombreux) aux commandes assurent une traversée en toute sécurité. Le degré de danger encouru a certainement lui aussi un rôle à jouer dans l’expérience vécue par le marin (ant) arctique.
Pour autant… Pour autant, naviguer sur un bateau de croisière nous prive-t-il de cette rencontre avec les éléments, la mer, la glace… et soi-même ? L’effort physique est-il la seule porte d’entrée à cet état de grâce ?
Une question que je me suis déjà posée souvent. L’effort influence-t-il le plaisir et le bonheur à découvrir un lieu. Arriver au sommet d’une montagne après un trek éprouvant de plusieurs jours ou déposé par hélicoptère en quelques minutes a certainement un impact tant sur notre corps que sur notre esprit, tout étant relié. Plus d’hormones d’effort pour plus de plaisir. Plus d’anticipation pour plus d’extase.
Et pourtant, me voici à vivre les yeux rivés sur le décor bleu et blanc, depuis mon hublot, les vitres des salons ou les ponts extérieurs, et à me sentir profondément touchée. Touchée par ces images. Touchée par ce que représente ce point que je vois évoluer sur la carte de notre navigation. Touchée par les jeux de lumière qui lèchent les glaciers et icebergs dérivant autour de nous. Touchée par ce silence lourd à peine perturbé par le chant d’un oiseau ou celui d’un craquement glacé. Les photos ne rendent pas justice à ce continent blanc, et encore moins à l’impact qu’il a sur moi. François acquiesce quand je lui partage mon vécu. Et pourtant, même à deux à vivre la même scène, nous ne parvenons pas davantage à mettre des mots pour honorer les éléments. Peut-être notre silence est-il le plus beau cadeau à leur offrir ? Et à nous offrir à nous-mêmes lassés des villes bruyantes et de l’agitation humaine incessante. Respirer et regarder le paysage changer tout en restant le même. Des toiles de maitre peintes avec seulement trois couleurs et leurs nuances : bleu, blanc et noir.
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Aujourd’hui est une journée marquée sous le seau de la contemplation. Le plan A du jour, Cuverville Island, a été abandonné avant que les premières expéditions à terre n’aient pu se faire. Le plan B a lui aussi tourné à l’échec, tout comme le plan C… Heureusement que l’alphabet est long, nous rappelle notre capitaine. Plan D donc, nous remontons sur nos traces, sillonnant encore et toujours les mêmes paysages à n’en plus savoir si nous sommes déjà passés par ce point précédemment, si ce n’est en regardant le tracé rouge pointillé sur les écrans de contrôle.
Une journée propice à la lecture, à l’écriture, au lèche-hublot, à la papote autour d’un thé… ainsi qu’aux conférences et aux rencontres. Les conférences d’abord : deux nous sont proposées durant la journée. La première sur la glace : sa formation, son rôle dans l’écosystème, sa structure, son évolution… Car la glace est vivante et mouvante, riche en enseignements sur notre planète et son histoire, passée et présente.
La seconde conférence a été un pur moment de joie. Quel plaisir de voir que des personnes comme notre conférencier Henryk Wolski existent bel et bien. Des personnes prêtes à tout risquer par curiosité, gout de l’aventure, défi personnel, amour du large, besoin de liberté. Tout commence avec la fameuse expédition de Shackleton, ou plutôt la survie de son équipage et toute l’épopée que cela représente. L’histoire à elle seule mérite des pages et des pages, un livre entier, un film, voire une série de plusieurs épisodes.
Épisode 1
Shackleton part avec son équipage à bord de l’Endurance avec l’objectif d’installer une base scientifique en Antarctique, au fond de la mer de Weddell (et il faudrait encore un épisode pilote, une sorte de prologue, pour parler des projets précédents de ce personnage passionnant).
Épisode 2
Le bateau, entré dans la mer de Weddell, est coincé dans la glace. Figé, pris au piège. Pendant 11 mois et plus de 2000 kilomètres, le bateau dérive au fil du courant de cette mer, dans un sens horlogique, longeant le continent et repartant le long de la péninsule.
Épisode 3
La pression de la glace est trop forte et brise le bateau. Les marins quittent leur navire pour migrer sur la glace avec tout ce qu’ils ont pu sauver avant que leur maison flottante ne sombre. Ils vivront pendant 4 mois sur la glace, au rythme de ses fissures et de son démantèlement.
Épisode 4
La glace n’est plus une zone sure et la mer commence à se dégager autour d’eux : il est temps d’embarquer sur les canots de sauvetage. Après des jours de rame, ils arrivent, enfin, sur la terre ferme… mais sont obligés de quitter une première ile pour une seconde : l’ile de l’Éléphant, moins inhospitalière. Ils savent qu’aucun bateau ne passera par là. Leur seul espoir est de remettre en état l’un de leurs canots afin d’atteindre une ile où ils pourront trouver du secours.
Épisode 5
Laissant vingt-deux personnes derrière eux, six membres de l’équipage embarquent avec comme but la Géorgie du Sud, à 1400 km de là ; traverser le cap Horne dans leur frêle embarcation n’étant pas une option. Les calculs sont faits au sextant, l’un prenant les mesures, deux autres le soutenant fermement afin qu’il soit le plus stable, et donc le plus précis possible. Une erreur de ne fut-ce que 2° les aurait fait manquer leur but et partir en direction de l’Afrique… qu’ils n’auraient sans doute jamais atteint vivant. Après 16 jours en mer, ils touchent enfin terre au lieu espéré.
Épisode 6
Mais l’histoire de s’arrêt pas là. Sur le versant ouest où ils ont débarqué, personne ne vit. Et aucune route ne relie cette baie à celle, de l’autre côté de l’ile, où se situent les stations de baleiniers. La moitié de l’équipe reste, l’autre se lance à l’assaut des montagnes et glaciers qui les séparent de la civilisation. En une quarantaine d’heures, ils traversent plus de 35 km à travers monts et glace et atteignent, enfin, leur objectif.
Épisode 7
Les 3 hommes laissés de l’autre côté de l’ile sont immédiatement secourus. Pour ce qui est des membres de l’équipage laissés à l’ile Elephant… c’est une autre histoire. Trois fois, le plus grand des baleiniers tente l’opération de sauvetage, et trois fois, ils doivent renoncer, le chemin étant barré par la glace. Levée de fond, promesse d’un navire d’ici quelques mois… Ces solutions sont trop lentes pour Shackleton.
Épisode 8
Sur un bateau chilien, le Yelcho, Shackleton parvient à atteindre enfin l’ile Éléphant, l’angoisse au ventre à l’idée de ne pas retrouver son équipage vivant après le rude hiver qu’il a dû endurer sur cette ile inhospitalière… Mais cette histoire a, enfin, un « happy ending » bien mérité !
Henryk, notre marin historien, continue son exposé en opérant un bond dans le temps assez inattendu : nous voilà fin des années 90. Et ce n’est plus l’histoire de Shackleton qu’il nous conte… mais la sienne ! Peu à peu, nous commençons à comprendre à quel point cet homme est un vrai personnage, dans tous les sens du terme. De ceux que je regarde avec admiration et joie. De ceux que j’aimerais qu’ils m’adoptent ! Après nous avoir raconté à quel point, en lisant les (més) aventures de Shackleton alors qu’il était encore adolescent, il avait eu la chair de poule et s’était dit
Oh non, tout ça, ce n’est pas pour moi. Jamais de la vie !
… le voilà qui nous raconte ce coup de téléphone qui va tout faire changer. Un de ses amis lui parle de son projet : répéter l’échappée belle de Shackleton. Silence au bout de la ligne. Frisson et coup de massue. Le cerveau se gèle et la peur imprègne le corps tout entier. Henryk ne sait pas quoi répondre. Sa première question sera technique : « Faire exactement la même chose, dans les mêmes conditions, avec le même équipement ? ». Son ami le rassure : non, ils auront des vêtements modernes ainsi qu’un GPS. Les questions allant, le voilà qui, peu à peu, met le doigt dans l’engrenage qui l’amènera à prononcer ce mot sacré : « oui ».
À quatre, trois hommes et une femme, ils embarquent dans un petit voilier, minuscule même, déposé près de l’ile Eléphant pour rejoindre la Géorgie du Sud. Ils traversent des tempêtes, des champs d’icebergs, des moments de désespoirs et d’extase face à la grandeur de la mer et, finalement, parviennent à destination. Ne leur reste « plus qu’à » traverser les montagnes pour rejoindre l’autre rive de l’ile, où se trouve la base. Là où les aventuriers d’origine ont mis une quarantaine d’heures, ces aventuriers des temps modernes mettront une bonne semaine. Traverser ces glaciers et crevasses se révèlera plus compliqué que prévu. C’est la femme du groupe, Islandaise, qui leur sert de guide, partageant son expérience à ces hommes de la mer.
Regarder les photos d’Henryk, qu’il s’amuse à comparer aux photographies prises à l’époque, me fait rêver. Avec plein d’émotions, d’humour et d’humilité, il raconte son expérience tout en prenant soin à ne pas s’élever à la même hauteur que les héros dont il a voulu retracer l’épopée. Et dans les moments difficiles, quand les éléments se déchainaient, que l’inconfort culminait et que l’espoir s’évanouissait, il lui suffisait de penser à l’aventure originelle pour remettre les choses en perspective.
Oui, c’est difficile, mais ce ne sera jamais aussi difficile que ce qu’ils ont vécus eux, robinsons des mers du sud malgré eux, avec encore moins de confort, de sécurité, de préparation, de technologie… et moins de choix !
Encore une fois, je me sens tellement heureuse et reconnaissante d’être là et d’avoir l’opportunité d’entendre et de rencontrer des personnes au destin aussi incroyable, aux expériences de vie aussi extraordinaires et aux connaissances aussi passionnantes.
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Alors que je suis encore perdue dans mes pensées après cette incroyable conférence, je rencontre l’une des femmes « rescapées » en chemin vers Port Lockroy. Ces quatre femmes ne sont pas des scientifiques, mais des heureuses élues qui vont vivre pendant 4 mois, seules, sur cette ile du bout du monde. Elles sont les nouvelles maitresses de ces terres inhospitalières qu’elles ne devront partager qu’avec les pingouins, qu’il faudra prendre soin de compter et recenser, et des touristes, qu’il faudra accueillir et guider dans leur petit musée. Sans oublier l’une des missions les plus importantes : la boite postale ! Chaque année, quelque 50.000 lettres et cartes postales sont envoyées depuis Port Lockroy, via les Falkland, vers le monde entier.
Nous parlons plus d’une heure, debout dans un couloir, avec Sophie, Française et Anglaise, qui nous raconte son parcours. Après un premier voyage au long cours, en 2013, où elle démarrait par l’Argentine, là voilà à embarquer pour une croisière en Antarctique, similaire à celle que nous vivons actuellement. Un rêve qu’elle n’osait même pas s’avouer, tant elle pensait cela impossible. C’est une discussion avant son grand départ lors d’un apéro voyageur avec une blogueuse voyage, Sarah, qui changea sa perspective. Après avoir entendu son récit et avoir vu les yeux émerveillés de Sarah, Sophie n’a plus qu’une idée en tête : trouver un moyen d’atteindre ces terres polaires. À son retour, enchantée par son voyage en Antarctique, elle n’imagine pas encore, à ce moment-là, qu’elle pourrait y retourner et même y travailler. Et pourtant, quatre ans plus tard, la revoici !
Incollable sur les iles et territoires que nous traversons, elle nous raconte son parcours afin de faire partie de l’équipe sélectionnée pour travailler à Port Lockroy. Elle n’en est pas à son coup d’essai : après avoir postulé une première fois sans résultat, elle décide de suivre une formation en tourisme avant de retenter sa chance l’année suivante. Cette fois, sa candidature est sélectionnée parmi plus de 400, avec 11 autres finalistes. Des entretiens supplémentaires sont nécessaires près de Cambridge pour composer l’équipe de 4 personnes qui vivra dans un environnement tout aussi sauvage que confiné.
Elles partageront une petite maison, avec une chambre commune, une petite cuisine d’où toute nourriture fraiche est exclue pour des raisons évidentes d’approvisionnement, et un petit salon où partager leurs repas. Des longues journées de travail les attendent, avec très peu de jours de repos. Une aventure qui ne conviendrait certainement pas à tout le monde. Et rencontrer ces femmes à l’aube de cette expérience, c’est les voir avec des yeux étincelants parler de la beauté de l’Antarctique. De ce continent blanc qu’aucun mot et qu’aucune photo ne peut décrire ni rendre justice. Du plaisir à l’idée de voir évoluer les paysages au fil des jours et de la saison : la neige et la glace grandir et s’effacer, les lumières et la luminosité changer, les œufs de manchot apparaitre et éclore, les petits devenir grands et apprendre à vivre dans leur colonie…
Je partage son enthousiasme. Combien de fois ne me suis-je déjà dit que j’aimerais rester plusieurs mois au même lieu, afin de le voir évoluer à mes côtés ? Un endroit qui me plairait beaucoup, que j’appellerais maison et qui me ferait sentir vivante. Qui me ferait vibrer de tout mon être. Qui me permettrait d’être davantage en contact avec la nature et, à travers elle, avec moi-même. L’Antarctique est sans doute une terre parfaite pour cela. Un jour, qui sait… ?
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Neko Harbour
Jeudi 16 novembre 2017
Si tout se passe comme prévu, nous allons enfin poser pieds sur le continent ! C’est avec cette pensée et les doigts croisés que nous débutons cette nouvelle journée… tout en pensant à ces quatre femmes impatientes de mettre les pieds dans leur base pour les quatre mois à venir. Nous n’avons pas réussi à nous approcher suffisamment de Port Lockroy hier, espérons qu’aujourd’hui soit porteur de meilleures nouvelles pour elles… et pour tous les passagers qui trépignent d’impatience à l’idée de partir en excursion. La journée d’hier, très contemplative – voire trop pour certains – n’a pas été au gout de tous.
C’est dans ce genre de circonstances que les esprits se révèlent. Certains, curieux de tout, prendront plaisir à assister aux conférences et partager des moments riches en enseignement au coin réservé aux sciences où de nouveaux éléments de notre environnement nous sont présentés chaque jour. D’autres, optimistes et positifs dans l’âme, seront heureux de se rappeler la chance qu’ils ont d’être à bord de cette aventure au bout du monde, de voir défiler des icebergs comme on verrait se succéder les plaines verdoyantes dans nos contrées, et estimant que demain sera porteur de nouvelles aventures excitantes, quoiqu’il advienne. Et puis… et puis, il y a les autres. Ceux qui ont besoin de se plaindre, de se comparer et d’attirer l’attention des autres pour exister.
Profiter du silence et de la quiétude est sans aucun doute l’une de mes activités préférées, dans ma vie sédentaire comme ma vie nomade. Heureusement que les « chercheurs d’attention » ne sont pas nombreux à bord. J’avoue, avant de partir, j’étais assez curieuse de voir quel serait l’équipage pour cette croisière extraordinaire. Je m’attendais bien à ne pas être dans la moyenne d’âge, mais j’avoue que cela faisait très longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi jeune dans le regard des autres. Nous avons au moins l’âge d’être les enfants, et souvent celui des petits enfants, des autres passagers. Et pourtant, cet équipage reste très hétéroclite. Si le nombre d’hommes à barbe blanche dépasse mes capacités tant mnésiques que mathématiques, chacun à un style différent. Il y a les excentriques, toujours coiffés d’un béret à la française ou d’une casquette façon capitaine Igloo. Il y a les littéraires, toujours un livre à la main, les photographes, se promenant partout avec un voire deux appareils photo autour du cou, les écrivains, noircissant des heures durant des cahiers de pages blanches. Il y a aussi les frileux et suréquipés, toujours habillés comme s’ils s’apprêtaient à sortir sur le pont, et au contraire, ceux qui se croient sur une croisière tropicale, toujours en tong (chaussettes en option), bermuda et t-shirt.
À côté de tous ces passagers d’horizons et nationalités variées – Allemands pour beaucoup, mais aussi Norvégiens, Anglais, Américains, Français, Chiliens, Argentins, Chinois, Indiens… – il y a aussi l’équipage. J’ai de temps en temps évoqué déjà les conférenciers : historiens, marins, anthropologue, biologistes marins, géologues… ils ont également tous des parcours, spécialités et origines différentes. Et enfin, les membres de l’équipage, avec l’équipe du commandant, l’équipe des techniciens… et l’équipe de l’hôtellerie et du restaurant, uniquement composée de Philippins. Assez surprenant sur un bateau norvégien parti du Chili pour rejoindre l’Antarctique ! Je suis étonnée par les connaissances qu’ils ont des pays d’origine des passagers, y compris du nôtre, leurs habilités linguistiques et surtout leur mémoire. De jour en jour, les voilà qui nous reconnaissent, nous adressent un gentil mot, une gentille attention et, sans qu’on ne sache exactement comment cela commencé, à nous laisser une sculpture de serviette surprise dans notre chambre, différente chaque jour.
Et, surtout, dans ce bateau, il y a beaucoup de sourires. Ces sourires collés aux lèvres à la vue des paysages blancs et bleus. Ces sourires si contagieux qu’un sourire partagé en entraine un autre, et un autre…
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Et des sourires, ce matin, il y en a plein : nous allons enfin pouvoir toucher terre sur le continent blanc ! Le programme est revu, annulant les tours en zodiac et le tour photo afin de se focaliser sur les sorties à terre. Lorsque vient notre tour de quitter le navire, nous nous retrouvons au milieu d’un champ de glace. Pas étonnant que le commandant ne soit pas à l’aise pour rester ici toute la journée. Tout doucement, notre petit bateau tente de se frayer un chemin entre les plus grands icebergs, heurtant inévitablement les plus petits glaçons qui viennent frapper en un bruit sourd le fond de notre embarcation. De loin, j’aperçois la plage où ont débarqué les autres passagers avant nous. Mais tout ce que je vois, ce sont de petits traits. Impossible de dire s’il s’agit d’humains ou de manchots. En se rapprochant, certains traits virent au rouge, d’autres, plus petits, apparaissent, tout noirs. Tous marchent à la verticale, lentement, gauchement. Notre parenté au règne animal semble tenir à cette allure identique : un trait sur la banquise, rouge pour les uns, noirs pour les autres.
Les yeux fermés, ont pourrait facilement estimer le moment à partir duquel on s’approche suffisamment des manchots pour bien les voir. Car si on parle souvent de leur beauté, leur air mignon et leur démarche pataude adorable, on parle plus rarement de la cacophonie que représente une colonie et, encore moins, de l’odeur ! Oui, les manchots, ça pue. Encore un point commun avec les bébés me dirait François… Mais, dans les deux cas, c’est si mignon qu’on leur pardonnerait presque le plus nauséabond des parfums. Et côté vie sauvage, les phoques et otaries ne sont pas mieux, tant du côté auditif qu’olfactif, bien au contraire !
Et la cacophonie de ces oiseaux patauds n’a été rompue qu’à un moment. Quelques minutes à peine après avoir accosté, nous avons droit à un spectacle grandiose : une avalanche ! La neige dégringole en cascade devant la roche noire et la glace bleue, le tout dans un grondement assourdissant, amplifié par l’écho créé par la forme de la baie. Toutes les conversations s’interrompent, tant chez les oiseaux que chez les humaines, et tous les regards et appareils photo se tournent vers le mur de glace. Un frisson me parcourt l’échine alors que les derniers jets de neige dégringolent vers le vide. Que c’est beau !
Mais revenons à nos manchots. Comme à notre habitude, nous progressons sur les sentiers balisés, aux aguets, prêts à immortaliser un de ces beaux animaux dans toutes les positions possibles… Et quand on parle de positions, c’est tant des leurs que des nôtres qu’il s’agit. Car le secret des photographes animaliers, c’est de se mettre au même niveau que leur sujet. Pour photographier les manchots, mieux vaut se coucher au sol. Se rouler dans la neige devient une seconde nature, tant pour François que pour moi… Ce qui ne manque pas de faire rire les autres passagers, devant ces deux voyageurs échoués sur la plage de galets. Notre professeur de photo, Stefan Dall, ne peut se retenir de saisir le comique (et le ridicule) de la situation… Comique et ridicule qui ne s’arrêtent pas là, cette photo peu flatteuse de nous se trouvant sur la clé USB de la sélection des meilleures photographies prises par les deux photographes à bord de notre croisière. Bref, de nombreux passagers repartiront avec la photo de nos postérieurs !
Le contraste offert par le glacier en arrière-plan est juste saisissant ! Des formes, des lumières et des couleurs si pures… à l’inverse du spectacle que nous offrent les manchots à l’allure négligée, leur costume souillé par la terre boueuse sur laquelle ils aiment se laisser glisser. Ça se dandine de tous les côtés : un vrai plaisir à observer, on pourrait y rester des heures et des heures…
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De retour au bateau, la journée se poursuit. Nous croisons à nouveau Sophie et ses trois comparses, toujours en attente d’un transfert miraculeux vers Port Lockroy. Car c’est réellement de cela qu’elles ont besoin : un miracle. Le capitaine n’est pas du tout sûr qu’un passage vers Port Lockroy soit possible aujourd’hui, vu comment la zone était inaccessible hier. Ni même que cela sera plus dégagé demain, dernier jour de notre croisière en Antarctique. Or, si nous ne parvenons pas à les déposer, elles devront rester à bord et rentrer jusque Punta Arenas, tout en sachant que le prochain départ du Midnatsol est complet et ne pourra donc pas les reprendre. Après avoir cherché un départ depuis Ushuaia, avec l’idée de prendre un vol d’une ville à l’autre, le résultat de leurs recherches est tout aussi mince. L’arrivée à leur future maison pourrait être ainsi postposée de plusieurs semaines, reportant non seulement le début de leur projet, mais aussi l’ouverture du musée. Nous les laissons à leurs préoccupations, leur promettant de croiser les doigts toute la journée pour que la météo soit plus clémente et que tout s’arrange pour elles.
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Comme tous les jours, nous avons droit à une conférence. Et comme hier, c’est Henryk qui prend la parole. Or, s’il y a un conférencier que je ne souhaite pas manquer, c’est bien lui ! D’autant plus que le sujet d’aujourd’hui m’intéresse tout particulièrement : l’expédition Belgica. De mon livre de chevet et de mes longues observations de la carte, je sais que cette expédition est intéressante à plus d’un titre. Déjà c’est une expédition menée par un Belge, chose assez rare pour être retenue, et raison pour laquelle tant d’iles dans la région portent des noms familiers : Liège, Brabant, Flandre, Anvers… Ensuite et surtout, c’est la première expédition scientifique menée en Antarctique. Et, finalement, c’est la première à avoir passé tout un hiver en Antarctique.
Dès le début de sa conférence, je parie à François, sur le ton de l’humour, que ce marin va nous raconter l’expédition de base puis nous parler de la fois où il a répété la navigation avec une aventure épique et incroyable, une fois de plus… Et c’est effectivement ce qui s’est passé !
Après avoir mis en parallèle le tracé de Belgica et le nôtre à bord du Midnastol, qui coïncide étrangement, il nous parle de son voyage à l’archipel Melchior. En passant d’une ile au nom de lettre grecque à une autre, voilà qu’il perd de vue un de ses compagnons de voyage, qu’il suivait depuis un Zodiac différent. Surprise : cette ile est traversée par un nouveau chemin maritime, dû à l’évolution de la glace. Voilà la bande d’amis prêts à nommer ces nouveaux lieux découverts : le passage, mais la presqu’ile. Déjà, rien que pour cette découverte et l’honneur d’avoir pu nommer un petit bout de l’Antarctique, cet homme me fascine encore davantage.
Mais l’histoire de ne s’arrête pas là. Il y a trois ans à peine, avec 4 autres membres du personnel d’Hurtigruten, il a dirigé une expédition en kayak, sur les traces de… Belgica, bien sûr ! Voilà un historien qui aime mettre le savoir en pratique. Ne lui manquent que le chapeau et le fouet pour faire penser au célèbre archéologue qui préfère les tombeaux aux salles de classe. Photos et anecdotes s’enchainent, les aventures et mésaventures se succèdent : par beau et gros temps, les kayakistes ont réussi leur défi et ont des souvenirs plein la tête.
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Je ressors de la salle de conférence l’esprit léger et rempli de cartes nautiques antarctiques tout en me demandant quel sera son prochain sujet de conférence… et sa prochaine aventure ! À peine le temps de refaire surface que nous sommes happés par une annonce du commandant : des orques sont en vue. Nous arriverons trop tard sur le pont pour voir quoi que ce soit, mais rien que de les savoir dans les parages me remplit de joie. C’est une des beautés de la mer : la plupart de temps, nous ne voyons rien sous cette surface bleue infinie, mais sous elle, la vie trouve mille et une formes pour se réaliser. Les savoir présents, même si je n’ai pas la chance de les voir de mes propres yeux, me contente. Et je n’aimerais pas être à bord d’un navire qui poursuit et harcèle les animaux. Nous poursuivons notre route, les orques la leur, et c’est parfait comme cela.
Plus tard dans la soirée, alors que l’espoir semble avoir quitté le groupe des quatre femmes en attente de rejoindre leur nouveau nid gelé, le commandant lance une annonce inespérée. Alors que le chenal Lemaire nous fait face, le capitaine promet de faire cap en direction de Port Lockroy. Cet endroit est le point le plus au sud que nous allons sans doute atteindre lors de ce voyage… et le commandant ajoute que c’est aussi l’un des plus beaux.
Même si nous ne courons après aucun record, même si nous savons que nous n’avons pratiquement rien vu du continent et que nous n’atteindrons jamais le Pôle Sud, gagner en latitude devient rapidement, tant pour l’équipage que pour les passagers, un jeu, voire une obsession.
Malgré la neige, le vent et le froid, les passagers se pressent à la rambarde pour admirer le paysage et la traversée de cet étroit passage. Juste à ce moment-là, comme pour nous souhaiter la bienvenue en ces iles australes, le ciel se découvre quelque peu, laissant échapper des rayons du soleil de soirée. Car les jours n’ont à présent plus de fin ; seules quelques heures du milieu de nuit se voient parées d’une lumière bleutée. Tout le reste de la journée, le soleil luit à travers les nuages blancs qui règnent sur le dernier continent.
Alors que nous arrivons à l’embouchure du passage et que l’excitation monte parmi les passagers, le commandant reprend la parole : trop de glace et un glacier trop exubérant nous bloquent la route. Pas de Lemaire pour nous. Mais, comme il le dit toujours, l’alphabet est riche en lettres et l’Antarctique en plan de secours. Si une route ne marche pas, il y en a toujours d’autres. C’est plein d’entrain que le commandant reprogramme un nouvel itinéraire. L’espoir n’a pas totalement quitté l’équipage. Quelques heures plus tard, nous voici en vue de Port Lockroy.
L’émotion culmine chez les quatre futures habitantes : enfin, leur maison est en vue. Si le vent est toujours bien présent, la glace, elle, semble avoir été poussée au loin. Le passage est clair, elles vont pouvoir embarquer à bord d’un Zodiac et rejoindre leur domaine pour les quatre mois à venir. Nous descendons leur souhaiter « good bye et good luck » (au revoir et bonne chance) avant qu’elles ne quittent le Midnatsol, promettant de suivre leurs aventures sur le site UK Antarctic Heritage Trust qu’elles alimenteront régulièrement.
Je regarde ce petit bateau les conduire à terre le cœur chargé d’émotions. Je suis heureuse pour elles, bien sûr. Mais aussi habitée de nostalgie. Je vois ce rivage, cette maisonnette entourée de manchots, cette glace bleue qui les sépare des hauteurs de l’ile, cette montagne qui culmine malgré la brume. C’est absolument splendide. Comme j’aimerais être une petite souris pour pouvoir me glisser dans leur sac, manger un peu de leur chocolat et partager ces premiers moments avec elles. Le début d’une aventure est toujours excitant ! Il y a tout à faire. Déneiger, s’approprier les lieux. Organiser l’espace et la coordination entre les membres de l’équipe. Découvrir les environs. Rencontrer ses voisins bicolores… Sans oublier de regarder au loin, les vagues jouer avec les reflets du soleil, au cas où un bateau apparaitrait.
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Cuverville
Vendredi 17 novembre 2017
Cuverville, nom familier pour y avoir fait une première d’approche il y a deux jours. Tentative soldée par un échec… qui risque de se répéter. Dès le réveil, une annonce annule la sortie de kayak prévue aujourd’hui, à cause du vent. Voilà qui ne présage rien de bon. Alors que nous sommes encore occupés à déjeuner, repérant au loin les colonies de manchots papous et évaluant la force des vagues et du vent, la voix du commandant s’élève dans les hautparleurs. Le vent, qui tournait autour de 11 mètres par seconde avec des pointes à 18, est à présent monté à 20. Beaucoup trop pour risquer une mise à l’eau. Le commandant décide de rester dans le coin et d’attendre une heure, voir comment la situation évolue. Car s’il y a bien une chose que nous avons apprise lors de ce voyage, c’est que la météo en Antarctique n’en fait qu’à sa tête et peut changer du tout au tout en très peu de temps. Une heure plus tard, le commandant n’est pas très optimiste : si le vent à, en moyenne, légèrement diminué, des rafales continuent à souffler bien trop fort. Néanmoins, comme c’est notre dernier jour en Antarctique, il fait sortir un bateau pour évaluer la situation sur le terrain. Si cette sortie revient avec un bilan négatif, nous serons forcés de changer de lieux et d’abandonner l’idée d’une excursion en matinée. La tension est palpable dans le bateau, les regards scrutent la mer et ne perdent pas une miette de l’opération. Les pronostics vont bon train.
Le verdict tombe : le Zodiac et l’équipage partis en éclaireur sont revenus trempés par des grosses vagues poussées par un vent fort agitant une mer remontée. Aucun doute ne subsiste, il faut abandonner l’idée de descendre à terre et même de sortir en Zodiac. Le temps est aux adieux. C’était notre dernière opportunité de sortie avant de quitter le continent blanc.
Mais comme le dit très justement Isabelle Autissier dans mon livre de chevet, Salut au Grand Sud :
L’étrave tourne vers le large et nous n’avons ni remords ni regrets. Ainsi est l’Antarctique. Il nait même un certain plaisir à savoir renoncer. L’échec crée le désir, le désir fou de revenir un jour.
L’heure est déjà à la nostalgie. La nostalgie heureuse, comme dit Amélie Nothomb. Cette douce nostalgie où l’on se remémore sans amertume les souvenirs joyeux. Et cette croisière en est pleine. Je me souviens de la première journée que nous avons passée sur ce navire, et d’une sieste que j’ai voulu faire pour me remettre de mes émotions. Je ne parvenais pas à détacher mon regard des paysages des fiords patagons, et ai fini par m’endormir l’oreiller collé au hublot, assise sur mon lit. Dix jours plus tard, j’éprouve toujours la même attraction pour ces images qui défilent derrière les fenêtres.
J’aime parler de la capacité d’émerveillement, de l’importance qu’elle tient dans notre rapport au voyage, au monde et à nous même. Sans elle, notre enfant intérieur se dessèche. Sans elle, nous ne pourrions ressentir cette connexion parfois mystique entre l’Homme et la Nature. Sans elle, nous ne pourrions laisser notre esprit rêvasser, entrainés par le battement d’aile d’un papillon… Cette capacité d’émerveillement, le voyage la fait renaitre ou revivre plus intensément. Dans la vie quotidienne, cela demande souvent un certain effort pour ne pas la laisser s’éteindre à petit feu. Comme un muscle qu’il faudrait entrainer régulièrement sous peine de le voir s’atrophier.
Et là, en Antarctique, je pense avoir gonflé à bloc mon muscle de l’émerveillement ! Toutes ces idées me traversent l’esprit alors que je me sens à la fin de ce voyage en voyant notre bateau refaire cap vers le Nord et le continent sud-américain… Et pourtant, nous sommes toujours en Antarctique et le voyage est loin d’être fini ! La journée durant, nous avons navigué entre iles et icebergs, distançant la péninsule afin d’atteindre plus rapidement le passage de Drake. Depuis ce matin, nous naviguons vers le nord, et alors que j’écris ces lignes, en milieu de soirée, nous n’avons toujours pas quitté l’Antarctique. Les iles et la glace se font plus rares, mais la carte retraçant en pointillés rouges les miles parcourus est formelle : nous sommes sur le point perdre de vue les derniers repères visuels avant d’entrer dans le grand bleu… même s’il nous faudra encore plusieurs heures avant de pénétrer réellement dans le passage de Drake.
Passage qui commence à se faire annoncer, tant par l’humeur morose des voyageurs tristes d’emprunter le chemin du retour que par la houle qui s’intensifie d’heure en heure. Les prévisions pour les jours à venir ne sont pas bonnes. L’un de nos professeurs du cours de photo nous montre sur l’écran de son ordinateur les prévisions en nous annonçant que tout va être mauve… et ce n’est pas une bonne couleur ! En effet, sur la carte, nous voyons des flèches blanches filer et tourbillonner par endroits, des tons clairs vert, jaune et bleu… et une grosse masse mauve foncer droit sur nous. Pas étonnant que le capitaine semble si pressé de se lancer dans la traversée. Plus nous attendons, plus il y a de chances que le gros de la tempête nous surprenne au beau milieu du passage de Drake. Avec un peu de chance, en continuant à cette allure, nous devrions pouvoir essuyer le gros « du mauve » sur la fin de la traversée et notre arrivée aux fiords, murs protecteurs contre les vents contraires.
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Dans la salle du cours photo, les visages se crispent, des moues inquiètes se dessinent. Mais haut les cœurs, nous dit notre professeur. C’est cela aussi, l’Antarctique ! Et la grosse mer, c’est si beau ! Chacun y va de son astuce pour éviter le mal de mer : dormir, manger, avoir l’esprit occupé, regarder l’horizon, utiliser les médecines douces comme l’accupressure ou la naturopathie… Peu à peu, le sujet s’épuise de lui-même et le cours reprend, comme s’il ne s’agissait que d’une anecdote dont nous avions fait le tour.
Une tempête. Dans le Passage de Drake. Une anecdote…
Alors que notre professeur nous parle composition, balance des blancs et retouche, nous tanguons sur nos sièges en rythme, avec quelques rebonds inopinés de temps à autre, tout à continuant à prétendre ne rien sentir. Car nous savons tous que ceci n’est rien en comparaison de ce qui s’annonce. Notre salle de cours étant située tout à l’avant du bateau, les cours prévus initialement durant la traversée sont suspendus, « car on risquerait d’être vraiment trop secoués ».
Je suis heureuse de suivre ce cours, moi qui avais commencé à suivre des cours avec François il y a des années, mais avais dû interrompre après quelques mois à cause de la mononucléose. Peu à peu, je prends confiance. Je n’hésite jamais à me coucher à terre pour prendre l’image que je souhaite capturer. Je crapahute dans le bateau à la recherche d’inspiration ou tout simplement de cadre pour pratiquer. Et je m’essaye même à Lightroom, moi qui ai su développer mon regard pour comprendre le travail de François et lui renvoyer des critiques constructives… mais n’ai jamais réussi à retoucher une photo sans le voir plisser des yeux face au résultat ! À la fin de ces cours, si mes compétences de retouche restent maigres, je suis heureuse de voir que je maitrise davantage l’appareil photo, que je me sens plus en confiance… et même que je réussis à prendre quelques photos dont je peux être fière. Que c’est récompensant ! Un plaisir qui dure et se propage, depuis le moment de la capture jusqu’à celui de la découverte du résultat et bien après, lors des moments de nostalgie devant l’album numérique.
Nous avons tellement de photos que je ne sais pas encore comment je vais pouvoir partager tout cela sur le blog et les réseaux sociaux ! Même en enlevant les photos ratées (floues, doublons, rafales pour saisir les oiseaux en mouvement), il nous reste pas loin d’un millier de photos prises durant ce voyage de 15 jours ! Un exploit pour nous, surtout vu la tendance de plus en plus prononcée de François de vouloir prendre un minimum de photos. Tendance qui s’explique par son gout pour vivre le moment plutôt que de réfléchir à sa capture, ainsi que son horreur de devoir travailler des centaines de photos toutes semblables à se torturer l’esprit pour identifier la plus belle de chaque série.
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La journée coule doucement, nous laissant tous les deux dans notre bulle de nostalgie heureuse, intouchables pour le reste du monde autour de nous, et tout spécialement les voyageurs grincheux de ce retour précipité et du bilan de sorties trop faible à leur gout.
À suivre
Ceci était le quatrième et avant-dernier épisode de mon journal de bord en Antarctique, la suite ici pour l’adieu au Grand Sud.
Mise à jour aout 2018
Nous avons sorti notre premier film « Une autre vie », qui comporte de très belles images de la Patagonie et de l’Antarctique (à partir de 6 min 45 s) et que nous vous proposons de découvrir ci-dessous.
- Carnets d’Antarctique :
- D’autres articles en Patagonie :
- Voyager dans le froid… et survivre (spécial frileux)
Tu m’emportes avec ton article et tes photos. Je n’ai même pas de mot à mettre devant une telle merveille !
Merci beaucoup Sophie pour ton gentil message !
Je suis heureuse d’avoir noté mes impressions au fur et à mesure de ce voyage, profitant de chaque instant d’inspiration pour coucher sur mon clavier mes pensées… parce que j’en aurai été bien incapable au retour : c’est un voyage si dense et si follement incroyable !
Un article comme un roman que l’on savoure <3 merci pour cette parenthèse splendide!
Merci beaucoup Amélie ! Ravie que ce carnet-roman te plaise 😉 ^_^
A la semaine prochaine pour le dernier épisode !
Ce nouvel épisode est une nouvelle fois passionnant! Merci.
Merci beaucoup ! 🙂
Quelle belle aventure ! Merci de nous faire partager ces récits, le photos me laissent à la contemplation de ces merveilles de la nature, et à la méditation …
Joyeux Noël
Merci pour ce gentil message (et désolée pour le délai de réponse !) ; je transmets le compliment pour les photos à François ^^
Plus on avance dans tes carnets plus j’ai l’impression qu’on arrive au bout du monde ! Ca a l’air tellement féerique !
Je trouve ça super sympas les conférences à bord du bateau surtout sur les expéditions.
Même si on arrive à la fin (et surtout que vous êtes déjà rentrés) ça a du être une expérience de folie qu’on ne fait qu’une seule fois dans sa vie. Je sais qu’on fait tous des choses de folie en voyage, des découvertes et des expériences uniques mais pour moi l’Antarctique c’est le top du top ! Je ne m’attendais pas à ça. Et je pense que ça vaut le coup de braver « le mal de mer ». En tout cas une chose est sure, c’est que je veux totalement en faire une ! Peut être pas de suite car j’ai déjà de gros projets en perspective mais un jour c’est certains ! =)
C’est vraiment l’impression qu’on avait nous aussi pendant le voyage ! Ravie qu’elle transparaisse à travers ces carnets 🙂
Je te souhaite en tout cas de réaliser ton rêve !
Te lire avec tes gros projets avant ce grand rêve, ça me fait penser à nous 😉 Un rêve à la fois ! ^^
Superbe aventure.
Oui, vraiment ! Ravie de lire tant d’enthousiasme suite à ces carnets ! 🙂
C’est passionnant, merci pour ce nouveau carnet très intéressant!! J’ai appris beaucoup de chose sur ce continent en te lisant au fil des semaines, vous avez vécu une expérience incroyable, même si elle reste toute relative comparée à celle que vivront les 4 femmes à port lockroy… Je ne pense pas être prête à faire ce genre de croisière et c’est dommage que certains le fasse, comme tu les décris si bien, sans se rendre compte de l’exclusivité et de la puissance des lieux. On voit bien que vous vivez votre rêve. Belles fêtes de fin d’année
Merci beaucoup pour ce gentil message (et désolée pour le délai de réponse !), ravie d’avoir pu vous partager cette aventure 🙂
Oh oui, ces quatre femmes sont entrées train de vivre une expérience extraordinaire, je prends plaisir à aller voir sur leur page les quelques nouvelles qu’elles envoient 🙂
Le problème, c’est qu’on revient tout juste de tour du monde (on est rentré à Paris il y a une semaine), et que là…vous nous donnez sérieusement envie de repartir ! L’Antarctique, j’en rêve depuis longtemps, surtout depuis la lecture du Monde en stop de Ludovic Hubler. Vous venez de ravivez la flamme. 🙂
Merci pour ce superbe voyage et pour le blog en général qui nous a bien aidé pendant notre périple !
Ahah, ton message m’a fait bien rire !
On connait bien ce genre de problème ! 😉 Après notre année sabbatique (il y a déjà 2 ans), on s’est dit : on est raisonnables quelque temps, histoire de reconstituer les caisses pour repartir pour un nouveau grand projet… Et puis, on a quand même beaucoup voyagé, plusieurs fois au Japon, et aussi en Antarctique !
Je connais Ludovic, j’ai eu le plaisir de le rencontrer avant de lire son livre, et c’est quelqu’un de vraiment génial ! Son livre fait d’ailleurs partie de mes livres préférés pour voyager 🙂