À peine réveillés, nous endossons nos sacs à dos, direction la gare Rossio pour prendre le train vers notre prochaine destination : Sintra. Arrivés à la gare, la file au guichet est interminable, nous allons rater notre train ! Juste à côté, le guichet automatique est incompréhensible, les autres touristes ont déjà abandonné avant nous. Nous nous y risquons quand même, de toute façon, le couple de vieux Portugais au guichet semble refaire le monde avec le guichetier. Non, le train on ne l’aura pas par cette voie-là. C’était sans compter sur la gentillesse des Portugais. Aussi, une navetteuse nous voyant patauger dans les méandres des menus vient à la rescousse.
– Vous allez où ? Nous demande-t-elle dans un anglais chantant.
– On aimerait aller à Sintra, mais on ne comprend pas, il nous demande combien de zones on veut faire, pas la gare d’arrivée. Le tout en pseudo portugais largement inspiré de l’espagnol.
– Ah alors vous devez allez ici, ici, ici…
Elle navigue dans les menus pour trouver la réponse à notre question. Bingo ! Sintra c’est 4 zones. C’est surtout le terminus de tous les trains partant de notre gare, on a vu plus simple comme système !
C’est bon, les tickets sont chargés sur nos cartes magnétiques, on court, on entend une sonnerie, on saute dans le train et… rien ! Le train est finalement parti avec 3 minutes de retard.
Sintra, direction le Palais National
Arrivés à Sintra, nous sommes accueillis par Teresa, de l’office de tourisme. Elle nous a trouvé des guides qui parlent français pour nos 2 journées de visites dans la ville.
Nous commençons par le Palais National de Sintra, situé sur la place principale de la ville. Le palais possède une particularité étonnante : deux grandes cheminées de plus de 30 mètres se dégagent ainsi du paysage. Comme souvent dans l’Histoire, il s’agissait de montrer qui avait la plus grosse, et en construisant ces 2 grandes cheminées, la reine Maria a pris une bonne avance !
Le palais a été construit sur plusieurs époques, avec des styles architecturaux et décoratifs très différents. Une grande salle de banquet nous surprend par son plafond : des cygnes portant une couronne à l’envers le long du cou. S’il y a bien une légende datant de l’époque romantique qui permette d’expliquer ce choix de décoration, elle s’avère malheureusement très probablement fausse.
D’autres salles s’enchainent, certaines dans un style arabe, d’autres recouvertes des fameux azuléjos (faïence blanche formant une image en mosaïque, initialement peinte en bleu). Une dernière salle retient notre attention, à nouveau pour son plafond : celle des Galères. La forme du plafond rappelle instantanément celle d’une structure d’une coque de bateau, mais retournée. On y voit des peintures représentant des combats navals entre différentes nations.
Les fausses ruines
Carla, notre guide à Sintra, commence la visite du parc de Montserrate par une question :
– Vous connaissez l’époque du romantisme ?
Surpris par la question, nous nous regardons Amandine et moi, ne sachant que répondre.
– En fait le romantisme, c’est une époque où il était chic d’avoir son jardin avec ses mystères, et le top du top, c’était d’avoir une ruine dans son jardin. Ici, Francis Cook, un Anglais, a décidé de construire 2 ruines : un cromlech et une chapelle.
En réalité, il n’a pas construit de chapelle, mais bien détruit ce qu’il pensait en être une abandonnée. Il n’y est pas allé de main morte : avec une bonne masse, il a éclaté les portes et fenêtres de style gothique. Le résultat est à la fois drôle et affligeant, cela ne ressemble pas à une ruine, mais à un éléphant qui serait passé au travers de portes et fenêtres trop étroites.
Par contre, plus surprenant, un figuier est venu prendre possession des murs du bâtiment : un air de temple perdu dans la jungle cambodgienne en plein Portugal !
Après avoir serpenté entre des sentiers entourés de murs et de fleurs plus belles les unes que les autres (Amandine s’en est donné à cœur joie pour photographier presque chaque espèce rencontrée), nous arrivons à mon coup de cœur de Sintra : le Palais de Montserrate.
Le retour de la splendeur
Comme beaucoup de constructions du XIXe siècle, on retrouve énormément d’influences de cultures éloignées dans la décoration intérieure et extérieure du palais. Je me retrouve subjugué devant ce palais aux airs arabes et indiens. C’est le coup de cœur avant même d’y entrer : le palais, ressemblant à un petit pavillon de luxe, resplendit de couleurs, entouré par le jardin en fleur.
Ce palais a été laissé à l’abandon pendant des dizaines d’années : il a énormément souffert du temps, une tourelle et plusieurs plafonds se sont même effondrés. Le site est en pleine restauration, il n’a d’ailleurs été ouvert au public qu’en 2010. Des photos d’époque montrent le travail titanesque des restaurateurs. Le palais retrouve peu à peu de son éclat, il ne reste que très peu de pièces non restaurées.
Un ordinateur interactif en portugais, espagnol et anglais se trouve dans une des pièces. Je choisis l’espagnol !
– Peux-tu me dire de quand date la construction ?
Je n’en suis pas revenu, il a parfaitement compris la question, et tel l’assistant vocal de nos téléphones modernes, me donne la bonne réponse immédiatement. Je lui pose encore quelques questions, toujours en espagnol, en essayant de le piéger : pas moyen, il est fort le bougre !
Ce qui nous a beaucoup surpris dans ce palais, c’est l’électricité : elle a été installée dès le début de la construction en 1856. Il y avait même un ascenseur à plats entre les cuisines du sous-sol et le rez-de-chaussée.
La salle du fond, utilisée pour les fêtes et banquets, est somptueuse. Mais le travail le plus impressionnant reste celui de la bibliothèque. Des photos avant/après à l’étage nous montrent l’état dans lequel se trouvait la pièce… un vrai désastre ! Aujourd’hui, on ne soupçonnerait pas qu’elle ait pu être dans un tel état.
Le château des Maures
Dernière visite de la journée, le château des Maures (Castelo dos Mouros). Ici, l’histoire est surprenante : les Maures utilisaient cette forteresse pour garder l’entrée des envahisseurs par la mer. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que les envahisseurs seraient portugais, et que donc ils arriveraient par l’intérieur des terres. Une fois vaincus dans les terres, les Maures de la forteresse se sont rendus sans combattre.
La différence de mentalité entre les Portugais et les espagnols est assez grande : plutôt que de massacrer les Maures ou de les chasser, ils ont décidé de vivre ensemble, utilisant ainsi leur savoir-faire pour, comme entre autres les azuléjos (que l’on retrouve dans le Palais National de Sintra).
La météo n’est pas au beau fixe, une brume s’installe peu à peu, et une légère pluie rend la visite peu agréable. Nous retenons de la visite le réservoir d’eau de pluie, immense, et la porte de trahison, minuscule. Cette dernière, créée pour échapper en cachette à un envahisseur, est habituellement bien cachée et composée d’un réseau de galeries. Ici que nenni, la galerie est longue de 1,5 mètre et haute d’environ 50 centimètres. Elle n’est d’ailleurs pas discrète du tout, ni pratique : il faudrait y aller à quatre pattes au beau milieu de la cour principale pour arriver à quelques mètres à peine d’une entrée secondaire !
La pluie s’intensifie, on avait prévu une descente en tyrolienne pour terminer la visite en beauté, mais comme la pluie a rendu le câble glissant et que nous sommes moins solides que les arbres, nous avons dû annuler l’activité. Dommage, car la vue sur le château semble imprenable.
La journée a été longue, il est temps d’aller se coucher, demain une grande journée nous attend.
Ambiance londonienne à Sintra
Si je vous dis Londres, je pense que la première image qui vous viendra à l’esprit c’est une ville sous la pluie et cachée par le brouillard. Et bien en arrivant au matin au château de Pena, nous avons tout de suite fait le lien avec Londres, des conditions similaires nous y attendant.
Construit sur les ruines d’un monastère du XVIe, on retrouve l’idée du romantisme avec des ruines « améliorées », des assises cachées taillées dans la roche du jardin… Une fois arrivés à la plateforme servant de base au palais, un triton géant nous regarde fixement. Des gravures en arabe d’un côté, des décorations indiennes de l’autre, décidément la mondialisation ne date pas d’hier !
Le brouillard s’intensifie, je ne distingue même plus les colonnes du palais pourtant à moins de 10 mètres. Nous entrons dans la chapelle où le brouillard s’installe peu à peu. Un vitrail (moins d’un mètre de large) se tient derrière moi à hauteur d’homme : le travail est minutieux, je n’avais jamais vu un tel souci du détail auparavant. Derrière le roi Fernando II, un navire à peine visible se cache ton sur ton.
Il faut dire que le roi était un grand fan de vitraux et qu’il ramenait, de ses voyages autour du monde, des souvenirs à base de verres peints. Une des dernières pièces de la visite, très particulière, construite tel un arbre soutenant le plafond, propose une exposition de quelques-uns de ces vitraux rapportés.
La visite se termine, nous faisons nos adieux à notre guide Carla. Après un repas bien mérité, nous arrivons à Quinta da Regaleira.
Ce lieu nous a tellement impressionnés par son travail titanesque et ses différents niveaux de lecture de symbolisme que je laisse le soin à Amandine de vous en parler dans un article qui lui sera spécialement dédié.
Avant de repartir pour Lisbonne, nous dégustons les pâtisseries locales : les Queijadas et les Traveisseros. Les premières sont au fromage, les secondes, servies chaudes, sont aux amandes. Un pur délice !
Arrivés à la gare, la billetterie automatique ne reconnait pas notre billet de 10 €. Une Portugaise nous propose de tricher et de nous faire passer les portiques. Nous déclinons gentiment l’offre et trouvons un peu pus loin une autre billetterie automatique qui acceptera notre billet. À peine montés, le contrôleur est venu vérifier nos titres de transport, vive le Karma !
- D’autres articles sur Sintra !
- Et sur Lisbonne :
Il est superbe cet article ! Sintra à rajouter dans la liste 🙂
Merci Louciie !
Cette fois, c’est François qui a tenu la plume ^^
Sintra est vraiment notre grand coup de cœur de ce voyage, on vous en reparlera encore … !
Le château des Maures avait servi d’arrivée dans la version américaine de The Amazing Race l’année dernière et c’était la première fois que j’en entendais parler ! L’endroit à l’air top et la photo au coucher du soleil très sympa.
Oui, les photos au coucher de soleil quand il n’y a pas de pluie ni de brume, ça doit être super. Idem, mais plus acrobatique, depuis les tyrolienne 🙂
Ahh mince je n’avais pas fais attention ! J’avais cru que la photo était la tienne !! Je me disais d’ailleurs en lisant l’article, « pour une journée de pluie, les lumières sont plutôt sympas » haha.
Hé hé, pas de soucis Tugdual. En fait, la vue est l’une des choses les plus importantes de la visite pour pas mal de touristes de ce château, c’est pourquoi, au vu du temps qu’on a eu, j’ai préféré ajouter une photo dont on a eu l’autorisation. J’aurais aussi pu le faire pour le Palais de Pena, mais je n’ai pas trouvé mon bonheur dans ce qui m’était gentiment proposé par l’Office du Tourisme de Sintra.
Bon sang que c’est beau !! C’est définitivement un lieu à voir, j’espère que je me rappellerai de ton article si un jour je vais à Lisbonne…
Merci Cindy,
si tu comptes aller à Sintra, je ne peux que te conseiller de prévoir 2 à 3 jours pour profiter du « minimum ». Il existe des tours organisés en une journée depuis Lisbonne, en allant visiter d’autres villages. La visite de Sintra se limite alors au Palais de Pena. Il est certes très beau, mais ce n’est pas ce que j’ai préféré de Sintra.
Ah, Sintra! Gros coup de coeur pour bien des voyageurs… Je recommande aussi la visite de la Quinta da Regaleira 😉
Ho oui ! Je suis on ne peut plus d’accord avec toi !
Lorsque nous avons passé deux jours à visiter Sintra, nous avons terminé (en beauté) par Quinta da Regaleira. J’avais déjà un coup de coeur pour cette ville, mais ce palais (et surtout ses jardins) on fini le travail : je suis amoureuse de Sintra ! ^^
J’ai tellement à dire sur Quinta da Regaleira que je prépare un article rien que pour lui (mon chouchou ! 😉 ) … à suivre 😉
Je ne connaissais pas du tout Sintra. Au vue de tes photos et ton article ça peut être intéressant de se prévoir 2 ou 3 jours pour aller découvrir ce lieu. Tu te souviens des différents tarifs ? Train ? Palais de Montserrate ? Guides ?
Salut Thomas, merci pour ton commentaire.
Oui, Sintra vaut vraiment la peine d’être vue et qu’on lui consacre au minimum deux jours, comme nous l’avons fait (ce qui avait malgré tout un gout de trop peu).
Pour les informations que tu demandes, rassure-toi, elles vont arriver prochainement 😉
Je prépare un article sur les conseiles et informations pratiques pour visiter Lisbonne et Sintra … à suivre ! 😉
Bonjour,
Génial ton site. Nous sommes justement en train de préparer notre voyage au Portugal. Nous avons prévu de consacrer 2 jours à la visite de Sintra.
J’ai vu que tu avais pris un guide francophone pour faire tes visites. Pourrais-tu nous donner ses coordonnées ?
Quels sites nous conseillerais-tu ?
Nous avons sélectionné
– Palais de la regaleira
– Palais de pena et sintra
– Palais de Monserrate
– Château des maures
– Palais de Queluz
Je précise que nous logerons à Cascais et que nous prévoyons de visiter le Palais de Queluz le 3e jour en partant.
Nous souhaitons également voir Cabo da roca et boca do inferno.
Bonjour Sylvie, merci pour ton commentaire, ravie que le site et cet article te plaisent.
Très beau projet de voyage à Sintra : super ! Génial de voir en n°1 de ta liste Quinta da Regaleira : ça a été ma visite préférée ! Je lui dédie tout un article : « L’énigme de Sintra : Quinta da Regaleira (attention spoilers !) ».
Pour avoir une idée de tout ce que nous avons pu visiter en 2 jours à Sintra, je t’invite à lire l’article « Sintra : informations pratiques ».
Nos guides, pour chaque visite, étaient toujours des guides attachés à chaque domaine/palais visité… et pour être honnête, je ne me souviens même plus si nous avons fait les visites en français ou en anglais. N’hésite pas à aller sur le site internet des différents sites si tu souhaites réserver une visite guidée et pour trouver plus d’informations concernant les langues de visite disponibles.
Bons préparatifs et surtout bon séjour à Sintra !