Ici, cela ne ressemble pas au bout du monde. Cela serait plutôt le milieu, le milieu de tout et surtout de nulle part. C’est après 36 h de navigation avec la mer comme seul horizon que nous apercevons enfin des nuages agglutinés, signe que nous approchons bientôt d’une terre. Un ilot volcanique vient rompre enfin la monotonie du bleu infini. Dans ce second carnet de Polynésie, je vous emmène découvrir un petit bout des fameuses iles Cook : Aitutaki et Rarotonga.
Nature et abondance
Arrivés sur la première ile Cook, pour découvrir les environs, nous montons à l’arrière d’un 4X4 apte à sortir des sentiers battus. Il nous amènera au cœur de l’ile, au pied des sites sacrés comme sur les hauteurs pour profiter de la vue sur la baie.
En route, tout comme à Huahine, notre guide nous détaille les arbres, les plantes et les fleurs qui nous entourent. Ici une écorce utilisée pour confectionner des vêtements, là une racine aux vertus médicinales, sans oublier les fruits qui semblent se multiplier plus vite que les hommes ne peuvent les manger. Le guide finit par nous dire en riant :
Ici, la nature est comme notre magasin, impossible de mourir de faim !
Tout à coup, me voilà avec l’image d’un livre d’Amélie Nothomb en tête, Biographie de la faim. Elle y parle d’un archipel non loin d’ici : le Vanuatu. Des iles qui, dit-elle, n’ont jamais connu la faim. Une sorte de condamnation à la surabondance perpétuelle.
Il n’y a pas d’appétit au Vanuatu. On y mange par complaisance, afin que la nature, qui est là-bas l’unique maitresse de maison, ne se sente pas trop offensée. C’est elle qui s’occupe de tout : le poisson, on le met à cuire sur une pierre brulante de soleil, point final. Et bien évidemment, c’est délicieux, sans effort « c’est pas du jeu », a-t-on envie de se plaindre.
Les autres passagers semblent rejoindre les pensées d’Amélie Nothomb : « c’est pas du jeu », il doit y avoir d’autres difficultés qui viendraient compliquer la donne. « Il y a-t-il des animaux dangereux sur l’ile, demande l’un, comme des serpents ? ».
Non, pas de serpents, pas de crocodile, rien de tout cela. Ici, tous les animaux qu’il y a sur l’ile, ils ne sont pas dangereux… et on les mange.
Exception faite, me dis-je tout bas, des moustiques qui semblent festoyer sur nos peaux exotiques. Un sentiment de nature nourricière, semblable à celui trouvé à Huahine, émerge à nouveau.
Aitutaki et Rarotonga, histoire et paysage
Si chaque ile est différente, les tours que nous avons pu faire sur les deux iles Cook où nous avons posé les pieds, Aitutaki et Rarotonga, nous ont offert le même aperçu. Une nature sauvage verdoyante, quelques plages dignes de Robinson Crusoe et un contact avec l’Histoire, que ce soit celle des Polynésiens, des premiers contacts avec l’Europe ou, plus tard encore, les traces de Guerre Mondiale.
Aitutaki
Sur Aitutaki, nous marchons entre les pierres du site sacré d’Are Mango et Poatu o Rae. Perdu au milieu des plantes qui semblent avoir l’ambition de tout recouvrir, ce site est accessible par un petit sentier dans lequel notre véhicule n’a aucune difficulté à se frayer un chemin.
Effritées par le temps et la pluie, des pierres poreuses sont plantées en ligne droite. Elles représentent un des lieux les plus sacrés de l’ile pour les habitants. Une variante du marae que nous avions vu à Huahine. Ici, les grands moments de la vie étaient célébrés, depuis les rites de passages jusqu’aux naissances qui avaient lieu sur une grande pierre plate face à elles.
Entre les herbes hautes et les basses branches d’un manguier alourdi par ses fruits juteux, nous essayons de nous imaginer la vie qu’avaient les habitants de cette ile avant… tout en restant bien à l’ombre ! Si nous nous réjouissons tous du ciel bleu qui nous accompagne aujourd’hui, je limite les opportunités données au soleil de venir caresser ma peau, ses caresses étant trop mordantes pour moi !
Notre excursion continue vers les hauteurs de l’ile. Le mont Maungapu nous offre une belle vue sur le récif corallien qui encercle Aitutaki, tel un anneau protecteur. Pas étonnant qu’Aitutaki soit surnommée la petite Bora Bora !
Une des femmes travaillant à bord du Paul Gauguin, qui s’est jointe à nous pour le tour, nous avoue que les membres de l’équipage redoutent souvent le passage par les iles Cook. La mer y est plus agitée qu’ailleurs, au point même parfois de devoir faire annuler la sortie à terre. C’est vrai que les vagues que nous avons bravées dans le petit bateau de transfert entre le navire et l’ile avaient de quoi impressionner… Et d’autant plus quand on sait que ce que nous avons vu, c’est la version calme !
Alors que mes yeux tentent d’imprimer toutes les couleurs et nuances de bleu et de vert que le paysage nous offre, mes mains saisissent un fruit de la passion et un morceau de noix de coco. Une pause sucrée avec une vision paradisiaque, à l’image de l’aura d’abondance de cette ile.
Nous redescendons vers la côte, découvrant la plage paradisiaque de O’otu, aux bancs de sable permettant aux marcheurs de se retrouver au beau milieu de l’eau tout en étant au sec. Mes pieds s’enfoncent dans le sable chaud et doux, jusqu’à aller gouter l’eau du bout des orteils. Parfaite ! Une invitation à la paresse rafraichissante à laquelle beaucoup de personnes, voyageurs comme insulaires, ont répondu avant moi. L’ambiance est à la sieste, au farniente et à la contemplation. Ce sont les vacances pour tout le monde, les enfants de l’ile n’ayant pas encore repris l’école.
Nous nous apprêtons à quitter l’ile, mais nous arrêtons encore une dernière fois pour saluer l’ancêtre de l’ile : un arbre vieux d’au moins 300 ans nous dit-on. Si sa taille et ses branches sinueuses ont de quoi impressionner, c’est sa structure qui fascine le plus. Ses racines semblent s’élever loin au-dessus du sol, se rejoignant de part et d’autre de la route de l’ile. De grandes lianes pendent le long de son tronc, invitant les petits et grands enfants à se prendre pour Tarzan. Le guide ajoute même que, enfant, il le surnommait l’arbre aux singes. Sa taille et ses branches entremêlées me font penser à ces arbres magnifiques qui s’insinuent entre les pierres des temples cambodgiens.
Rarotonga
Nous découvrons la silhouette de Rarotonga sous la brume, entourant l’ile d’une aura mystérieuse. Nouvelle ile, toujours les iles Cook et encore une nouvelle journée de découverte qui s’offre à nous avec, toujours, un accueil polynésien sur le quai d’arrivée.
À Rarotonga, encore un 4X4, plus rustique cette fois, et une route encore plus sauvage pour un résultat plus mouvementé comme prévenait le programme. Les sites s’enchainent, avec l’impression parfois que le guide tente de vendre un terrain sur son ile, tant il en parle avec amour et fierté… et fait visiter les moindres recoins utiles au primoarrivant : ici la poste, la banque, l’hôpital, l’école… Une vie de village en somme !
Le site archéologique, moins éloquent par ses vestiges que les précédents, connecte les paysages à l’histoire. L’imagination court entre les herbes hautes et la roche volcanique. Avant, avant…
Les points de vue sont toujours aussi beaux, noyant les bleus profonds et turquoise derrière un océan de vert. Tout comme les plages, même si elles sont moins nombreuses qu’on pourrait s’y attendre sur une ile du Pacifique. Finalement, je me dis que le cœur de ces iles, ce n’est pas les plages de sable fin et les lagons turquoise. C’est aussi et surtout la nature sauvage, se développant à foison sur un bout de terre émergé en pleine mer, résultat de l’activité volcanique intense qui gronde sous la plaque tectonique de l’océan Pacifique… Une histoire de force de la nature en perpétuel mouvement.
Les iles Cook, bout du monde pour navigateurs
Le nom Cook m’évoquait des livres d’aventures, un navigateur explorant les iles du bout du monde, un peu comme lors de notre merveilleux voyage en Antarctique. En arrivant, j’ai découvert des nuances de bleu et de vert, ainsi qu’une mer sauvage qui a dû donner du fil à retordre aux marins polynésiens naviguant d’ile en ile.
À ce stade du voyage, je n’ai qu’une envie, retrouver la Polynésie Française et atteindre l’ile au nom le plus mythique qui soit… Bora Bora, notre prochaine étape !
En partenariat avec l’agence Voyage de Légende et les croisières Paul Gauguin, dans le cadre de l’opération « Tahiti et ses iles : l’éveil des sens ».
- Les autres carnets de ce voyage :
- D’autres voyages paradisiaques :
- D’autres voyages en mer :
Merci pour cet article, il est magnifique !
Merci beaucoup Yelena pour ton gentil message, ravis que ce deuxième carnet de Polynésie te plaise 🙂
Wow impressionnants ces paysages! C’est vraiment paradisiaque…
Merci beaucoup Samsha ! ^_^ Oui, les paysages de Polynésie sont vraiment beaux… Hâte de vous montrer la suite, on a encore plein de belles photos à vous partager !
Bonjour,
Qu’est ce que vous utilisez comme appareil photo ? et objectifs ?
Merci
Bonjour Thibaud,
nous utilisons principalement un Olympus EM-5 Mark II (mon test de cet appareil photo), les objectifs que nous utilisons sont également dans cet article de test.
Merci Amandine et François pour ces Superbes photos,
Je me régale toujours de Vos photos et récits 🙂
Ce n’est pas le Bout,du Monde,
Mais, le milieu du Cœur du « Bout du Monde » 🙂
Le milieu de la mer, ce Grand pacifique,
Ce sont des heures et des heures de bateau ou de pirogue à balancier ou pas,
Oui, c’est Magique !
Rien dans les mains, rien dans les poches !
L’on débarque sur un petit ilot, en pirogue,
Du poisson tout frais pêché dans les eaux translucide du lagon,
Quelques fruits de l’arbre à pain, noix coco et son eau bien fraîche,
Un feu de bois et le tour est joué !
Oui… cela ne peut que « vous » redonner l’Envie de repartir 🙂
Mon rêve retourner à Wallis et Futuna !
Particulièrement « Futuna » à 350 km de Wallis la grande île… et
Alofi…que l’on peut rejoindre à pied à Marée basse,
Un habitant 🙂
C’est toujours avec plaisir que je prends le temps,
De me nourrir de vos Voyages, Aventures, mésaventures, photos, et
Tes écrits Amandine, que j’Adore, marqués d’Une « Ferveur »… inaltérable 🙂
Impressionné, par les Superbes photos de l’Arctique !
Voilà, voilou,
Que du bon du Bon, à Vous deux
Envie de Sulawesi… îles Togian « Malenge »
En pensant également à Futuna.
Bonne réception
Lire ta nostalgie heureuse de Futuna donne envie ; on te souhaite d’y retourner un jour 🙂
Merci, comme toujours, pour tes gentils messages… et beaux voyages !
Bonjour
C’est par hasard que je tombe sur votre récit !
Nous préparons un voyage de plusieurs mois en Polynésie, et malheureusement les iles cook ne sont pas au programme…
Mais merci, vous m’avez donné raison une fois de plus de vouloir réaliser ce voyage une fois dans sa vie.
Ce qui est formidable avec des gens comme vous , vous réussissez à nos transmettre presque les odeurs de votre voyage et l’informatique ne sait pas le faire, mais vos photos et commentaires sont comme un arbre de vie avec ses fruits magnifiques…
Merci à vous pour ce moment partagé
Merci beaucoup Sylvain pour ce gentil message, ça nous fait très plaisir ! 🙂
Et beau voyage à vous, plusieurs mois en Polynésie, vous aurez vraiment la possibilité de vous immerger dans les paysages et la culture !
Bonjour,
Merci pour votre partage, un jour je partirai m’installer aux Iles Cook… Vos photos/récits me montrent encore que c’est ma destination de rêve… et je pourrai peut être finir de décider mon fils grâce à vous 🙂
Vos photos sont vraiment magnifiques !