Je suis parti (seul, malheureusement) en Colombie-Britannique au Canada fin septembre, avec pour premier objectif une rencontre avec des grizzlis.
Ce voyage a été fantastique, surtout que la baie de la Désolation (Desolation Sound), sur la Sunshine Coast, m’a offert son programme le plus complet de séduction !
Un logement loin de la civilisation
Première étape de ce voyage dans l’ouest canadien : depuis Vancouver, un avion régional qui m’a amené à Powell River, avec un enregistrement même 15 minutes avant d’embarquer, et sans contrôle de sécurité à passer. Bref, on ne perd pas de temps. Le trajet dure 30 minutes, et l’avion de Pacific Coastal Airlines, un Beechcraft, vole très bas et permet de profiter d’un splendide paysage.
Une fois arrivé·e·s à Powell River, nous nous mettons en route pour Lund où nous attend le Pacific Bear, un ancien bateau de pêcheurs transformé en petit bateau de transport de touristes. Dès la sortie du port, des jets d’eau se laissent entrevoir de l’autre côté de la baie : il y a des baleines à bosse qui nagent et se dirigent droit sur nous !
Le bateau dérive désormais lentement, les moteurs coupés. En effet depuis quelques mois au Canada, il est interdit de s’approcher à moins de 200 m des baleines. Au bout d’un quart d’heure, elles sont assez proches pour que je puisse les prendre en photo à main levée avec mon téléobjectif. Je suis aux aguets : je veux essayer d’isoler le moment où elles plongeront pour la seconde fois et qu’elles sortiront la queue de l’eau. Je suis prêt ! Patience…
Malheureusement pour moi, même si j’ai pu photographier les queues des baleines, elles ne sont pas sorties énormément de l’eau pour bien les voir, et les avoir. Mais malgré ces photos pas aussi grandioses que celle prise lors de notre voyage en Antarctique, je ne suis (vraiment) pas déçu. Les voir, même ainsi, était déjà très excitant ! Les baleines possèdent ce pouvoir de fascination sur à peu près tout le monde. En animaux terrestres, je pense d’ailleurs que seul le panda détient un pouvoir similaire…
La baie de la Désolation
Avec un nom pareil (Desolation Sound en anglais), je m’étais imaginé cette baie avec beaucoup d’à priori… Quelle erreur ! Je découvre un paysage à couper le souffle et une réflexion sur l’eau proche de la perfection. Le bateau profite du temps imparti pour entrer dans certains culs-de-sac, pour nous en montrer toujours plus.
Au bout de 3 h dans ces baies et chenaux, nous débarquons au Homfray Lodge (dans le… Homfray Channel, étonnant non ?), où une dizaine de kayaks et quelques jeux aquatiques reposent sur le quai. Ça présage beaucoup de bon !
Ici, plus aucun réseau téléphonique. Seule une connexion Wifi par satellite depuis le salon principal permet encore d’avoir (lentement) un lien avec le reste du monde. Mais en venant ici, est-ce vraiment ce que l’on souhaite ? J’ai le sentiment d’être accueilli comme en famille. Ici les bungalows ne sont pas fermés à clé, sauf si on le souhaite vraiment. Il n’y a personne à plus d’un kilomètre à la ronde de toute manière. Le chef cuisinier, Chris, s’adapte à tou·te·s pour les repas, et s’en sort très bien, tout le séjour aura été délicieux.
Le soir tombe, il est temps pour moi de découvrir mon bungalow pour cette nuit et la suivante, car demain c’est programme grizzli ! De quoi me plonger dans de beaux rêves en pensant à demain…
Perte de repères
Au matin, je me suis levé tôt, avant le lever du soleil pour photographier les premières lueurs du jour. J’ai été un peu déçu en sortant de mon bungalow, un brouillard dense ayant profité de la nuit pour se propager en face du site.
Mais comme le soleil semble se lever derrière le site, je tente quand même et monte seul dans un des kayaks. Je commence à pagayer sans voir plus loin que le bout de mon embarcation.
Le lever de soleil n’aura pas été terrible, mais l’expérience du kayak perdu dans le blanc infini m’a beaucoup plue.
Il est temps à présent de retourner vers le lodge, je crains un peu de sortir seul du kayak et hésite à m’échouer sur la petite plage de rochers plutôt sure de passer par le quai. Finalement, Chris apparait au loin et vient m’aider de son propre… chef (merci le jeu de mots pourri).
Toba Inlet
Un petit-déjeuner plus tard, nous nous mettons en route pour la réserve de Toba Inlet. Nous faisons d’abord un détour par une plage où se rendent souvent les grizzlis, mais personne ne se présente. Nous continuons dès lors vers Toba Inlet, où des otaries nous regardent arriver depuis des troncs flottants.
Nous sommes accueilli·e·s par Aleata (qui se prononce « Alita »), une pétillante étudiante en écotourisme qui travaille temporairement ici pour la saison d’été, en attendant de terminer ses études à Vancouver cet hiver. Elle fait partie des autochtones du pays, son nom vient en réalité de l’espagnol et signifie « petite aile ».
Et comment dire ? Même si je n’avais pas vu d’ours, de la rencontrer et d’écouter son histoire à propos de son cheminement personnel, de ce qu’implique d’être autochtone au Canada, de ne plus être honteuse de ses origines et de réussir à s’extirper des clichés qui entourent ces communautés… Oui, déjà rien que pour ça, j’étais heureux d’être venu ! Elle devrait d’ailleurs travailler à partir de l’année prochaine au Homfray Lodge, et c’est tout le mal que je lui souhaite !
Ma première rencontre avec des grizzli est entrée assez rapidement dans le vif du sujet. En effet, dès notre arrivée au pont, un grizzli apparait au détour de la rivière et vient lentement dans notre direction. Au bout de 25 minutes d’observation, la star poilue du jour sera passée sous nos pieds, laissant derrière elle le pont pour poursuivre sa descente de la rivière, tout en effrayant un héron paisible sur son ilot au passage. Nous repartons ensuite vers un poste d’observation plus officiel.
À peine descendu de voiture, on me fait signe de vite monter dans l’observatoire : un grizzli est couché à peine à 25 mètres de nous, au bord de la rivière.
Un oiseau, qui me semble être un corbeau, vient au même moment parader devant l’ours, qui finit par se lever et nager dans la rivière.
Après quelques minutes seulement, il semble plus curieux, comme cherchant quelque chose. Et soudain, paf ! Il attrape un saumon avec sa gueule, le ramène à terre, et le dévore peu à peu.
Un autre grizzli arrive peu de temps après, mais ne semble pas être invité au repas. Aleata en profite pour nous montrer sur une buche les traces de griffes des grizzlis.
Pendant cette visite de la réserve, j’ai également pu voir, pour mon grand plaisir d’amateur de photographie d’oiseaux, deux aigles et un martin-pêcheur. Il est temps de rentrer au lodge, où l’on m’a recommandé un plan alléchant pour l’après-midi.
Comme un explorateur
Le plan est simple : je prends un kayak, je longe la côte pendant environ 30 min, je croise des otaries, une cascade, des huitres et des étoiles de mer, et j’arrive à destination. Là-bas, des pictogrammes très bien conservés, laissés par les ancêtres autochtones, m’attendent. Pam, qui travaille au lodge et qui était en pause, accepte de m’accompagner, car j’ai peur de passer devant le site sans le savoir et… de terminer en Alaska (je n’exagère jamais, vous me connaissez !).
Une fois arrivé·e·s, il m’est difficile d’exprimer ce sentiment qui m’a envahi depuis mon petit kayak, à regarder cette falaise rocheuse et ses pictogrammes rouge vif. À la fois une impression de voyager dans le temps, mais aussi ce sentiment d’être si petit dans le paysage, mais aussi face au temps et à l’Histoire.
Une fois de retour au lodge, j’en ai profité pour me rafraichir en sautant depuis le ponton, le temps d’une courte baignade.
Une revanche rafraichissante
Le lendemain, j’ai voulu prendre ma revanche pour le lever de soleil, tout en espérant que le brouillard ne se joindrait à la fête. Andrea, une journaliste du groupe, s’inscrit à la balade matinale. Une fois l’avoir aidée à s’installer, je monte dans mon kayak et… bascule à l’eau ! Plouf !
Comme il faisait froid, j’étais chaudement habillé. Je nage donc péniblement vers l’échelle du ponton dans cette eau à 14 °C (ce qui peut sembler beaucoup après mon plongeon en Antarctique, mais quand même !). Heureusement, mon téléphone a survécu à la baignade matinale, malgré l’eau salée. Je ne m’en sors donc pas si mal et heureusement j’ai une seconde paire de chaussures avec moi ! J’ai toujours dit que j’étais chanceux ! Il me faudra près de 15 minutes pour remonter et vider mon kayak avec la pompe, la photo ci-dessous a été prise juste après ces efforts.
Je n’ai pas assez de temps pour sécher tout ça avant de repartir vers Lund. Tant pis, je mets mes vêtements dans un sac étanche en attendant et rejoint le groupe pour la suite du programme.
Une ultime rencontre ou une rencontre ultime
Nous entamons notre retour vers Lund au petit matin, en zodiaque cette fois. Un trajet retour d’1 h, à pleine vitesse, ça décoiffe ! À mi-chemin, des jets d’eau apparaissent au loin : des orques en vue !
Et pas n’importe lesquelles, une famille avec un enfant et un bébé de 3 semaines à peine ! Les lumières matinales dorent les jets d’eau de ces cétacés, nous offrant un spectacle qui me laisse sans voix.
Pour information, il n’est possible de voir ces animaux magnifiques que sur la côte ouest du Canada, la côte est n’en a pas.
Rapide, mais importante parenthèse : il y a un très gros risque pour que cette expérience que je viens de vous partager n’existe plus ici, en Colombie-Britannique, et ce dans une poignée d’années à peine ! J’en profite donc, si jamais vous n’en avez pas encore entendu parler, pour vous enjoindre à découvrir le projet #WeAreTheOrca (« nous sommes l’orque »), lancé entre autres par mes ami·e·s blogueur·euse·s voyage français·e·s, Morgane Trussardi (alias Little Gipsy) et Bruno Maltor (Votre tour du monde) qui militent pour sauver les orques canadiennes. Signez la pétition et soutenez ce projet, même juste en le partageant.
La Sunshine Coast et son trail
De retour à Lund, je me prépare depuis l’hôtel Lund, au pied du port, pour faire une section du trail de la Sunshine Coast.
Je ne suis pas un addict de promenade en forêt (enfin, de ce type de forêt, la forêt amazonienne là j’ai aucun souci), même si j’aime marcher. Du coup, j’ai adoré les pauses au bord des lacs et dans un refuge public avec une vue imprenable sur la côte. Le reste, tout en étant un agréable environnement de marche, n’était pas vraiment « mon truc », je préfère les espaces plus dégagés visuellement. Mais si c’est le vôtre, le cadre est vraiment idéal. Heureusement pour me tenir compagnie, j’avais l’excellent guide John, un ancien pompier néerlandais venu habiter ici pour lancer une entreprise de kayak et de trek.
Après une dizaine de kilomètres, nous sommes de retour à Lund, où on nous attend pour aller visiter une brasserie locale : après l’effort, le réconfort !
Un gout de déjà-bu
Ici, à la brasserie Townsite Brewing, je retrouve tout de suite mes marques. Si Michele, la patronne, est un personnage inimitable d’origine canadienne, c’est avec un Belge que les bières ont été élaborées. Bref, du déjà-bu, avec mention spéciale pour l’excellente Zwarte, une bière sombre… qui goute la bière blanche ! La brasserie propose un chouette cadre et vaut le détour, même avec des enfants pour qui de vieux jeux d’arcade sont disponibles.
Au soir, repas au Coastal Cookery, qui, même si son personnel et son cadre sont charmants et la cuisine très bonne, a pour seul défaut d’être un peu loin (30 min) en voiture de l’hôtel. Par contre, quelle vue sur le coucher de soleil ! Je n’avais pas prévu ça, et je n’avais donc pas mon appareil photo avec moi (fouettez-moi avec du cèleri), mais franchement, splendide !
De retour à l’hôtel, je profite de cette chambre où aurait apparemment séjourné à plusieurs reprises un certain John Wayne. L’Historic Lund Hotel se veut à la fois luxueux, et classique pour son design. Un hôtel de charme qui appartient à une communauté autochtone locale. Je vous conseille aussi, même si vous n’êtes que de passage pour prendre un bateau, d’aller visiter gratuitement la galerie d’art qui se situe en dessous de l’hôtel et qui regroupe plus de 30 artistes locaux·les.
Le mot de la fin
J’ai vécu cette expérience dans le cadre de GoMedia 2018, un évènement qui rassemble médias et spécialistes du tourisme canadien. J’ai pris part à un programme spécialement conçu pour nous lors de mon séjour au Homfray Lodge. Normalement, les résident·e·s du lodge bénéficient d’un « package tout compris » de minimum 3 nuits, avec les trajets en bateau déjà inclus, ainsi que la visite à Toba Inlet.
Cette première découverte de la Colombie-Britannique et rencontre avec des grizzlis m’a mis l’eau à la bouche. Moi qui n’avais encore aucune image particulière de cette région du Canada, j’ai été agréablement surpris… et totalement séduit ! Hâte d’y retourner avec, la prochaine fois, Amandine et Manoa à mes côtés.
Sur Instagram, vous pouvez retrouver les 132 stories de ce voyage sous les groupes « Canada 1/2 2018 » et « Canada 2/2 2018 » de notre compte Instagram.
En partenariat avec Destination British Columbia, Sunshine Coast Tourism, Homfray Lodge, Footprint Nature Explorations, Pacific Coastal Cruise, Pacific Coastal Airlines, Historic Lund Hotel, Townsite Brewing, Coastal Cookery et RJ Mitchell Shuttle Service.
Articles similaires :
- Carnets d’Antarctique
- Carnets de Polynésie
- Tourisme expérientiel dans les Andes
- Dormir dans le plus vieil hôtel du monde
Impressionnant! Et de superbes photos!
Merci Eimelle ! En effet autant les paysages que les animaux croisés étaient époustouflants !
Wow, fantastic photos François!
Thanks Heather, glad you liked my work in your beautiful British Columbia!