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Un sac sur le dos Un sac sur le dos
Amandine

La Grande Odyssée, vous vous souvenez ? Cette course de chiens de traîneau unique en Europe … Après un premier portrait orienté musher avec une interview de Sandrine Muffat, place au second volet. Au programme : l’équipe à côté des mushers avec les vétérinaires et les handlers, le musher Eric Château et surtout, tout savoir (ou presque) sur les chiens de traîneau !

Prêts à devenir musher ?

Ce qui frappe le premier chez un Musher ? Ses chiens !

Premier jour, je me promène entre les caravanes des chiens un peu avant le départ, près du centre ville des Gets. L’ambiance est électrique, les chiens sautent sur place et se mettent à hurler tels des loups. Mais une meute m’attire plus particulièrement : celle composée de magnifiques husky de Sibérie. Je sais, ce n’est absolument pas objectif, mais j’ai un coup de coeur pour ces beaux chiens aux airs nordiques. Ce sont ceux d’Eric Château.

Il ne faut pas croire qu’ils sont majoritaires, au contraire : ces chiens, plutôt adaptés à la randonnée, ne sont pas les plus rapides ni les plus performants pour ce genre de compétition. Ils se voient donc souvent remplacés par des Alaskan Husky, une race croisée, créée pour la compétition de haut niveau.

Husky à Les Gest, La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc
Husky de Sibérie versus Alaskan Husky

Les athlètes à poils

Il faut s’imaginer que ce genre de course est un peu comme l’Ironman des chiens (ou « Irondog » ?) : ce sont des athlètes à part entière ! Et comme tout athlète, le chien doit bénéficier du bon entraînement et du bon encadrement. L’entraînement de ces athlètes à quatre pattes se fait à l’inverse du nôtre : les chiens commencent par travailler le poids (la force) avant la vitesse. Mais comment s’entraîner quand il n’y a pas de neige ? C’est très simple, il suffit de leur faire tirer un quad !

L’entraînement ne fait pas tout : bien placer ses chiens de traîneau a également une importance capitale ! Il est conseillé de positionner les chiens les plus fins et rapides (souvent les femelles) à l’avant, pour donner le rythme, et les plus costauds à l’arrière, pour tirer le poids du traîneau. Mais ce ne sont pas les seuls critères : s’ajoutent aux considérations le tempérament de chaque chien et sa place dans la meute.

J’ai pu l’observer avant les course, chaque chien a un caractère bien à lui, qui se marque d’autant plus dans l’ambiance fébrile de l’attente du départ : l’un est surexcité et saute sur place, l’autre hurle comme un loup, certains ont la queue entre les jambes ou tremblent, oreilles baissées …

Combien ça coûte ?

Niveau budget, chaque chien coûte entre 500€ et 2.500€, mais la plupart du temps, le musher constitue sa meute avec des chiens issus de son élevage familial. Le gros poste concerne l’alimentation : comptez environ 6.000€/an. Et, à ce que j’ai pu comprendre des handlers, le budget bottines (chaussettes) a son importance également, vu toutes celles perdues pendant les courses !

Traîneau dans la montée
Chiens aux bottines oranges

Les chiens avant, pendant et après la course

Quelques gestes sont répétés avant chaque course, pour veiller au confort et au bien-être des chiens, par les handlers et vétérinaires.
Dans l’idéal, chaque chien est massé et étiré pendant une dizaine de minute, afin de le préparer et d’éviter les contractures. Ses pattes sont également graissées, enduites d’un baume protecteur au niveau des coussinets. Parfois, le chien se voit affublé également de bottines, avec lesquelles il a l’allure d’un enfant essayant de marcher pour la première fois avec de chaussures, gêné et maladroit !

Avant le départ également, ils reçoivent une gamelle de pâté mélangé à l’eau, pour les forcer à boire et veiller ainsi à ce qu’ils ne souffrent pas de déshydratation.

Pendant la course, le musher a la possibilité de s’arrêter à des points de contrôle vétérinaire (perdant ainsi 10 minutes de course), afin de vérifier que les chiens sont toujours d’attaque. Il peut également s’arrêter pour leur redonner des forces et des encouragements (« snacker » dans le jargon local), motivation parfois nécessaire avant un grand dénivelé.
Si un chien se sent trop fatigué ou se blesse, le musher peut le placer sur le traîneau.

Après la course, le musher va d’abord penser à ses chiens : les récompenser et les remercier pour ce beau moment, les nourrir et leur prodiguer les soins nécessaires …

La belle équipe : Mushers, handlers et vétérinaires

Les Gets, Savoie Mont Blcn
Handler au travail

Parce qu’un musher seul n’irait pas loin, il existe le « handler » pour le seconder. Petite main, il veille au côté pratique, prodigue les soins aux animaux, …

Et pour compléter cette équipe, s’ajoutent également les vétérinaires. La Grande Odyssée est encadrée par pas moins de 11 vétérinaires, dont le responsable, Dominique Grandjean, connaît tous les chiens de la course (à savoir 400 chiens) par leur nom !

Des chiens en pleine forme

Milagros, vétérinaire espagnole nous confirme que tous les chiens ici sont sains, et qu’aucun ne présente de signes de mal-être ni de dopage. C’est unique à La Grande Odyssée et à la philosophie de respect qu’elle promeut.

Les vétérinaires vont spécialement être attentifs aux signes liés à la fréquence cardiaque, le mal de l’altitude, la température, la diarrhée et la déshydratation. Ils contrôlent également que le musher emporte sur son traîneau tout le matériel nécessaire (comme le ravitaillement des chiens).

Portrait de musher : Eric Château

Cela fait une vingtaine d’année que les huskys de Sibérie ont fait leur entrée dans la vie d’Eric, et c’est devenu une véritable passion familiale.

Dans ce genre de passion, faut partager avec la famille !

Tom, fils et handler d’Eric Château
Megève, Savoie Mont Blanc
Eric Château

Il sait que ses chiens ne sont pas les plus compétitif, et il court « juste » pour le plaisir.

Eric, français habitant en Suisse, participe à différentes courses en Europe (Norvège, Tchéquie) et cette année, c’est sa première participation à LGO.

Mais Eric n’est pas que musher : à côté de sa passion pour les chiens, il est infirmier de nuit.

Histoires de musher

Dans le cadre de La Grande Odyssée, chaque musher a partagé une de ses plus belles histoires, voici celle d’Eric, digne d’une scène tirée directement d’un film…

Eric et Iswan

Eric Château: « Il me vient à l’esprit une anecdote qui m’est arrivée lors d’une course : la Transalp Paul Émile Victor en 2001. »

Lors de l’étape Valmenier-Valfréjus en Maurienne, nous devions franchir le col du Thabor qui culmine à environ 3000m d’altitude. A l’époque j’avais 4 chiens. La montée fût longue et difficile pour mes chiens et moi, sans compter que le traîneau était chargé à bloc. Dans les derniers mètres, les plus difficiles car la fatigue commençait à se faire sentir, j’étais à bout de forces, tant sur un plan physique que moral. J’étais devant les chiens pour les aider à tirer le traîneau, je les haranguais pour les encourager à aller jusqu’au bout. Mais rien n’y faisait, ils ne voulaient pas aller plus loin.

Au moment ou je dis à mon chien de tête : « C’est bon Iswan, tant pis on fait demi tour et on rentre », il se mit à aboyer sur le chien à côté de lui et tous les chiens se remirent dans le harnais et tirèrent comme des fous ! Nous avons réussi à franchir le col du mont Thabor pour redescendre ensuite dans la vallée et ainsi terminer l’étape !« 

Rémy et Matis

Avant de terminer ces portraits de mushers, je vous invite à découvrir l’histoire qui a été élue « meilleure histoire de musher » à Megève : celle de Rémy Coste, qui a finit deuxième à La Grande Odyssée 2014.

Ecrite par la maman du petit Matis, enfant handicapé, elle nous raconte la rencontre entre son fils et les chiens de Rémy.

Une belle histoire et une belle preuve de la générosité des mushers, Rémy allant jusqu’à donner un de ses chiens au petit Matis. Vous pouvez découvrir l’entièreté de l’histoire ci-dessous.

L’histoire de musher de Rémy Coste :

Je suis la maman de Matis, 14 ans, atteint d’Hémiplégie Alternante, il se déplace en fauteuil roulant, il sait depuis peu répondre par oui et non à l’aide de pictogramme. Ses progrès pour communiquer sont considérables, c’est génial car il est de plus en plus présent.Nous sommes partis en Février dans les Alpes, nous allons toujours dans les Alpes, c’est notre destination préférée Hiver comme été ! J’étais super fatiguée, Matis faisait toujours trop de crises, et nous n’avions plus envie de rien… le ras le bol, la déprime, les nerfs quoi !J’ai rencontré Rémy et ses chiens de traîneaux, pendant une balade avec les chiens que j’avais organisé pour Matis. Une activité nouvelle, loin des bruits de la station de ski en pleine nature; le handiski ne correspondait plus à ses capacités, trop de stress,surtout sur le télésiège… J’ai donc opté pour les chiens ! Quelle belle surprise lorsque j’ai vu Matis applaudir les chiens et se mettre debout dans le traîneau ! La balade fût délicieuse, une heure de cheminement dans les sapins, glissant sur la neige, des virages, de la descente sportive mais douce. Matis s’est régalé de cette aventure, alors nous avons recommencé et le bonheur pour Matis était au rendez-vous. Puis nous occupions nos journées à aller voir les chiens, nous nous sommes liés d’amitié avec Rémy et Sandrine Coste qui ont l’association RÊVES ET PASSION à Saint-Nicolas-la-Chapelle. Matis était très heureux de retrouver les chiens, je lui ai fabriqué un traîneau avec une vielle luge Davos (la plus longue) et une coque récupérée à l’IEM, je pouvais donc l’emmener sur la neige à la rencontre des chiens, car en fauteuil c’est plus compliqué… Alors avec Matis nous nous sommes mis à parler chiens, à rêver chiens… et Rémy a dit à Matis qu’il lui ferait une surprise le lundi suivant. Quand nous sommes revenus le voir ce jour-là, Rémy a offert à Matis une Malamute d’Alaska « Boréale », la crème des chiens… Et nous voilà partis avec Bobo, la gamelle, la laisse, le harnais et même les croquettes !!! Nous sommes restés plus longtemps que prévu en vacances, en stage d’adaptation avec Boréale, et nous avons découvert que notre vie pouvait être tendre et douce, amusante, surprenante ! La maladie apporte tant de contraintes… nous réapprenions à vivre grâce à Boréale ! Nous sommes restés en contact avec Rémy et Sandrine longtemps, au début souvent, pour parler simplement, ils sont devenus nos amis, et Boréale notre fidèle compagne ! Depuis elle a appris à tirer Matis en randonnée, elle ne le quitte jamais, elle le réveille le matin avec des hou-hou -hou comme le font les chiens de l’Arctique, elle s’inquiète de son état lorsqu’il est en crise et se couche à ses côtés, Matis a appris à la caresser, à l’observer. J’ai même demandé l’aide animalière de la PCH, je suis allée parler de cette activité en commission à la MDPH, ils ont compris que Boréale était très utile à Matis, et ils nous ont donné l’aide à titre exceptionnelle, car Boréale n’est pas labellisée, elle a eu la formation des chiens de traineaux… Ce n’était pas un rêve, mais bien comme dans un rêve, l’histoire continue avec BOBO ! (Sophie, maman de Matis, hiver 2011)

Fin de la balade : tout le monde descend !

La balade en traîneau prend fin ici ! Pour les frustrés, les curieux, les passionnés, j’ai néanmoins une bonne adresse pour aller étancher votre soif de neige et de chiens : Musher Expérience.

J’ai découvert le blog de Bastien tout récemment : il vous en apprendra beaucoup sur cet univers. Avis aux mushers en herbe : il propose un ebook gratuit avec plein de bons conseils pour devenir musher !

Avec ça, plus d’excuses, on se retrouve tous à La Grande Odyssée l’année prochaine 😉

La Grande Odyssée Saboie Mont Blanc
Les oreilles au vent

Pour aller plus loin

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6 réponses à “La Grande Odyssée : portrait de mushers (2/2)”

    • Merci à toi Mathilde, pour ton commentaire et ton retour positif ^^

      Contente que cette sére d’article trouve des amateurs et dévoile de nouveaux passionnés 😉

  1. Question de novice qui n’y connait rien, elles servent à quoi ses bottines mises aux chiens ? Pour pas qu’ils ne se blessent ou pour le froid ?

    • Salut Laurent,
      Ce n’est pas une bête question du tout, la preuve, je me la suis posée également ^^
      J’ai tellement d’infos encore que je n’ai pas partagé dans ces articles, afin de ne pas vous noyer et/ou vous lasser 😉

      Les bottines (le « vrai » terme utilisé par les musheurs pour ces chaussettes) permettent de protéger les pattes des chiens lorsque la neige est trop abrasive (qualité de la neige, sel jeté sur la neige …) et/ou lorsqu’ils ont une blessure et que la patte doit-être couverte.
      Cela a l’air plus décoratif qu’autre chose vu de l’extérieur, mais c’est apparemment très important, surtout pour des courses comme celle-ci, où les chiens courent pendant plusieurs jours sur des neiges pas toujours idéales.
      Et comme ils ont tendance à les perdre souvent en route, en plus des bottines, les handlers appliquent un baume protecteur (double sécurité)
      .
      Comme ça tu sais tout ou presque 😉

  2. Voilà un reportage très sympa et quelle chance d’avoir partager ces moments-là ! J’ai vraiment envie de m’essayer au traineaux à chiens ! Ce sera chose faite en mars prochain, dans les Alpes, pour tenter l’expérience, et pourquoi pas, dans le futur, partir plusieurs jours avec un musher ! 🙂

    • Merci Didier pour ton commentaire ^^ Oui, c’est une véritable chance ! Contente que tu puisse faire l’expérience du chien de traîneau tout prochainement, sûre que ça va te plaire ! 😉
      Je vois que La Grande Odyssée en inspire plus d’un et qu’il n’y a pas que François qui rêve de devenir musher ! 😉

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