Huahine, ile secrète, ile sauvage, ile de la femme enceinte… Les surnoms de cette ile évoquent son aura verdoyante, sa nature aussi riche que ses légendes. Première étape de notre croisière en Polynésie Française, Huahine a été un des coups de cœur de ce voyage…
Nouveau bateau, nouvelle aventure !
Deux mois à peine après notre croisière en Antarctique, et après une semaine passée en Polynésie Française, nous avons embarqué à bord du Paul Gauguin pour une nouvelle aventure qui nous mènera à travers les iles Cook et celles de la Société. Un voyage tout aussi irréel que le nom de ses iles : Tahiti, Moorea, Bora Bora… et la première de toutes, Huahine.
Un voyage qui vient à un moment particulier pour nous, car c’est en Polynésie Française que nous fêterons l’anniversaire des onze ans de notre couple ! Un anniversaire que nous aimons fêter à l’autre bout du monde, comme une petite tradition d’amour nomade : 1 an à Fuerteventura, 2 ans aux chutes d’Iguazu… 9 ans au Pérou, 10 ans en Finlande… et toujours autant d’amour (si pas plus !).
Comme pour notre précédente (et première croisière), j’ai eu l’envie de tenir un journal de bord au fil des jours, des paysages et des découvertes. Celui-ci se divisera en 4 épisodes : Huahine, les iles Cook de Aitutaki et Rarotonga, Bora Bora et enfin Moorea. J’espère ainsi vous faire voyager à nos côtés !
Bienvenue sur l’ile des femmes
Ces sur ces mots que nous accueillent Poe, une femme polynésienne à la peau caramel et au sourire généreux, une fleur de tiaré à la main. Face à nous, la baie Maroe où flotte notre navire prend une autre dimension. Les collines deviennent des livres de contes et racontent sous nos yeux les légendes ancestrales.
Il était une fois…
C’est l’histoire d’une princesse et d’un amour interdit. D’un côté, la colline prend des airs de femme alanguie. Son visage, sa poitrine, son ventre rond porteur de vie, ses genoux repliés. La princesse Hotu Hiva est enceinte de son amant, le dieu Tane, qui quant à lui dévoile, comme le dit joliment notre guide, ses bijoux de famille sur la montagne de l’autre côté de la baie. Punie par les dieux, la femme fut changée en montagne, et l’ile, qui ne formait qu’un territoire, fut séparée en deux par le dieu Hiro, dont on devine la pagaie dans une autre falaise. Huahine Nui, la grande ile, et Huahine Iti, la petite. Du moins, c’est une des versions des légendes de l’ile…
C’est ainsi que Huahine, surnommée l’ile secrète, est aussi appelée l’ile des femmes ou l’ile de la femme enceinte. Elle tirerait son nom des mots « hua », sexe, et « hine », femme ; encore une allusion à la femme enceinte dessinée par le mont Tavaiura. Un territoire à l’aura sacrée et riche d’abondance.
Merci à Corinne du blog Vie Nomade pour sa photo – comme je l’explique en fin d’article, Corinne a posé les pieds sur cette ile du bout du monde quelques semaines avant nous, et avec une meilleure météo !
Mère Nature et la déesse assoupie
À l’arrière du 4X4 de Poe, nous zigzaguons sur la route circulaire de la petite ile de Huahine. Une nouvelle baie, un nouveau point de vue. Et toujours cette mer bleu foncé à perte de vue, séparée de nous par la barrière de corail protégeant l’eau turquoise des lagons. Le vent commence à s’adoucir après le gros temps de cette nuit. Mais se dessine encore sur les vagues à l’horizon une crête blanche, donnant au Pacifique des reliefs de sommets enneigés.
Autour de nous, la vie tropicale foisonne. Les arbres semblent se disputer le moindre espace. Tout n’est que vie à profusion. Les palmiers aux troncs rugueux et aux airs décoiffés jalonnent notre route en bord de mer, entrecoupés ça et là d’arbres fruitiers et d’autres aux vertus médicinales. Mangues, bananes, noix coco, pastèques, ignames, ananas, vanille… Notre guide nous pointe toute cette richesse, nous invitant à toucher, sentir et gouter les cadeaux de Huahine.
Tout à coup, je me sens comme l’invitée d’une déesse assoupie, l’ile de Huahine. Des images du dessin animé Vaïana (Moana) me reviennent. Te Fiti, cette déesse porteuse de vie à qui le cœur en diamant avait été dérobé puis rendu à la fin de l’aventure… La façon dont Poe parle de son ile, de son attachement à la terre, des racines de son peuple, du lien entre les hommes et les éléments, donne l’impression d’appartenir à un tout, équilibré et harmonieux. Elle nous précise même que le scénariste d’Avatar n’a rien inventé : ici, les esprits des disparus passent dans la roche et les arbres, c’est connu !
Huahine, histoires d’avant et d’ici
Mes pieds ancrés au sol, je sens le contact de la terre et je me laisse porter par la voix de Poe, ses légendes, ses histoires et explications devant le site archéologique d’un marae, espace le plus sacré dans la tradition ancestrale polynésienne… Jusqu’à ce que je remarque, à deux pas de moi, un mouvement rapide. Un crabe qui se faufile dans son trou ! Ses grandes pattes s’agitent encore alors que mes yeux plongent dans sa cachette. De la vie partout !
Les marae ne sont pas les seuls lieux chargés d’histoire. Un peu plus loin, Poe nous invite à entrer dans le Fare Pote’e, une construction traditionnelle polynésienne utilisée comme lieu de rassemblement puis lieu de culte. C’est aujourd’hui un musée qui emmène les visiteurs pour un voyage dans le temps, découvrir la Huahine d’avant. On s’émerveille devant les compétences qu’avaient ces grands navigateurs et toutes les traditions qui entouraient leur vie. Par exemple, avant de prendre le large, il fallait toujours faire voler un cerf-volant. Si celui-ci retombait, c’était signe qu’il ne fallait pas prendre la mer.
Poe aime son ile et nous communique cet amour à travers tous les aspects de l’ile. Nous partons rencontrer des artisans locaux, qui nous partagent leur savoir-faire que ce soit pour peindre des paréos ou graver des calebasses. Nous abordons des cultivateurs locaux et dégustons la célèbre vanille polynésienne, succulente à s’en lécher les doigts ! Tout est prétexte pour gouter à la philosophie des iles, à travers l’accueil, les sourires, les saveurs et les histoires.
Un peu plus loin sur une route de Huahine Nui, nous nous arrêtons pour rendre visite à des célébrités très particulières : les anguilles sacrées ! Dans l’étroite rivière qui coule le long du village, de très longs poissons serpentent à la surface de l’eau. À nouveau, ça grouille de vie ! Avec une vitesse et une agilité déconcertante, certaines parviennent à se glisser partiellement hors de l’eau sur les cailloux de la berge afin d’attraper quelque chose à manger, dévoilant alors leurs étranges yeux bleus.
Pourquoi sont-elles sacrées ? Comme souvent, bon sens et mythologie se sont mêlés. Les anguilles, douées pour se faufiler partout, creusent des réseaux de galeries dans la terre, reliant les rivières aux nappes phréatiques. Les Polynésiens à la recherche d’un lieu où créer leur village pouvait donc se fier à la présence d’anguilles pour ne pas manquer d’eau douce.
Comme à la maison : traditions polynésiennes
Les arrêts s’enchainent tout au long de la route sinueuse autour de Huahine Nui jusqu’à la maison de Poe, qui nous accueille chez elle comme des amis pour gouter à la cuisine typique. Mettant la main à la pâte, nous préparons des salades mêlant sucré et salé pour mon plus grand plaisir.
Et l’immersion dans la culture polynésienne ne s’arrête pas là. C’est après le festin que les choses sérieuses commencent, nous dit Poe d’un air enjoué. Elle nous transforme en cueilleurs de fleurs, et notre récolte est belle, avec les couleurs rouge et blanc à l’honneur, si douces au toucher. Voilà le temps de construire notre couronne de fleurs, pour les vahinés, les femmes. Feuilles et fleurs se succèdent, serrées fermement par un ruban rose.
Les hommes, les tanés, quant à eux, doivent faire démonstration de force et de technique pour ouvrir une noix de coco. Un bâton planté fermement dans le sol les attend. Première étape : enlever la première couche filandreuse pour libérer la noix de coco telle qu’on la voit dans nos magasins, avec sa peau rugueuse et ferme. Ensuite, pour l’ouvrir, il faut faire preuve d’un minimum d’observation… et d’anthropomorphisme ! Car il faut trouver le visage de la noix de coco, ses deux yeux et sa bouche, afin de la prendre dans le bon sens pour que ce visage apparaisse clairement. Il suffit ensuite de taper d’un coup sec sur le sommet de son crâne pour l’ouvrir en deux. Toute une technique !
La tâche des hommes ne s’arrête pas là. Alors que les femmes sont toujours en pleine confection de leur couronne, ils doivent à présent tresser un petit plat en feuilles de palmier. Tâche que je verrai François réaliser avec beaucoup de dextérité et de rapidité. Des talents cachés de mon amoureux pour pouvoir vivre sous les tropiques !
Ornées de fleurs, Poe nous invite maintenant à la suivre pour quelques pas de danse. Elle va nous initier au tamure, la danse traditionnelle polynésienne. Doucement, elle se met à chanter tout en se déhanchant, les pieds battant la mesure avec élégance. Nous suivons le rythme de notre mieux, ainsi que ses instructions. Les mains et les bras ondulent, nos regards suivant nos mouvements avec toute la grâce dont nous sommes capables. L’espace d’un instant, nous nous transformons en apprenties vahinés.
Poe nous explique que tout cela, tous ces apprentissages, c’est toujours de la même façon qu’ils les apprennent. Dans le jardin, en famille, avec la grand-mère pour guider les jeunes filles et les grands-pères pour les jeunes garçons. Une tradition familiale encore bien vivante.
Huahine, conseils pratiques
Inspirée par ses parents tenant une maison d’hôte et invitant les voyageurs à gouter à la culture polynésienne, Poe est la seule sur l’ile de Huahine à proposer un tour mêlant découverte de l’ile et celle des traditions. Nous avons beaucoup apprécié la journée en sa compagnie et je ne peux que vous la recommander !
Et si nous revenons à Huahine (ce qui nous ferait fort plaisir !), outre un beau soleil, nous aimerions découvrir l’ile depuis la mer, avec un tour en bateau – ce qui n’était pas possible quand nous y étions à cause de la mauvaise météo. Et partir marcher dans les hauteurs, par exemple pour la randonnée du mont Puhaerei.
Huahine, un secret jamais oublié
Notre première ile de cette croisière nous a ouvert l’appétit et nous a introduits à un monde insulaire fait de terres vertes de vie, d’une mer encerclée de coraux, d’arbres dansant aux vents et de légendes de dieux amoureux. Le seul bémol de cette magnifique journée fut la météo, Huahine ayant été l’ile où le ciel a été le plus chargé, au grand dam de François et de ses photos.
En tout cas, une chose est sure, Huahine est un secret qu’on ne se laissera jamais oublier !
Et c’est ainsi que débuta en douceur, entre fruits sucrés, palmiers décoiffés et pas de danse improvisés, notre croisière dans les iles Polynésienne… Hâte de découvrir ce que nous réserve la suite du voyage !
Merci pour ce magnifique dessin à Monte Dolack, artiste états-unien de talent et au grand cœur que nous avons eu le plaisir de rencontrer à bord du Paul Gauguin.
En partenariat avec l’agence Voyage de Légende et les croisières Paul Gauguin. Cette croisière d’une dizaine de jours en Polynésie Française s’inscrit dans le cadre d’une opération afin de faire connaitre leur bateau et la Polynésie, le tout à travers les cinq sens : « Tahiti et ses iles : l’éveil des sens ». Ainsi, 5 blogs voyage ont été invités à participer à l’aventure, chacun avec un sens particulier à mettre en avant. Dans l’ordre des départs :
- Camille, alias l’Oiseau Rose, est partie découvrir Tahiti et les iles de la société avec le sens de l’ouïe
- Corinne, de Vie Nomade, a suivi le même itinéraire de croisière que nous, mais avec le sens de l’odorat
- Clo, d’Evasions gourmandes, a navigué avec le sens du gouter (son article sortira bientôt !)
- Nous, avec le sens du toucher
- Élisa et Max, alias les BestJobers, qui sont partis juste après nous explorer les iles de la Société et les Tuamotu avec le sens de la vue.
- La suite de ce carnet de voyage :
- Aussi en Polynésie :
- D’autres aventures en bateau :
La Polynésie: comme un rêve dans ma tête! Un peu cher malheureusement, ce n’est donc pas une destination que je ferais cette année 🙂
C’est sûr que c’est un budget conséquent à prévoir pour ce genre de voyage : et autant justement le prévoir, histoire d’en profiter au maximum sur place et vivre l’expérience dont on rêve plutôt que de s’en approcher sans jamais la réaliser. C’est le genre de voyage dont on rêve un certain temps avant de le concrétiser… Mais le rêve d’un voyage, c’est déjà le premier pas vers le voyage ! 😉 En tout cas, je te souhaite de réaliser ce rêve un jour 🙂
Des destinations de rêve, dont on rêve parfois très longtemps. Bravo pour ce magnifique reportage. Tout le monde à l’air vraiment trop gentil.
Merci beaucoup Philippe ! Oui, les Polynésiens sont si gentils, c’est vraiment pour nous le 1er des coups de coeur là-bas, avant même ces paysages de rêve ! 🙂
Un début de voyage bien prometteur ! 🙂 J’avoue que c’est une des îles de la Polynésie française qui m’attire le plus ! J’aime beaucoup ton introduction avec cette belle légende =)
Et Joyeux anniversaire pour vos 11ans ! <3
Merci Jennifer pour ton gentil message… et pour notre anniversaire ! ^_^
C’est un magnifique souvenir de notre périple en Polynésie (Tahiti, Moorea, Raiatea, Tahaa et Huahine) . Le tour de l’île est fantastique. Un île resté comme les navigateurs l’ont connu il y a des siècles.
Merci Vincent pour ton message ; oui, c’eSt magnifique ! Nous aimerions bien nous y téléporter !