Après la montagne à Huaraz et l’ambiance de la capitale à Lima, nous voici partis en direction du Grand Sud. Notre première halte sur la côte du Pérou : Paracas, un charmant village balnéaire qui ne nous réserve (presque que) de bonnes surprises ! Ici, c’est ciel bleu tous les jours, poisson au menu et balade parmi les pélicans au soir.
Il y a le ciel, le soleil et la mer…
Mais Paracas, c’est bien plus que la plage… Ayant beaucoup de choses à vous raconter, j’ai scindé cet article en deux parties : ici, la première partie plus culturelle et, la seconde (à venir), sur les intérêts balnéaires de la région.
Paracas, le vent de l’histoire
Paracas, j’aime les sonorités de ce nom tout autant que son étymologie, tirée du Quechua : para signifiant pluie, et aco, sable.
Paracas, la pluie de sable.
Le vent semble toujours souffler à Paracas, emportant avec lui le sable du désert… Et mystérieusement, les dunes ne semblent jamais diminuer. La région est connue pour ses vents chargés de sable, filant à une vitesse de 25 à 60 km/h.
Après le terrible tremblement de terre qui a frappé le Pérou en 2007, Paracas a connu un nouveau départ en 2009 avec de nombreux investisseurs venus construire des hôtels étoilés. S’ajoute à cela sa température annuelle moyenne de 22 °C et le soleil toujours au beau fixe, le tout faisant de Paracas une destination balnéaire prisée tant par les Péruviens que par les touristes.
La civilisation Paracas
Paracas, ce n’est pas qu’un village en bord de mer, c’est aussi le nom d’une grande civilisation du Pérou !
La civilisation Paracas s’est développée principalement dans la péninsule de Paracas, entre les fleuves Ica et Pisco, et a existé environ entre les années 700 à 200 av. J.-C.. Elle s’inscrit dans la longue lignée des civilisations précolombiennes du Pérou (car, une fois de plus, il n’y a pas que les Incas au Pérou !).
Paracas, une civilisation préinca
Pour remettre Paracas dans son contexte, petit coup d’œil sur les civilisations antérieures, contemporaines et postérieures à Paracas dans cette région du Pérou.
L’impressionnante civilisation Chavín est antérieure et contemporaine à la civilisation inca. Il y a actuellement un débat entre archéologues quant à la possible filiation entre ces deux civilisations.
Et après Paracas vient la belle civilisation nazca, avec laquelle les archéologues trouvent de nombreux liens, au point qu’il est difficile de nos jours de trouver une séparation nette entre la dernière phase de la civilisation Paracas et la première de Nazca.
Paracas : des tissus, des momies … et des crânes
La civilisation Paracas est surtout connue pour deux de ses héritages, trouvés dans les ruines des cimetières : ses tissus et … ses crânes allongés. Comme dans le dernier volet d’Indiana Jones, certains crânes présentent des formes très curieuses … De là à y voir des squelettes d’extra-terrestres, il n’y a qu’un pas (que Spielberg s’est empressé de franchir !).
Plus sérieusement, les déformations sont expliquées par des pressions exercées sur le crâne des bébés, à l’image de ces Chinoises qui se mutilent les pieds dès l’enfance pour les rapetisser.
Si les crânes sont les éléments les plus marquants de cette civilisation, ils ne sont pas les seuls dignes d’intérêt. Les tissus de Paracas sont aussi mondialement connus. Certains de ces tissus sont d’ailleurs les pièces les plus cotées et recherchées sur le marché noir de l’archéologie, selon Interpol ! Il ne reste aujourd’hui que des photographies de ces vestiges volés au musée d’Ica.
Pourquoi tant d’intérêt pour des bouts de tissu, me direz-vous ?
Parce que cette civilisation produisait des textiles de haute qualité, en laine et en coton. Un travail d’une qualité rare dont certains vestiges aujourd’hui sont encore en très bel état.
À côté de ses crânes étranges et tissus hors de prix, la civilisation Paracas a également produit de belles céramiques.
Et enfin, dernière spécialité de la maison : la pratique de la trépanation crânienne. Pourquoi opérer ce genre de chirurgie ? Deux théories existent à ce sujet :
- certaines théories y voient la volonté de soigner des fractures crâniennes
- et d’autres celle de guérir les malades mentaux, permettant par cette ouverture dans la tête de faire sortir les esprits à la cause du mal.
Le plus surprenant dans tout cela : il semblerait que la majorité des patients survivent à leur opération, tant les pratiques médicales étaient poussées.
Étrangement, peu de constructions ou bâtiments ont été retrouvés pour la culture Paracas et, à ce jour, il s’agit principalement de ruines de cimetière, habitées par des momies dans des fardeaux funéraires, habillées de beaux tissus et accompagnées de céramiques funéraires.
Que voir à Paracas : côté culturel
Retour dans la belle ville de Paracas, pour faire un petit tour d’horizon de ses intérêts touristiques. Si le plus souvent, les touristes cherchent davantage à visiter les plages et les îles (dont les célèbres Islas Ballestas), il y a malgré tout d’autres intérêts touristiques.
Voici un bel échantillon de ce qu’il y a à voir à côté culturel.
Le Musée de Paracas
Nous attendions avec impatience de nous rendre à Paracas pour en apprendre plus sur la civilisation du même nom (700 à 100 av. J.-C.). C’est donc avec beaucoup d’intérêt (et d’attentes) que nous nous sommes rendus dans son musée … Et nous avons été quelque peu déçus. En lisant le livre de recommandations du musée, je me rends compte que nous sommes des exceptions : la majorité a été enchantée par la visite.
Alors pourquoi cette déception ?
Sans doute parce que nous avions déjà vu les fameux crânes allongés de Paracas lors de nos précédents voyages (entre autres au Musée d’Ica). Nous en voulions plus : plus de pièces, plus d’informations, plus d’Histoire … Or le musée de Paracas est très petit : deux salles avec quelques vitrines, dont la majorité retrace l’histoire d’autres cultures, comme celle des Waris, Nazcas ou Incas.
La Machine à voyager dans le temps
Une belle surprise : nous ne nous attendions absolument pas à trouver ce genre d’attraction ici ! Si l’expérience peut paraître assez kitch de prime abord, la visite en vaut largement la peine. Elle retrace, via des films et la reproduction de scènes, l’histoire et le quotidien de la civilisation Paracas.
L’aquarium de Paracas
En nous promenant tout au bout du bord de mer, nous sommes tombés sur la Marina : un grand bâtiment aux airs ambitieux, prêt à accueillir des centaines de visiteurs … sauf qu’il est absolument vide ! Mais à côté se trouve l’Aquarium de Paracas. Il est apparemment gratuit, et bien que très petit (4 aquariums au total), il est mignon et permet de voir de magnifiques poissons que nous n’avions encore jamais vus. Un bel objectif de balade le long de la mer …
Dans la région de Paracas
Paracas, situé à environ 3 h de bus de Lima (260 km), les grandes villes les plus proches sont Pisco et Ica.
Pisco
Nous avons eu un bel échange avec un habitant de Paracas d’origine de Pisco, qui se lamentait du désintérêt des touristes pour sa ville natale. Pisco a beaucoup souffert du tremblement de terre de 2007 : son bord de mer et son célèbre ponton ont été détruits, tout comme ses églises et autres grandes bâtisses.
Située à 22 km de Pararcas, la ville de Pisco semble néanmoins renaître de ses cendres et mériter que l’on s’y arrête … Ce que nous ne manquerons pas de faire à notre prochain passage dans la région.
Ica
Située à 75 km de Paracas, Ica est une ville dont la réputation dans les guides touristiques n’est pas glorieuse. Nous y étions déjà allés deux ans auparavant, et en parlant avec des Péruviens lors de notre passage cette fois-ci, les choses ne semblent pas avoir évolué positivement. L’on nous a mis en garde à plusieurs reprises contre les vols et les agressions, particulièrement le soir en tuk tuk.
Néanmoins, Ica possède quelques intérêts touristiques (voir l’article « Que faire au sud du Pérou »), comme son musée (plus grand que celui de Paracas) ou encore, pour les curieux, le musée des étranges pierres d’Ica, qui font polémiques depuis des dizaines d’années.
Mais Ica est surtout un point de départ pour visiter l’oasis de Huacachina.
Huacachina
L’oasis de Huacachina est principalement connue pour son activité touristique phare : un tour dans le désert en buggy pour faire du sandboarding (surf sur le sable).
Nous avions beaucoup hésité à aller visiter cette oasis. Il y a deux ans, nous avions préféré passer cette étape du voyage. Les images de buggy chargés d’une douzaine de touristes me décourageaient … sans parler de celles, promotionnelles, où l’on voit des jeunes « mochileros » (backpakers) en mini short, une bière à la main, agrippés sur l’engin pour la pose … Non, ce n’est pas le genre de tourisme qui m’attire !
De plus, comme pour les îles Ballestas, j’ai lu des retours peu engageants d’autres blogueurs. Apparemment, beaucoup de vols dans les hôtels, une mauvaise qualité des services d’accueil, un tourisme sans cesse croissant et sans limites, une pollution importante du point d’eau et des dunes aux alentours …
Mais aimant me faire ma propre opinion et aimant … François, qui voulait tenter l’expérience, nous avons changé nos plans pour voir l’oasis de nos propres yeux. Nous n’avons pas été faire le buggy, mais nous sommes promenés dans l’oasis et aux alentours.
Première impression : mais c’est propre !
Je m’attendais à quelque chose de visiblement pollué, ainsi qu’à un village aux allures de tourisme de masse. Quelle bonne surprise que de découvrir une lagune aux airs proprets entourée de bâtiments colorés et à taille humaine ! Des fleurs, des terrasses accueillantes … un doux parfum de dolce vita. Nous sommes étonnés par le nombre de panneaux affichés de toute part pour veiller à la propreté des lieux. Sans doute un regain de bon sens après un laisser-aller quant à la propreté ?
Mais en sortant de la promenade en bord de lagune et montant dans les dunes, nous avons pu voir de nombreux déchets abandonnés dans le sable … Nous avons parlé avec plusieurs Péruviens et avons fait des recherches dans les journaux péruviens, le verdict est sans appel :
La lagune se meurt.
Pour la maintenir, des pompes ont dû être installées, et il faudrait ajouter à cela la construction d’un puits, qui dépendra du bon vouloir des politiciens après les élections. De plus, dans des articles de journaux locaux publiés en 2012, il était clairement recommandé de ne pas nager dans la lagune, sous peine d’attraper une infection respiratoire ou de la peau.
Qui sait comment évoluera Huacachina dans les années à venir ?
Nos bonnes adresses à Paracas
Pour découvrir nos bonnes adresses, rendez-vous avec notre prochain article « Paracas, station balnéaire » : il y a de très bons restaurants pour déguster, par exemple, du Pisco accompagné d’un ceviche !
Paracas : des plages, mais pas uniquement !
Paracas a été une très belle surprise et nous avons beaucoup aimé ce village … Pour tout dire, François ne voulait plus partir et manigançait des plans tirés sur la comète pour allonger notre séjour ! L’ambiance paisible de la ville est très agréable, de quoi se (re)poser quelques jours durant un long voyage.
Et vous, êtes-vous déjà allé à Paracas ? Des anecdotes ou des conseils à partager ?
Voilà un site qui ne manque pas d’intêret !
Oui ! Mais le meilleur est à venir : nous avons été attiré par l’histoire de Paracas, et finalement avons été séduits par l’ambiance et les activités à faire dans la région. Si le sujet t’intéresse, ne manque pas la deuxième partie orientée station balnéaire 😉