Rien qu’à son l’évocation de son nom, l’île de Pâques est entourée d’un halo de mystère ! Cette terre éloignée exerce une attraction magique sur les voyageurs, ses légendes continuant d’inspirer les esprits les plus curieux.
Je vous invite à plonger avec moi au coeur des énigmes de cette île et d’étudier ses 4 principaux mystères :
- l’origine du peuple Rapa Nui
- son extinction
- les mystères des moaïs, ces statues gigantesques
- et la théorie du contact inca
Mais avant dans se lancer dans le vif du sujet, un petit point de vocabulaire s’impose. Île de Pâques, Rapa nui, moaï, ahu, pukao… Voici l’essentiel pour aborder les grands mystères de cette petite île comme un pro !
Un peu de vocabulaire
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Isla de Pascua, Rapa Nui, Tepito Ote Henua
« Île de Pâques » : vous êtes-vous déjà demandé pourquoi l’île portait ce nom ?
Avant toute chose, une précision s’impose : ce nom est celui donné par les Européens qui ont « découvert » l’île. Ce n’est pas le nom originel que les locaux lui avaient attribué.
C’est à un navigateur hollandais que l’on doit la découverte par le monde occidental de l’île et le nom qu’il lui attribua, « île de Pâques », pour marquer à jamais ce jour au calendrier : celui du dimanche de Pâques de l’an 1722.
Mais le coeur des habitants bat pour « Rapa Nui »…
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Île de Pâques… ou Rapa Nui ?
Isla de Pascua pour les Chiliens du continent et le reste du monde, mais définitivement « Rapa Nui » pour ses habitants !
Derrière cette insistance à revendiquer le nom de leur île, se cache une lutte constante pour préserver leur identité et défendre, avec fierté, leur culture. Chilienne par loi, l’île fait avant tout partie de la Polynésie et affiche fièrement son statut d’île du bout du monde.
Surnommée Tepito Ote Henua ( « Nombril du Monde») par ses anciens habitants, Rapa Nui est l’île habitée la plus éloignée d’un continent et la plus isolée de la planète.
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Moaïs
Véritable symbole de l’île, les Moaïs continuent de faire fantasmer bon nombre de voyageurs (dont moi !).
Les Moaïs, gigantesques statues de pierre, font partie du culte des morts des Rapa Nuis. Quand un chef ou autre membre important de la tribu décédait, l’on sculptait un moaï à son effigie. Ce moaï, positionné dos à la mer et le regard porté vers sa tribu, devenait alors un puissant protecteur.
1 : Rampe inclinée de la plateforme
2 : Ahu ou plateforme centrale
3 : Moaï
4 : Pukao, la coiffure du moaï, taillé en scorie rouge
Les statues étaient exposées sur un « ahu », habituellement coiffés d’un « pukao » et parées d’une paire d’yeux de corail aux iris rouges de tuf (roche) volcanique ou noir d’obsidienne. Ces yeux, placés au dernier moment sur la statue, auraient eu une fonction importante pour les Rapa Nuis : ils représentaient l’âme de l’ancêtre personnifié dans le monolithe, lui permettant de protéger sa descendance.
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Pukao : coiffe ou chapeau ?
Le pukao est la coiffe du moaï : une sorte de chapeau rond de pierre volcanique rouge (scorie).
Ces pukaos sont réalisés dans un matériau différent de celui des moaïs, la pierre utilisée étant extraite de la carrière de Puna Pau (proche du village d’Hanga Roa). La façon dont les Rapa Nui réussissaient à transporter et surtout à placer le pukao sur le moaï reste encore un mystère, un pukao pesant en moyenne une dizaine de tonnes !
Les avis divergent sur la signification de ces pukaos. Pour certains, ils représentent un chapeau, pour d’autres, la coiffe typique de l’époque, les cheveux remontés en chignon. D’après cette dernière théorie, les chefs des clans se teignaient leur longue chevelure en rouge avec de la terre ocre, et s’en faisaient un chignon au sommet du crâne.
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Ahu : la scène des moaïs
L’on recense sur l’île de Pâques aux alentours de 300 plateformes, ou ahu, la majorité ayant été détruite par l’homme, les animaux ou les éléments de la nature (raz-de-marée…).
Construits généralement dans l’axe de la mer, ces ahus varient en forme et matériaux utilisés selon l’époque de construction, la région et le clan auquel il appartenait. Les plus grandes remontent à l’époque de l’apogée de la civilisation Rapa Nui : entre le XIIe et XVIIe siècle.
En plus de supporter le poids des moaïs, certaines de ces plateformes étaient utilisées comme chambre funéraire, abritant des ossements humains.
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Les Moaïs en chiffre :
887 moaïs recensés
288 moaïs placés sur un ahu
397 moaïs restés dans la carrière
92 moaïs abandonnés en cours de transport
Et une dizaine de moaïs exilés à l’étranger, exposés dans des Musées : 1 au Chili continental, 1 en Nouvelle Zélande et 7 en Europe
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Théories sur l’origine de l’île de Pâques
Premier mystère de l’île de Pâques : d’où viennent les premiers habitants de l’île ? Un mystère qui intrigua des générations entières et continue à faire couler l’encre ! Voici un top 6 des théories sur les origines du peuple de Rapa Nui.
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Les sept explorateurs Polynésiens
La première théorie, la plus courante, avance que les habitants de l’île de Pâques seraient originaires des îles Marquises (situées à 3641 km de là) et seraient venus habités sur cette île au 6e siècle. Ils y vécurent entre-eux pendant plus d’un siècle avant d’être découverts le célèbre dimanche de Pâques de l’année 1722.
La légende raconte que le roi Hotu Matu’a fit un rêve prémonitoire, le prévenant que ses terres seraient bientôt submergées par la mer. Il décida alors, sous les conseils d’un sage, d’envoyer sept explorateurs en direction du soleil levant, cherchant une terre propice à la vie pour y installer son peuple.
Après plusieurs jours de navigation, les sept navigateurs arrivèrent sur une petite île inhabitée à la terre fertile. Six des sept explorateurs repartirent prévenir leur roi, et revinrent ensuite peupler l’île avec leur peuple. Ils décidèrent alors de nommer l’île « Te pito o te henua », « le nombril du monde ».
La légende raconte que les sept moais de l’ahu Akivi furent érigés en l’honneur de ces premiers explorateurs… (voir l’article « Tout ce qu’il faut savoir sur l’île de Pâques »).
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L’origine américaine
Le pasteur William Elis, en 1820, défend l’idée selon laquelle les Pascuans viendraient du continent américain. Incapables de construire des bateaux solides, ces habitants auraient profité des vents favorables qui les auraient portés d’est en ouest (le sens maritime le plus simple pour naviguer dans cette région).
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Rescapés de l’Atlantide
Dumont d’Urville rejoint le pasteur Elis sur un point : les Rapa Nuis seraient de piètres navigateurs. Mais partant de ce constat, il développa une tout autre théorie. D’après lui, les habitants rejoignirent cette île… à pied ! Il défend l’idée d’un grand continent, aujourd’hui disparu et englouti, qui reliait l’île de Pâques : l’Atlantide !
Pierre Loti part dans une idée assez similaire, imaginant des voies romaines perdues aujourd’hui sous l’océan, qui reliaient à l’époque l’île à l’Atlantide.
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La réponse est dans la foi
Toute autre mentalité ici : celle des missionnaires du XIXe siècle qui, suite aux grandes analogies observées entre la culture des Rapa Nui et de la religion hébraïque, déduisirent une origine liée aux Hébreux !
L’on retrouve également des similitudes entre les récits fondateurs des Rapa Nui et la Bible ou la Genèse. Et d’autres théories, sur ce principe de similitudes culturelles et cultuelles, attribuent aux habitants de l’île de Pâques des origines africaines, égyptiennes, aryennes… voire vikings. No limit !
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Un peu plus près des étoiles…
Ces 50 dernières années ont vu émerger des théories plus originales et créatives les unes que les autres. Comme toujours, une réponse facile pour expliquer l’inconnu et l’incompris : les extraterrestres !
Se basant tantôt sur l’astrologie, tantôt sur les sciences occultes, certains défendent avec ferveur l’implication des extraterrestres dans la construction des moaïs, à coup d’ondes et de forces électromagnétiques.
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D’un nombril du monde à un autre : la trace péruvienne
Le Pérou : origine de tout !
Le Norvégien Thor Heyerdahl travailla longtemps pour élucider le mystère des origines des habitants de l’île. Pour lui, une seule réponse possible : les premiers habitants viendraient du Pérou !
Il compara les deux cultures sous toutes leurs coutures : travail de la pierre (célèbre similitude entre l’ahu Tahira et les murs incas, avec ces pierres unies sans mortier et taillées finement), la présence de jonc de totora (plante qui ne pousserait qu’en Amérique du Sud) et d’autres plantes sud-américaines (comme un type spécifique de pomme de terre), similitudes entre les statuettes pré-moaïs et des sculptures de la culture Tiwanaku…
Pour défendre sa théorie, ce Norvégien alla même jusqu’à tenter l’aventure d’une traversée en radeau de bois, en 1948, des côtes péruviennes jusqu’aux îles Marquises, démontrant par là le bienfondé (ou en tout cas la faisabilité) de sa théorie.
Premiers habitants ou colonisateurs ?
Il existe une seconde théorie, selon laquelle les Incas ne sont pas les premiers habitants de l’île… mais des colonisateurs ! Nous en reparlerons avec le quatrième mystère de l’île de Pâques, dans un prochain article.
L’île de Pâques : mystères et théories à l’infini !
Voici un bref aperçu des théories principales autour de l’origine des habitants de l’île de Pâques. Aux prochains rendez-vous : les théories sur l’extinction du peuple Rapa Nui, la construction et le déplacement des moaïs et la théorie du fameux contact inca.
Et vous, quel est votre mystère préféré de l’île de Pâques ? Quelle théorie avez-vous envie de défendre ?
Absolument passionnant cette publication sur l’Île de Pâques, vivement la suite !
Merci beaucoup Patrick ! Heureuse que cet article vous plaise.
Initialement, je ne voulais écrire qu’un seul article sur le sujet de l’histoire et de l’archéologie à l’île de Pâques… mais j’ai dû me rendre à l’évidence : il y a beaucoup trop de choses à en dire !
J’adore cet article : il traite du vrai, des théories vaseuses ou fumeuses avec un tel talent qu’on se délecte de tout !!!
Absolument d accord avec votre analyse Tsuma !
Merci Tsuma pour ce retour si enthousiaste ! 😉
Passionnant cet article !!! Merci 🙂
Merci Pauline ! Ravie que ce premier volet sur les mystères archéologiques de l’île de Pâques te plaise tant ! Pour ne pas manquer la suite, n’hésite pas à t’abonner sur notre page et Facebook et à note Newsletter !
Très bel article. Quelle île fascinante ça doit-être…
Merci pour cette vulgarisation des mystères de l’île de Pâques, curieux de découvrir la suite…
Merci beaucoup Xavier ! RDV d’ici quelques semaines pour la suite 😉
Toutes ces légendes sont très intéressantes à lire… Chouette article…
Merci ! 🙂
Merci Amandine pour cet article comme toujours merveilleusement écrit et étoffé de précieuses informations sur cette île qui n’a pas fini de faire couler de l’encre (et des clics ^^) à son sujet !
Je suis curieuse de savoir où tu as puisé toutes ces innombrables et ô combien passionnantes informations sur l’histoire et la culture de l’île ? Ça a du te prendre beaucoup de temps pour les rassembler. En tout cas, c’est du très beau travail et nous lecteurs, te remercions pour cette manne d’infos.
On attend la suite 😉
Le bonjour de Pologne, mon pays natal, où je me repose actuellement ^^
Merci AnnaJo !
Oui, cela a été beaucoup beaucoup beaucoup de travail pour écrire ces articles sur les mystères archéologiques de l’île de Pâques. Les informations, j’en avais reçu une partie lors de notre séjour sur l’île et des visites que nous avions faites… Mais j’ai complété ces premiers aperçus par de nombreuses lectures, pour la plupart sur Internet en anglais et espagnol plus qu’en français. Des semaines de récolte/tri/vérification des informations avant de commencer à ordonner tout cela pour le coucher par écrit.
Je m’imaginais faire un article qui survolait ce que je considère comme les 4 plus grandes énigmes de l’île… Mais j’ai rapidement dû me rendre à l’évidence : chaque mystère nécessitait son article ! Je me trouve déjà suffisamment succincte ainsi, alors réduire pour que « tout tienne » en une page, cela n’avait pas de sens à mes yeux !
Chacun de ces mystères est absolument fascinant : d’où viennent les premiers habitants (comment ont-ils quitté leur ancien territoire et pourquoi ?) ; comment expliquer l’évolution de ce peuple et son déclin (avec la très célèbre théorie de l’écocide dont je reparlerai en détail) ; pourquoi/comment les moaïs ont-ils été construits et déplacés ; et enfin, ont-ils été en contact avec lacivilisation inca. Autant de mystères que j’ai pris plaisir à approfondir (même si je reste encore dans une démarche d’effleurement de ces grandes questions !).
Profite bien de la Pologne (je n’y suis encore jamais allée… un jour peut-être ! 😉 ) et au plaisir d’échanger encore sur nos passions communes 😉
Merci pour cet article super instructif. J’ai appris pas mal de choses.
Quand je visite, j’aime m’imprégner des légendes et traditions locales. J’imagine la délectation sur une telle île.
Merci Valérie pour ton retour, ravie de savoir que tu as appris de choses (j’en ai appris également en écrivant l’article 😉 ).
Les histoires et légendes locales me passionnent également !
Comme tu as bien deviné, j’ai adoré mon séjour sur l’île de Pâques : huit jours, c’est trop court ! Je parle de mon coup de coeur dans cet article : « L’île de Pâques : 5 raisons de succomber à son charme ».
Bonjour,
Merci beaucoup pour cet article !
C’est une île que j’aimerais beaucoup découvrir!
Très bel article
Merci Laura !
Bonjour,
Merci pour vos articles et commentaires récents. Je suis « tombée » sur votre page par hasard car je suis des toursdumondistes « un sac sur le dos ».
Je prépare pour le mois de mars 2016, le nord du Chili (Atacama et Uyuni) et l’île de Pâques. Votre site est une mine d’informations tant pour les hébergements, la restauration et les visites, faut-il prendre une voiture ou pas. Dommage que vous n’ayez pas fait le nord du Chili car vous répondez à beaucoup de questions que l’on se pose. J’avais prévu 5 j à l’île de Pâques mais je vais sans doute rajouter 2/3 j.
Je vous ai mis dans mes marque-pages. Continuez à faire de beaux voyages. Encore merci.
Kénavo !
Merci de m’avoir fais voyager, je suis contente d’avoir lu vos commentaires et descriptions fut très instructif.
Belle photographies.
Iorana Te pito o te henua, n’a jamais était le nom de Rapa-Nui, nom officiel depuis le 1er août 2018. Te pito o te henua veut dire exactement le nombril de la terre. Selon quelques anciens cela serait le nom d’un lieu comme certainement le terevaka point culminant de l’île d’où l’on peut embrasser toute l’île. Mais henua veut aussi dire en Rapanui, placenta.Le nom original de l’île nous reste totalement inconnu. Le nom Rapa-Nui vient de navigateurs tahitien qui étaient sur le bâteau qui a ramenait en 1863 les 15 derniers survivants du Pérou. Rapa=rame, Nui=grand. Les polynésiens ne comptaient pas en kilomètres ni en mil marin, ils comptaient en rames. Si c’était loin il fallait ramer beaucoup rapa.nui, si c’était plus près c´´etait Rapa-iti petite rame. L’on traduit aujourd’hui le mot Rapa-Nui par extrême.
L’île habitée la plus éloignée de la planète est Tristan de Cunha dans l’atlantique Sud.
Les Moai n’étaient pas sculptés à l’effigie du mort. Les Moai ont tous plus ou moins le même faciès.Il n’y eut que 60 Moai sur les 288 érigés qui furent coiffés d’un Pukao.Le poid moyen d’un pukao n’est pas de dix tonne, ceci est le poid du plus lourd. Ils les roulaient pour les transporter.Tu dis 887 Moai repertoriés mais 288+397+92=777. Il en manque 100.Il ya en vérité 1045 Moai 288erigés 92 en chemin 488 à la carrière, 20 en trachyte blanche 18 en scorie rouge 10 en basalte et la reste ce sont des morceaux trouvés déssiminés un peu partout.17 moai en terre étrangère, mais parfois, comme en nouvelle zélande c’est une copie en trachyte blanche sculptée à la demannde des brander en 1887 ramenée a tahiti en 1888 et vendu par la famille au musée de Dunedine en 1923.Tous les navigateurs qui passèrent sur l’île au 18ème siècle étaient tous d’accord pour dire que le peuple est polynésien. La culture, les dieux et surtout la langue.Ce sont les polynésiens qui sont allés jusqu’en amérique du sud, d’où certaine similitudes, Des squelettes polynésiens ont été retrouvés dans des tombes à tanquen, mais aucun squelettes incas n’a été retrouvés en polynésie.Le Kon Tiki c’était en 1947. L’on oublie ou l’on ne sait pas que Eri de bishoop a fait le trajet inverse en 1956 avec un radeau en Bambou.