Aventures et émotions, les maitres mots de notre séjour en Cantabrie. Cette autre Espagne, loin de la Méditerranée. Au menu : via ferrata, randonnée et pèlerinage, raquettes de neige et kayak. On vous emmène ?
En terre (in) connue
L’Espagne pour nous est d’abord synonyme de vacances en famille, avec la famille de François qui vit dans le Sud, à Murcie. La belle Méditerranée et ses airs si paisibles, soleil, sable brulant sous les pieds, eau à 28 degrés… Un cadre parfait pour le farniente (mais pas que, comme dans cette aventure).
Et ce voyage en Cantabrie nous a permis de découvrir d’autres paysages, nous faisant parfois penser à ceux de notre chère Patagonie ou même à l’Irlande du Nord. Ces quatre jours d’aventures et de sport n’ont pas été intenses que sur le plan physique !
La Cantabrie, l’autre Espagne
Découvrir la Cantabrie, c’est pénétrer dans de nouveaux univers, tous si proches, tous si différents : dunes aux herbes hautes, longues plages de sable fin, vagues aux rouleaux puissants contrastant avec le delta tranquille, montagnes aux sommets enneigés, abruptes falaises grises et or, forêts de conte de fées aux arbres et aux rochers recouverts d’une mousse verte et moelleuse…
Aventures, sport et émotion en Cantabrie
Quoi de mieux pour découvrir ces paysages qu’une immersion sportive en pleine nature ? Escalade, kayak, randonnée, bateau, surf… et même raquette de neige : un programme chargé en adrénaline !
Randonnée et pèlerinage
La voiture vibre au son d’Enrique Iglesias, nous rappelant des contrées lointaines. Les paroles en espagnol roulent sur mes lèvres, tout en regardant défiler les paysages par la fenêtre du bus. Nous arrivons à San Vincente de la Barquera. Un long pont de pierre nous accueille aux abords de ce village de pêcheurs. Des petites barques en bois sont échoués sur le sable humide et déserté par la mer.
Les façades des maisons semblent vivantes, les fenêtres penchant vers le centre de l’édifice leur donnant des airs d’yeux béants, tantôt tristes, tantôt fâchés. C’est ici que tout commence : le second pèlerinage saint d’Espagne, et l’un de 4 pèlerinages chrétiens les plus sacrés, avec Jérusalem, Rome et Saint-Jacques de Compostelle.
Le Camino Lebaniego
Parce que non, il n’y a pas que le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle en Espagne ! Ce pèlerinage-ci amène le marcheur jusqu’au monastère de Santo Toribio de Liébana pour se recueillir devant le plus grand fragment restant de la Croix sur laquelle Jésus a été crucifié. Ce monastère datant du VIIIe siècle est étonnamment petit pour un trésor aussi exceptionnel que celui-ci. On y est accueillis par un moine en soutane, contant aux touristes l’histoire fabuleuse de ce bout de bois, rescapé de l’histoire, trace matérielle de l’immatériel… Des études récentes en laboratoire ont établi que le bois provient bien d’un cyprès de Palestine, et sa datation a été estimée à un peu plus de 2000 ans… C’est les yeux ronds et la main tremblante que s’avancent les pèlerins après 3 jours de marche pour toucher ce petit bout de bois, cette connexion à l’au-delà.
Beaucoup de pèlerins sur la route nord de Saint-Jacques-de-Compostelle font un détour par le Camino Lebaniego (d’une pierre deux coups) pour poursuivre ensuite leur chemin via le « Camino Frances », en repiquant à Mansilla de las Mulas.
Le Chemin de Compostelle a toujours exercé un mystérieux attrait sur moi, faisant s’envoler mon imagination vers des sentiers sillonnant la nature et traversant des villages ensoleillés. L’envie de marcher ne me quitte pas et j’espère qu’un jour je me lancerai sur ces chemins. Quand il sera temps et que l’appel se fera trop pressant que pour lui résister encore… Là où pour certains cet appel est divin, spirituel ou pieux, le mien est éléments, nature et mouvement.
Et en voyant cheminer les pèlerins dans ces paysages montagneux, je me suis fait une promesse : celle de revenir marcher sur le Camino Lebaniego lorsque je randonnerai vers Compostelle. À mon tour, mes pas seront rythmés par les salutations joyeuses des passants :
Buen camino !
Raquette de neige en montagne
Au mois de mai ?
Je m’étonne auprès de notre guide et pense tout bas, façon Obélix, « Ils sont fous ces Espagnols ». Mais si si, de la raquette de neige en plein mois de mai, c’est possible ! Bienvenue dans les montagnes de Picos de Europa !
Après l’étonnement vient la fascination : « Picos de Europa », les pics d’Europe. Je m’imagine notre continent européen surmonté de quelques épines, façon porc-épic. Ou des montagnes si glorieuses qu’elles viennent à prendre la place de tête en devenant « les montagnes d’Europe », l’Espagne ne pouvant suffire à leurs envies de grandeur…
Ce massif de la Cordillère Cantabrique doit son nom à l’histoire de la navigation : il était le premier bout de terre qu’apercevaient les marins depuis le large en venant de l’ouest sur l’océan Atlantique. Situés à peine à une trentaine de mètres de la mer, ces pics culminent à une hauteur de 2.648 mètres (au Torre de Cerredo) et se partagent entre trois provinces espagnoles : Asturies, León et bien sûr Cantabrie.
Étonnant de voir à quelle vitesse nous prenons de l’altitude pour nous retrouver au pied de cette cordillère. Ce matin encore, à San Vincente, nous étions les pieds dans l’eau, et nous voilà à présent en pleine montagne. Ce changement de décor drastique n’est pas sans me rappeler la Corse, avec ses montagnes en bord de mer…
Après une belle ascension en téléférique, nous voilà au point de départ de randonnée. Entre Tintin au Tibet et Martine à la montagne, nous progressons sur les dernières taches blanches de la région. Arrivée au bord d’un petit lac, mon regard se perd vers les hauteurs… Je jalouse les nuages qui serpentent entre les crêtes.
– On peut y aller, là-bas ? demandais-je à notre guide avec une pointe d’espoir interdit dans la voix.
– Oui, bien sûr, c’est facile !
Facile ? Apparemment une journée de randonnée suffit pour atteindre les sommets qui m’entourent. Et tout le monde peut le faire. Tout le monde. Moi, toi derrière l’écran. Des toits du monde (ou des pics d’Europe) accessibles : ça fait rêver !
Note à moi-même (et promesse n° 2) : revenir en été gravir un des monts de Picos de Europa…
Escalade et via ferrata
Tu n’as pas peur du vide ?
Comment répondre à cette question ? Si, bien sûr que j’ai peur. Mais comment expliquer ? Quand les pieds se détachent du sol et que les mains s’affairent avec les mousquetons, l’esprit n’a plus le temps de penser. C’est ce que me disait une voyageuse allemande rencontrée en Espagne, Nima, passionnée d’alpinisme :
Ce que j’aime dans l’escalade, c’est de ne penser à rien d’autre qu’à ce que je suis en train de faire. Plus rien d’autre n’existe, les soucis s’envolent.
Être dans le présent à 100 %. Que moi, la falaise, le ciel… Une autre façon de s’immerger en pleine nature et de voyager autrement. Cette expérience était ma toute première via ferrata. Mon verdict ? J’ai adoré ! J’en vous en reparlerai : tant de sensations à vous partager.
Et une nouvelle promesse (j’en suis déjà à la n° 3) : ce ne sera pas ma dernière via ferrata.
Kayak en rivière
Le kayak, si vous avez suivi nos aventures lors de notre année sabbatique l’an passé, ça nous connait ! Loin d’être des pros, nous avons néanmoins eu l’opportunité d’essayer à plusieurs reprises : au Chili, en Argentine, en Irlande du Nord…
Moi qui n’ai pourtant pas beaucoup de force dans les bras, j’aime beaucoup glisser sur l’eau et m’écarter du rivage. Une belle manière, douce (sauf pour les bras !) et silencieuse de pénétrer dans des espaces naturels protégés… ou de s’aventurer sur des rivières capricieuses et mouvementées. Et pour cette sortie en Espagne, je vous laisse deviner de quel côté penchait la balance !
Sport et aventures : les leitmotivs de ce voyage !
Avant le départ, les rires nerveux fusent. Des rapides ? Une cascade ?
Oh my gosh, oh my gosh !
Edwina, une voyageuse irlandaise rencontrée en Cantabrie, devient de plus en plus pâle. Nous roulons sur le bas côté de la rivière et apercevons quelques images de ce qui nous attend. « Non, non, je ne vais pas faire ça ! » Déjà équipés de nos tenues de néoprène, nous rions devant ses airs horrifiés.
It will be OK. Ça va aller, ça va aller !
Que dire de la suite ? Que cette expérience de kayak en Cantabrie sera sans doute celle dont je me souviendrai toute ma vie ! Pour une fois, ce ne sont pas les muscles de mes bras qui ont été le plus mis à l’épreuve, mais bien ceux des abdominaux : qu’est-ce que j’ai ri !
À 6 sur 3 kayaks, nous avons descendu quelques kilomètres de rivière, passant par de jolis rapides, nous coinçant une fois ou l’autre sur de gros rochers, et dévalant à 3 reprises des petites chutes d’eau. Je dis petite, car c’est l’aspect qu’elles semblent avoir depuis la rive. Mais les choses prennent un air totalement différent depuis la rivière. Le bruit de l’eau qui chute se fait entendre des mètres à l’avance et devient totalement assourdissant aux derniers instants, au point de couvrir nos cris. Quoi ? Nous crier face au danger ? Jamais.
Mais la plus belle, la plus mémorable, la plus drôle de toutes les chutes d’eau, ce fut la première. Une première fois marque toujours davantage, et les chutes d’eau ne font pas exception à cette règle ! Prévoyant, notre guide nous attendait avant le point critique, nous aidant à nous préparer au grand saut :
OK, bloquez bien vos pieds, couchez-vous en arrière, tenez bien votre rame.
3… 2…
Pas le temps d’arriver à 1 que notre traitre de guide nous lance en pâture aux trombes d’eau déchainées. Et l’espace de quelques secondes, le temps s’arrête, je vois mon kayak piquer du nez et rester coincé en position verticale, l’avant du kayak, et Nima, devant moi, complètement engloutis. Petit rebond, Nima refait surface.
OK, I understand now why it’s called a « wetsuit »
OK, je comprends maintenant pourquoi ça s’appelle un « costume mouillé »
Entre la scène que je viens de vivre et cette illumination lexicale, je ne peux retenir un puissant fou rire. Nima essaye de me faire reprendre mes esprits, car je suis à l’arrière du kayak et donc en charge du guidage, mais rien à faire ! Je me tiens le ventre de rire et ne parviens pas à me reprendre, laissant notre kayak dérivé au gré du courant.
Mais ce n’est pas tout.
Installée à l’avant du kayak du guide, c’est au tour d’Edwina de franchir l’obstacle tant redouté. Et voir depuis l’extérieur ce kayak s’enfoncer dans l’eau et rebondir aurait suffi à maintenir ma crise de rire. Mais non, ce n’est toujours pas tout.
Est-ce à cause de l’air halluciné d’Edwina avant la chute, ou sa posture particulière au moment de tomber, avec son bras droit maintenu en l’air pour filmer avec la caméra du guide, ou encore son mouvement de jambe digne d’un french cancan aquatique au sortir de l’eau, ou son air déboussolé en reprenant sa première bouffée d’air, toujours avec son bras bien droit ? Sans doute un peu de tout cela ! Toujours est-il qu’il m’a fallu plusieurs minutes pour reprendre mes esprits et suivre le guide pour une séance de saut depuis le haut des chutes.
Pur Moment De Bonheur !
La pensée du jour, en regagnant la rive : en fait, j’assure plutôt bien en kayak ! C’est décidé (et une promesse de plus !), je ne passerai pas à côté de la prochaine opportunité d’en faire.
Surf
Pourquoi la Cantabrie ? Bien avant de décider de faire de la randonnée à pied et en raquette, du kayak et de l’escalade, bien avant tout cela, le mot qui a donné à François une envie farouche de s’aventurer dans ce coin de l’Espagne : surf !
Ce n’est pas notre première tentative. Et, après une si belle expérience, ce ne sera pas non plus la dernière. Oui, vous l’aurez compris, une promesse encore.
Mon premier cours à l’ile de Pâques m’avait, comment dire… quelque peu refroidie. Était-ce l’air trop nonchalant du professeur, la trop grande force des vagues, les trop nombreux rochers qui nous séparaient du rivage et qu’il nous fallait éviter à chaque tentative, les trop nombreux mètres à nager couchée sur la planche en buvant du sel par grosses goulées. Un peu de tout cela à la fois, qui me laisse de ce premier cours un souvenir mitigé. Oui j’avais réussi à me lever sur ma planche une fois, mais à quel prix ?
C’est donc un nœud au ventre que j’ai suivi courageusement François et sa lubie de devenir surfeur (il laisse déjà pousser ses cheveux pour l’occasion) et ai retenté l’expérience en Cantabrie… Et qu’est-ce que j’ai bien fait !
Avant de se lancer sur l’eau, notre professeur nous fait répéter nos mouvements en cadence : 1 – 2 – 3, 1 – 2 – 3… Comme une valse qui se danserait couchée/accroupie/debout, nous enchainons studieusement nos positions. Le prof ajoute :
Si vous m’écoutez quand vous serez dans l’eau, vous augmenterez vos chances de peut-être réussir à vous lever !
Il faudra me faire entièrement confiance et réagir quand je le dis : c’est 1 – 2 – 3 ! Direct ! – poursuit-il sur un ton militaire.
Vous savez ce moment où votre instinct vous dit « Non, ce n’est pas le bon moment. » ? Et bien c’est là qu’il faut se lancer. Alors on n’écoute pas son instinct, on n’écoute que moi ! Compris ?
Et c’est sur ces mots et nos timides hochements de tête que nous nous lançons à l’eau.
C’est un souvenir totalement différent que m’aura laissé cette nouvelle expérience : de plaisir, de technique, de maitrise, de confiance, d’excitation, de jubilation… et même de victoire, disons-le ! Car cette fois-ci, j’ai réussi toutes mes vagues. Oui, pour l’occasion, je m’approprie les éléments : ce sont mes vagues à moi. Chaque tentative s’est vue récompensée d’un beau succès : moi debout, les cheveux au vent, la planche filant sur la cime des (petites) vagues, et mon enthousiaste professeur criant derrière moi tel un guerrier victorieux !
Les mots me manquent pour décrire ce sentiment de joie légère teinté d’incrédulité qui m’envahit lorsque je suis debout sur l’eau. Jésus a-t-il eu les mêmes sensations ? Le sentiment de ne faire qu’un avec tout ce qui m’entoure… ou presque, car ce sentiment est inextricablement mêlé à la conscience que cet équilibre est totalement précaire : « Ne pas bouger, ne pas bouger… ». Jusqu’à ce que le rouleau disparaisse : et plouf ! Et rires. Et c’est reparti pour un tour !
5 aventures… et 5 promesses en Cantabrie
Ce voyage n’aurait jamais été le même sans les personnes qui m’accompagnaient : ensemble nous avons vécu des moments intenses et avons partagé tant de rires que mes abdominaux s’en souviennent encore ! Merci à elles !
Et alors que je m’attendais à rentrer fourbue de fatigue, c’est pleine d’une énergie nouvelle que j’ai atterri, la tête nettoyée, les batteries chargées et le sourire aux lèvres. Je ramène avec moi de magnifiques souvenirs, quelques superbes photos… et de nouvelles promesses que tiendrai avec plaisir !
En partenariat avec l’Office de tourisme d’Espagne et de Cantabrie.
Très bel article et magnifiques photos ! 🙂 Merci
Merci beaucoup Leslie ! 🙂 J’adore aussi les photos de François (je lui transmettrai ton compliment, ça lui fera plaisir ^^) !
Tiens, je connais plutôt l’Espagne classique… Alors là, la raquette en Espagne… en mai… vraiment ? Je suis étonnée !
Les paysages semblent époustouflants ! Merci pour cette belle découverte 🙂
Oui !!! Nous aussi on a été super étonnés de faire de la raquette de neige mi-mai ! Neige et t-shirt, une association assez insolite et dépaysante ! 😉
Ohhhh, c’est en Espagne ça ? Franchement tu aurais posté les photos sans l’article, je n’aurais probablement pas deviné ! En même temps, je ne connais pas du tout l’Espagne donc …. mais en effet, sur certaines photos j’aurai pensé à l’Irlande, presque la Nouvelle Zélande ou encore le Tibet (ou en tout cas l’image que je me fais du Tibet !)
Allez, un nouvel endroit à découvrir sur ma liste 🙂 merci !
Oui, on s’est fait les mêmes réflexions que toi ! On se croyait par moment en Patagonie (qui parrait-il ressemble pas mal à la Nouvelle-Zélande – on devra encore alors vérifier ça !) ou en Irlande… Vraiment magique !
On a adoré, que des bonnes surprises et l’envie déjà d’y retourner 🙂
Très belles photos ça donne vraiment envie! Je connais bien l’Espagne mais je suis toujours émerveillée par les paysages qu’on peut y trouver.
Merci Daïnah ! J’aime beaucoup les photos que François a pu prendre durant ce voyage ! Je ne me lasse pas de les regarder pour revivre le voyage 😉
Oui, l’Espagne est vraiment un beau pays avec plein de paysages insoupçonnés !