C’est un article un peu spécial que je vous propose aujourd’hui : un hommage à Albert Jacquard, qui nous a quitté cette semaine, à l’âge de 87 ans.
Chercheur généticien, penseur et écrivain, il est connu pour son travail de vulgarisation scientifique, ses réflexions humanistes et ses engagements citoyens.
Proche du mouvement altermondialiste, il défendait un monde solidaire et la «décroissance joyeuse», ainsi que le concept de gouvernement planétaire.
J’ai découvert ce penseur lors de ma scolarité, à l’âge de 16 ans, et ses propos philosophiques m’ont immédiatement touchés. Ses conférences et ouvrages ont guidés mes réflexions sur la société, la religion… J’en ai retenu que l’homme existe et ce construit grâce à la rencontre avec l’Autre.
Voici quelques citations à méditer
Manifester son bonheur est un devoir; être ouvertement heureux donne aux autres la preuve que le bonheur est possible.
Il faut prendre conscience de l’apport d’autrui, d’autant plus riche que la différence avec soi-même est plus grande.
Je suis les liens que je tisse avec les autres.
Je crois à la nécessité du rapport à l’autre non seulement pour être heureux, mais bien plus fondamentalement pour être conscient.
L’oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l’excès de travail est le père de toutes les soumissions.
Mon objectif, ce n’est pas de construire la société de demain, c’est de montrer qu’elle ne doit pas ressembler à celle d’aujourd’hui.
Exprimer une idée est une activité difficile à laquelle il faut s’exercer ; la télé supprime cet exercice ; nous risquons de devenir un peuple de muets, frustrés de leur parole, et qui se défouleront par la violence.
On peut apprendre à un ordinateur à dire: «Je t’aime», mais on ne peut pas lui apprendre à aimer.
Pour celleux qui veulent aller plus loin
Je vous conseille :
- la vidéo où il expose ses réflexions sur le travail : « L’avenir du travail par Albert Jacquart 1999 » ;
- le livre : « Petite Philosophie à l’usage des non-philosophes » (d’où sont tirées la majorité des citations).
- Belles rencontres en voyage : Antonio, El Salvador
Je connais un tout petit peu son oeuvre et ses idées, mais tu me donnes certainement envie d’aller plus loin. Chouette article !
Merci Anne 🙂
Albert Jacquard est pour moi un grand homme, et sa disparision m’a beaucoup touchée. Je voulais lui rendre hommage et le faire (re)découvrir aux autres, plus qu’à travers les quelques tweets de citation que j’ai posté lorsque j’ai appris la nouvelle.
Je pense que sa philosophie devrait rencontrer celle de pas mal de voyageurs, à travers l’importance du lien et de la rencontre à l’autre, la remise en question de la société de consommation, la lutte contre l’injustice et les inégalités, une vision globale planétaire, …
Je ne connaissais pas du tout… (bouh l’inculte…) mais j’aime beaucoup les citations et plus particulièrement celle sur la société de demain qui ne doit pas ressembler à celle d’aujourd’hui. Cela fait vraiment réfléchir et je pense qu’effectivement en temps que voyageur nous devons encore plus en prendre conscience.
Si tu ne connais pas (pas de honte à ça ! C’est aussi dans cette optique que j’ai écrit cet article 😉 ), je te conseille vivement de t’y intéresser de plus près.
C’est un grand homme pour moi, et son enseignement, trop souvent ignoré ou inconnu, est de grande valeur. Je pense, comme tu le dis, que cela peut accompagner la réflexion des voyageurs dans leur prise de recul sur le monde et le modèle de la société actuelle.
Son départ m’a touché également. Je l’avais découvert grâce à mon père pendant l’enfance, puis j’ai lu certains de ses ouvrages à l’age adulte. J’y trouve souvent en quelques mots le plein de bon sens, et d’humanisme que l’on devrait tous posséder.
Je garde une des ses idées en tête notamment : « Pour devenir idiot, il suffit d’être passif (d’acheter des bonbons et de se mettre devant la télévision) »
Bonjour Max,
Je ne connaissais pas cette phrase là, mais elle « sonne » bien dans sa lignée de pensée. Un grand homme dont j’espère l’enseignement continuera à vivre.
J’avais vu passer ton article mais je ne l’avais pas ouvert. Je viens d’apprendre sa mort par ton article !
J’adorai cet homme exceptionnel, il m’arrivait d’écouter ses émissions, c’est un personnage rare.
Une chose qui m’avait choqué c’est une remise de prix qu’il avait reçu, c’était un « antiprix » descerné par des personnes de droite extrême, signifiant qu’il était le roi de la désinformation scientifique entre autre. Alors que de mon point de vue c’est tout l’inverse, il vulgarisait surtout l’info, c’est sûrement ce qui dérangeait certaines personnes !
Je suis d’accord sur tout ce qu’il dit dans les exemples que tu as cité. Je n’avais pas pensé au fait que la frustration de ne pouvoir s’exprimer pouvait conduire à la violence, mais maintenant, cela me semble tout à fait logique.
Merci pour cet hommage, et puis lire ces petites phrases remontent toujours le moral.
Merci Haydée pour ton commentaire.
J’adorais moi aussi cet homme, sa manière de voir le monde et son aisance à partager ses savoirs à la portée de tous.
Oui, je me souviens aussi de ce prix, comme tu dis, il devait déranger. C’est tellement paradoxal, mais en même temps tellement « humain » (dans le mauvais sens de notre condition …).
La frustration due à la non-capacité d’expression est une des grandes causes de violence : c’est visible déjà chez les enfants tous petits, qui vont céder à leurs pulsions agressives (j’ai faim, je suis en colère, il m’a piqué mon jouet, …) là où les adultes sont censés avoir appris à les sublimer, les canaliser et les exprimer de façon socialement acceptables … Censés !