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Un sac sur le dos Un sac sur le dos
Amandine

Nouvel épisode dans la rubrique pas mouru mais presque lors de notre dernier séjour en Espagne.

François connaît la ville de Murcie (Murcia) comme sa poche, et pour cause, c’est là que vit sa famille espagnole. Pour ne pas tourner en rond et toujours découvrir de nouvelles choses, nous explorons la région à chacun de nos passages.

Cette année, après avoir fait le tour des crèches, nous avons décidé de profiter du jour le plus ensoleillé de la semaine pour marcher dans la campagne, direction Casillas et Monteagudo : magnifique balade sous un ciel bleu avec 20° à l’ombre, pas mal pour fin décembre !

Malgré les rumeurs sur la crèche de Casillas, l’une des plus célèbres de la région, nous avons décidé de vérifier par nous-même si elle était exposée cette année. La quête ne fut pas un franc succès, mais au moins nous avons pris le soleil. L’heure étant encore avancée dans la matinée (seulement midi, donc, selon l’horaire espagnol, il nous reste encore plus de deux heures avant le prochain repas !), nous poursuivons vers le village de Monteagudo (« Mont Aigu »).

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Au loin, le Christ de Monteagudo

Dans les bras du Christ

Arriver jusque-là n’est vraiment pas difficile : il suffit de se laisser guider par le Christ, du haut de sa colline ! De loin, cette montagne parait énorme, surmontée d’un Christ accueillant, attendant les pèlerins les bras ouverts.

Selon les dires des gens de la région, la municipalité avait décidé d’enlever le Christ qui menace de s’effondrer, pour des raisons évidentes de sécurité. Mais c’était sans compter sur la ferveur des espagnols ! Face au tollé de protestations, la décision a été annulée et le Christ maintenu … mais pour combien de temps ?

Halte au musée

Nous découvrons avec surprise un musée au bas du mont, présentant les résultats des fouilles archéologiques sur les lieux : vraiment intéressant, une bonne surprise pour les amoureux d’histoire antique que nous sommes !

Les civilisations se sont ici succédées, depuis l’époque Chalcolithique il y a 4.400 ans, en passant par la période Argarique (3.700 ans) puis Ibérique (2.500 ans), Romaine (2.000 ans) et enfin Andalouse (et donc musulmane) il y a 850 ans.

Les céramiques de la période ibérique et les colonnes de l’époque romaine m’ont particulièrement plues. Mais c’est la représentation du palais arabe de l’époque andalouse qui m’a le plus impressionnée : on se croirait presque à Grenade !

Malheureusement, il ne reste rien ou presque de la splendeur de ce château, aux portes arquées et aux patios rafraîchissants avec leurs jardins, leurs bassins et leurs fontaines.

Après la visite, la guide du musée nous demande :

– « Vous voulez monter voir le Christ ? »
– « Oui, c’est pour ça que nous sommes venus ! »
– « Mais … vous aimez marcher ? Êtes-vous équipés pour monter ? ». Son regard se tourne vers moi, l’air sceptique : ma tenue, un t-shirt et une petite jupe, ne semble pas la convaincre !
– « Oui » réplique François « Nous venons de Murcie à pieds »
– « Ha ! » Je pense que nous l’avons impressionnée et marqué un bon point. « Dans ce cas, pas de soucis ! »
– « Jusqu’où peut-on monter ? Peut-on arriver jusqu’au sommet ? »
– « On peut monter assez haut, mais pas jusqu’au Christ, c’est dangereux, il n’y a pas de chemin. Par contre, vous trouverez une porte en métal en montant : elle est fermée, mais vous pouvez quand même continuer en la contournant. »

A l’assaut du Christ

Nous voilà partis ! En route, une famille se joint à nous, et ainsi une mère et sa fille viennent grossir les rangs de notre troupe. Nous les aidons à se faufiler sous les barrières métalliques « puisque les guides du musées ont dit qu’on pouvait ! », et à grimper un escalier métallique bancal, la rampe en métal ayant été volée.

Je suis assez déçue à mon arrivée : le site est une porcherie, des morceaux de verre jonchent le sol partout où se pose mon regard. Nous poursuivons malgré tout, heureux de ne pas souffrir du vertige … Le sol sur lequel nous marchons avec précaution est un vrai gruyère ! Des pans entiers se sont effondrés, révélant des murs romains, certains des arcs étaient encore parfaitement visibles : magnifique !

Nous progressons ainsi, tentant de marcher sur les murs porteurs, évitant les trous des ruines romaines et ceux des greniers de nourriture (de vrai puits d’une profondeur effrayante) pour atteindre les prochains escaliers vers le Christ … Seul petit problème, les prochaines marchent se trouvent 3-4 mètres au dessus de nos têtes ! Nous n’avons pas milles solutions : escalader ou renoncer. Vous devinez la suite !

Entre-temps, nous raccompagnons la mère et sa fille vers le sentier, leur tenant l’escalier afin qu’il ne vacille pas trop. Elles le descendront tout de même sur les fesses, le tout en chantonnant la célèbre musique d’Indiana Jones !

Nous retournons devant les marches menant au Christ et le mur à grimper. M’élançant la première, je m’arrête à mi-hauteur, pensive :

– « Monter, pas de soucis, il y a moyen, j’y suis presque … Mais par contre, j’ai un mauvais pressentiment pour redescendre. Je pense que ça va être nettement plus difficile. Qu’est-ce qu’on fait ? Je continue ? »
– « Bah, on verra bien après ! »

Nous rattrapons donc l’escalier et grimpons jusqu’au Christ, profitant de la vue plongeante sur la vallée. Pas grand chose de plus à voir là-haut, si ce n’est d’autres ruines enfuies aux pieds du monument, et le Christ qui nous tourne le dos, proposant une petite échelle pour rentrer par derrière … Il manque quelques marches, d’autres paraissent sur le point de lâcher sous nos pas, mais nous montons toujours. A la lumière de notre iPod, nous montons dans l’escalier en colimaçon pour explorer un lieu où il n’y a rien à explorer ! Réminiscence de notre première pénétration de Christ, à Cochabamba – qui c’était nettement plus impressionnante.

J’observe ce Christ et la terre sur laquelle il repose : un sol troué où se cachent un ensemble de ruines. Pas étonnant qu’il menace de s’effondrer !

Vient l’heure de redescendre : arrivés à la fin des marches, où nous avions escaladé quelques minutes plus tôt, nous nous arrêtons pour évaluer la situation. François décide de servir de cobaye et de se lancer le premier. Il lui aura fallut quelques minutes avant d’accepter la réalité : il était coincé et ne pouvait plus que sauter. Rien de cassé, c’est à mon tour. Je décide quant à moi de reprendre le chemin escaladé à l’allée, François guidant mon positionnement de pieds et me réceptionnant même à l’arrive, en véritable gentleman.

Au final, quelques écorchures, quelques bleus … et quelques frayeurs également !

Un jour on sera trop vieux pour ces conneries, me dit François

Espérons alors que ce jour arrive le plus tard possible !

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6 réponses à “Expédition au Christ de Monteagudo”

  1. Salut Amandine et François,
    Ah ah, ça chauffe sur « unsacsurledos », que d’émotions:)
    Mais ça fait pas vraiment peur, on sait que vous vous en sortez à la fin… D’abord parce que t’es la pour raconter l’histoire, puis parce que vous vous êtes de vrais héros, sans peur et sans failles. Alors que Indiana Jones lui, il a peur des serpents. Vous débarquez de Murcia en sandales, pour vous attaquer à la colline aux trésors que surplombe le Christ de Monteagudo. Sans une hésitation…
    Moi j’ai peur dans les escaliers, j’ai pas confiance en mes pieds, et c’est réciproque.

    A propos des vieilles pierres, quand tu dis Amandine que les colonnes romaines t’ont plu, ça veut dire quoi ? ça te fait quoi ? Tu vois s’ouvrir devant toi d’autres mondes, anciens et mystérieux… Qu’est ce qui se passe ?

    En croisant cet article dans lequel vous exprimez à nouveau votre amour pour l’antiquité, l’archéologie, et celui de François dans lequel il manifeste son mépris pour une certaine archi moderne… Je me disais… vous seriez pas un peu réac ?:)
    Je déconne mais ça me rappelle un truc quand je bossais comme informaticien dans un lycée. Le gouvernement faisait le forcing pour qu’on installe des ordis dans toutes les classes. L’ensemble des profs râlait parce que ça allait forcément changer leur façon de travailler. Mais ceux qui l’avaient le plus mauvaise, c’étaient les profs d’Histoire. J’ai trouvé marrant que ceux dont l’activité était à fortiori passéisante, montraient la plus farouche résistance au changement et à la modernité.
    Une fois cela dit, je les comprends. Je me suis penché sur la question, et je n’ai pas réussi à trouver mieux, en terme de qualité ou de confort d’enseignement, qu’un tableau noir, et de bonnes vieilles cartes.

    C’est dans les vieux pots dit-on qu’on fait les meilleures soupes. L’archi bateau ne nous emmène pas loin. Vivent les vieux cailloux qui font voyager.

    • Salut Sirhom !

      Non, ça ne fait pas vraiment peur 😉 C’est surtout un clin d’oeil à une des expressions préférées de François sur les routes « on a faillit mourir ! » : s’il ne le dit pas au moins une fois sur le voyage, c’est que ce n’est pas un bon voyage : pas d’imprévu, pas de surprise, pas de petite/moyenne/grosse cata où on se dit « et maintenant ?! » …

      Sans peurs et sans failles? Meilleurs qu’Indi ? Humm … vu l’arachnophobie de François, pas sûr :p Et je ne tiens pas les serpents particulièrement dans mon coeur non plus ! Par contre, c’est vrai que marcher ne nous fait pas peur.

      Ce qui me plait quand je suis face à des veilles pierres ? Déjà le côté esthétique : je trouve ça beau ! Ensuite, il y a ce phénomène que tu décris : je me sens connectée à une autre époque, un autre lieu, une autre civilisation, une autre réalité … Et j’aime ça ! J’aime me demander qui vivait ici, quelles étaient leurs histoires, … et percevoir les mystères d’un lieu me donne juste envie de plonger dedans et de ne plus le quitter 😉
      J’aime me poser aussi à ces endroits, pour profiter des lieux – méditer serait un bien grand mot, mais disons que c’est la tendance générale que cela m’inspire.

      Un peu réac nous ? Je ne nous avais pensés en ce terme 😉
      Sans détester par défaut la nouveauté et tomber en extase devant les vieilles pierres, j’ai un faible pour l’antique et une répulsion pour l’uniformité, le trop rangé, trop carré, trop lisse, trop terne, trop bétonné, trop serré et compacté … souvent lié à la modernité.
      J’aime beaucoup ta phrase de conclusion ^^
      « L’archi bateau ne nous emmène pas loin. Vivent les vieux cailloux qui font voyager. »

  2. Haha j’adore la conclusion ! 😀 C’est bien pour ça que vous avez raison de faire ça maintenant. ^_^ J’ai l’impression au global que cette virée a été décevante non? :

    • Décevante ? non, déjà parce que François a réussi a encore découvrir quelque chose dans une région qu’il voit presque chaque année depuis sa naissance ; ensuite parce que nous n’avions aucune autre idée ou envie que de marcher jusqu’à ce Christ et de le rejoindre au plus près possible.
      De loin, nous avions l’impression que la colline sur lequel il repose était beaucoup plus grande, et donc qu’il serait quasiment impossible de grimper jusqu’au sommet.
      Mais une fois en bas, de découvrir que c’était difficile, mais jouable, et surtout qu’il y avait des ruines et des arcs romains, j’ai adoré ! Très belle surprise.

      Une belle rencontre également avec cette jeune fille et sa maman, aux inspirations d’Indiana Jones.

      Il y a par contre, tu as raison à ce niveau, une part d’un ressenti plus négatif, une fois en haut, de voir ce que les Hommes peuvent faire comme crasse, avec tous ces débris de verre. Et une impression mitigée, face à ce protectionnisme des fervents, qui refusent qu’on enlève le Christ de sa colline, et ce malgré le risque évident vu l’état des fondations. Je suis curieuse de voir l’évolution des choses tout en espérant qu’il n’y ait aucune catastrophe pour les gens qui habitent juste en dessous.

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