Vivre la plus grande fête du Sri Lanka ? Et avoir la chance d’apercevoir une authentique dent de Bouddha ? Nous ne pouvions pas passer à côté de cela !
Cap sur la ville de Kandy pour la fête d’Esala Perahera.
Faire la fête au Sri Lanka
Nous n’aimons pas tellement les foules : nous retrouver perdus dans des marées humaines n’est pas exactement notre tasse de thé. Mais lorsque nous avons choisi de partir au Sri Lanka, nous avons découvert que nos dates coïncidaient avec l’une des plus grandes fêtes de l’île… et nous avons sciemment décidé de nous y rendre !
Esala Perahera au Sri Lanka, c’est un peu comme le carnaval à Rio : tellement ancré dans la culture locale que ne pas y assister ferait perdre un pan entier du pays.
Avec la fête du Nouvel An cinghalais (en avril), Esala Perahera est la plus grande célébration de l’île, attirant un grand nombre de la population aux villes stratégiques : Kandy (dans les montagnes du centre) et Kataragama (sur la côte sud-est).
Au pays de Kandy…
Située au cœur du Sri Lanka, cette ville a une importance toute particulière pour les Cinghalais, certains la considérant encore comme la capitale (car elle fut le cœur du dernier royaume cinghalais). Elle est considérée comme la capitale religieuse de l’île.
Ces dernières années, l’évolution de Kandy semble avoir suivi une courbe exponentielle. Le havre de paix s’est considérablement modernisé, avec tout le bruit et la pollution que cela implique.
Et à la période d’Esala Perahera, le nombre de personnes présentes semble se multiplier sans fin, et avec lui le nombre de tuk-tuk et le bruit environnant.
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Le Temple de la Dent : Sri Dalada Maligawa
Le temple le plus important de Kandy : le Temple de la Dent, de son nom cinghalais Sri Dalada Maligawa. Débuté au XVIIIe siècle et achevé en 1782, ce temple faisait partie du palais royal de Kandy. Contenu par une enceinte, il se compose de plusieurs bâtiments : le Vahahitina Maligawa, l’Alut Maligawa, le Sri Dalada Muséum et le Mangul.
Le cœur de ce palais-temple est bien sûr « la dent de l’Eveillé », dans le sanctuaire (« Vahahitina Maligawa »). Mais ne soyez pas déçus : il est impossible d’apercevoir la fameuse dent. Elle est protégée par 7 coffrets dorés placés les uns dans les autres, telles des poupées russes. La seule chose que l’on puisse réellement voir est le spectacle cérémoniel, animé par un joueur de flûte et des joueurs de tambours.
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L’histoire de la dent de Bouddha
Retrouvée dans le bucher funéraire de Gautama Bouddha à Kushinagar en 543 av. J.-C., « la » dent devin une relique importante du monde bouddhiste, considérée comme une représentation symbolique de Bouddha vivant. L’histoire de cette dent est mouvementée, impliquant des mouvements entre l’Inde et le Sri Lanka et de nombreuses péripéties au cœur même de l’île.
Transportée clandestinement au Sri Lanka et remise au Roi Kirthi Sri Meghavarna, elle fut tout d’abord conservée à Anuradhapura. Considérée comme la propriété du roi, elle devint un symbole de la légitimité royale. Ainsi, lorsque les rois changèrent de capitale, la dent bougeait avec eux, atterrissant dans un nouveau « Temple de la Dent » construit systématiquement en face du palais royal, à Polonnaruwa comme à Dambadeniya.
Durant la période trouble du roi Dharmapala de Kotte, converti au catholicisme, puis de l’invasion portugaise, la dent (mise à prix par le roi de la Birmanie) a été cachée et déplacée, jusqu’à la reconstruction du Temple de la Dent de Kandy… Ce qui ne signifia pas forcément à un « happy end » pour la dent, car ce temple a été attaqué depuis lors deux fois (par les communistes du Janatha Vimukthi Peramuna en 1989 et par des Tamouls en 1998).
En pratique : le Temple de la Dent Adresse : situé sur la rive nord du lac. Horaires : ouvert tous les jours de 6 h à 20 h ; les cérémonies ouvertes au public ont lieu à 6 h, 10 h et 19 h Tarifs : 1 000 RsRemarques Remarque 1 : Théoriquement, il faut payer pour avoir le droit de photographier (300 Rs) et de filmer (500 Rs), mais malgré notre demande, l’homme au guichet ne nous a rien réclamé (le prix pour « camera » étant pourtant clairement affiché sur la vitre de son comptoir). Remarque 2 : Il faut laisser ses chaussures à côté du guichet des tickets ; une donation libre est demandée lorsque l’on reprend ses chaussures (beaucoup laissent 20 Rs.). Astuce : si vous avez peur de vous bruler la plante des pieds, prenez une paire de chaussettes dans votre sac ! Remarque 3 : Avant de passer les premières grilles autour du palais, un poste contrôle vérifie si votre tenue est correcte (genoux, épaules et ventre couverts) et si vous ne transportez rien de dangereux (eau et appareil photo acceptés). Remarque 4 : Si vous souhaitez faire « couleur locale » et respecter au maximum les rites et usages des Cinghalais, habillez-vous en blanc (particulièrement lors des cérémonies et fêtes pour Esala Perahera). -
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Les quatre divinités protectrices
Le Temple de la Dent bénéficie de quatre divinités protectrices. Chacune de ces divinités est honorée dans un temple se situant aux alentours du Temple de la Dent de Kandy :
- Natha Devale : dédié à Natha (forme abrégée et locale de Mahayana la Bodhisattva Avalokitesvara, divinité bouddhiste de la compassion ultime), situé dans le Temple Square)
- Pattini Temple : dédié à Pattini, déesse de la chasteté et guérisseuse des maladies (situé dansTemple Square)
- Maha Vishnu Devale : dédié, comme son nom l’indique, à Vishnu, dieu protecteur (situé face à Temple Square)
- Kataragame Temple : dédié à Murugan (ou Skanda), dieu de la Guerre, situé à 350 mètres de Temple Square)
Esala Perahera
Cette grande fête bouddhiste, organisée entre fin juillet et début août, célèbre l’anniversaire du premier sermon de Bouddha. Le cœur de cette fête dure une dizaine de jours et s’organise autour de longues processions (« perahera » signifiant « procession » en cinghalais).
Depuis des siècles, les cérémonies de ces processions se déroulent toujours de la même façon et en faire partie est un grand honneur. Les générations se succèdent et se rencontrent dans ces cérémonies, les plus jeunes participant aux côtés de leurs aînés afin d’assurer la pérennité de la tradition.
L’histoire d’Esala Perahera
Historiquement, le rituel d’Esala Perahera était un message adressé aux dieux, leur demandant de faire tomber la pluie.
De nos jours, on considère que l’Esala Perahera moderne est la fusion de deux « peraheras » différentes : l‘Esala et la Dalada, la seconde ayant débutée à l’arrivée de la Dent au Sri Lanka.
L’Esala Perahera moderne est rattachée au roi de Kandy Kirthi Sri Rajasinghe (XVIIe siècle), qui considérait la dent comme sa propriété privée et acceptait de la faire défiler à l’occasion de la Perahera afin que le peuple puisse la voir et la vénérer une fois par an.
4 étapes d’Esala Perahera
Esala Perahera se compose de quatre grandes étapes.
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Kapsituvima
Quatre jours avant le début des festivités, un fruit de jacquier béni est planté dans l’enceinte de chacun des quatre temples dédiés aux divinités protectrices de l’île. Lors de ces cérémonies, des offrandes sont également faites : des fleurs de neuf espèces et une lampe à huile avec neuf mèches, afin de s’attirer les bénédictions des divinités.
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Kumbal Perahera
La fête commence réellement ! Pendant 5 jours, des processions partent des temples des divinités protectrices pour se rejoindre et former une grande procession jusqu’au Temple de la Dent.
La châsse de la relique sacrée, substitut de la dent de Bouddha, est transportée par un grand éléphant mâle, le Maligawa.
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Randoli Perahera
Cette phase de la fête tient son nom « randoli » des palanquins dans lesquels voyageaient les reines de Kandy.
Durant 5 jours, le substitut de la relique de la Dent est transporté par le Maligawa en tête du cortège. La longue procession se compose de nombreux danseurs, jongleurs de feu, acrobates, porteurs de drapeaux, musiciens… et d’éléphants tout aussi costumés que les autres participants de la fête.
Des milliers de Cinghalais se donnent rendez-vous à Kandy pour assister à ces deux parties centrales de la fête d’Esala Perahera, Kumbal Perahera et Randoli Perahera.
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Diya Kepeema
Le dernier jour qui clôture cette grande célébration se déroule en plein jour (pour changer des processions de nuit) le jour de la pleine lune, le cœur de la fête se déroulant sur les rives du Mahaweli Ganga, à Getambe.
Admirer les processions de la dent de Bouddha
Nous arrivons pleins d’enthousiasme à Kandy le tout premier jour des festivités, ravis d’assister au début de cette grande tradition festive.
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Premier essai : un coup dans l’eau
Prévoyant de trouver des places dans la ville avant le début des processions, nous quittons notre hôtel situé de l’autre côté du lac, profitant d’une belle balade pour admirer les couleurs et guirlandes lumineuses qui décorent la ville. Le centre de Kandy semble s’être transformé en sapin de Noël !
Nous arrivons à l’entrée du centre « seulement » 3 heures à l’avance. Pas moyen de faire le moindre pas, les policiers bouclent le quartier et gèrent la circulation d’un air sévère. Dépités, nous attendons malgré tout le début du défilé, espérant pouvoir en apercevoir quelques miettes… Et c’est réellement tout ce que nous aurons. Le rythme des tambours résonnait dans toute la ville sous les applaudissements sporadiques des spectateurs. Par moment, nous entrapercevions des flammes ou le mouvement d’une oreille d’un éléphant dans son costume lumineux.
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Deuxième essai : great success !
Pour mettre toutes les chances de notre côté, nous avons décidé de trouver « notre place » dès l’après-midi. Tout autour de nous, des femmes et des enfants posent déjà leur base de campement sur les trottoirs. Certains font la sieste à même le sol afin de réserver leur espace. Il est 13 h, le défilé ne commencera pas avant 19 h 30. Comment concurrencer une telle ferveur ?
Nous repérons le Pizza Hut, idéalement situé, mais toutes les tables à l’intérieur sont déjà réservées depuis bien longtemps ! Nous nous rabattons sur les sièges posés sur leur terrasse, afin d’être sûrs de pouvoir bien profiter du spectacle.
En début de soirée, nous sommes à nos postes, prêts à patienter… L’ambiance est électrique, les derniers véhiculent sont évacués des rues, les vendeurs ambulants prennent le relais. Cela crie, cela rit : un concentré de vie dans les rues de Kandy !
Le temps passe, rien ne vient. Finalement, vers 19 h 30, un premier bruit se fait entendre. Ce sont les hommes maniant le fouet, le faisant claquer en rythme pour attirer l’attention d’un public déjà conquis. Puis arrivent les jongleurs de feu, dansant avec les torches en un ballet acrobatique. Et enfin, nous apercevons notre premier éléphant. Tout endimanché, il porte un costume coloré serti de petites lumières resplendissantes. Il avance de son pas lourd, suivant le rythme des danseurs. Et puis les danseurs, musiciens et éléphants se succèdent à un rythme soutenu. Cette procession semble ne jamais finir !
Les costumes, des hommes comme des éléphants, m’émerveillent : quel souci du détail, quel travail ! Certains danseurs, acrobates et musiciens sont encore de jeunes enfants : maladroits par moment, mais pleins d’enthousiasme et fort de la volonté de faire leur preuve.
Au bout d’un moment, nous finissons par comprendre pourquoi il n’y avait que des femmes autour de nous, à attendre dans les rues : tous les hommes de Kandy semblent participer à la procession !
Malgré mon émerveillement, je ne peux m’empêcher d’avoir un pincement au cœur en regardant passer ces éléphants, les chaînes aux pattes, encadrés par des hommes armés d’un bâton à crochet, tels des esclaves acclamés bien malgré eux… Mais pour les propriétaires de ces éléphants, venus d’autres temples ou de leurs plantations et forêt à travers tout le pays, c’est un véritable honneur d’avoir son éléphant sélectionné pour participer à ce rituel.
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Jamais deux sans trois
Par hasard, notre itinéraire n’étant jamais construit avant le voyage, nous sommes repassés par Kandy après avoir fait un tour dans le sud de l’île. Nous sommes arrivés pile le dernier jour des festivités, pour assister à la fin de la procession du Diya Kepeema !
Intéressant de voir les costumes de jour, et de remarquer que les costumes des éléphants sont différents de ceux de nuit (pas d’ampoules, mais des décorations qui brillent à la lumière du soleil).
Remarque : L’effet de cette procession de jour est beaucoup moins impressionnant que celles de nuit. Si vous avez l’occasion, visez plutôt les phases centrales : Kumbal Perahera et Randoli Perahera
En pratique : assister à l’Esala Perahera
Pour ceux qui cherchent un moyen sûr et « confortable » d’assister à la procession, des restaurants, hôtels et commerçants louent des sièges numérotés avec vue sur les rues où passe le cortège. La plupart des « loueurs de sièges » demandent à ce qu’on soit assis à nos places dès 17 h 30.
Pour les plus débrouillards qui n’ont pas peur des bains de foule : pas besoin de payer pour réserver une place. Il vous suffit d’arriver suffisamment tôt (et/ou d’avoir de la chance !) et de vous assoir sur le trottoir quelques heures avant le commencement.
J’ai rencontré certains touristes qui ont été invités par des Cinghalais à s’assoir près d’eux, heureux de partager ce moment festif avec un étranger qui, en retour, a offert aux enfants l’une ou l’autre babiole proposée par les vendeurs ambulants qui pullulent avant la procession.
Kandy et Esala Perahera : une aventure à vivre !
Kandy est une ville immanquable du Sri Lanka, qui possède son charme et ses mauvais côtés… Il nous a fallu quelques jours pour nous sentir à l’aise dans cette ville pleine de vie, que finalement nous n’aurons jamais vue en dehors des festivités d’Esala Perahera.
Une chose est sûre, le spectacle des processions d’Esala Perahera restera parmi nos meilleurs souvenirs du Sri Lanka !
Et vous, avez-vous déjà voyagé à Kandy et assisté à l’Esala Perahera ? Des anecdotes ou conseils à partager ?
Hello ! Après avoir lu ce post, je crois que Kandy sera l’une des plus belles étapes de notre voyage 🙂 On part dans 8 jours et on a vraiment hâte de vivre l’Esala Perahera au milieu des locaux. Merci pour les belles photos et les conseils pratiques 😉
Merci Sabrina pour ton message. Ravie que l’article te plaise; je transmets les compliments pour les photos à François, ça lui fait toujours très plaisir !
J’ai encore beaucoup d’articles à publier sur notre voyage au Sri Lanka, mais nous en avons déjà publiés quelques uns que tu peux retrouver via le menu supérieur du site :« Destination – Asie – Sri Lanka ».
On vous souhaite un beau voyage et un beau spectacle avec l’Esala Perahera ! 😉