Un voyage au long cours se prépare des mois (voire des années) à l’avance. Et pendant ces longs mois d’attente, le cerveau du futur voyageur joue au yoyo avec ses émotions, lui en faisant voir de toutes les couleurs ! Ainsi, le futur voyageur expérimentera 7 phases.
Les 7 phases émotionnelles
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L’excitation et l’euphorie
Je suis le roi du monde !
Tout est possible, le futur voyageur veut tout voir, devient curieux de tout ce qui ne concerne pas son continent. Comme un enfant, il décompte les dodos avant le départ. Tel un véritable radar à voyage, il ne perd pas une occasion pour parler de son super projet, véritable obsession… De quoi d’autre pourrait-on parler sinon ?
C’est souvent la toute première des émotions, celle qui submerge quand l’idée de partir naît. Le voyageur en devenir est alors sur-motivé, et souvent pas encore pris au sérieux par son entourage (« Mais oui, tu veux partir. Moi aussi tu sais … »).
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L’incrédulité
Cette phase plonge le futur voyageur dans une sorte d’état second :
Je n’arrive pas à y croire : dans 1 mois je suis à l’autre bout de la planète !.
Les sens sont coupés, le cerveau tourne au ralenti et le monde extérieur passe à côté du futur voyageur sans que celui-ci ne se sente concerné. « Je n’y crois pas !… ». Mi-amusé par son audace (« Moi, j’ai osé me lancer, youhou ! »), mi-paniqué par sa fichue audace (« encore elle, et puis d’où elle sort, celle-là ? »), il reste englué dans un état mitigé, et surtout amorti par ce combat interne qui lui prend toutes ses ressources psychiques.
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La panique et l’angoisse
M*** ! Mais qu’est-ce que je fais ?! Ce projet est insensé ! Je n’ai jamais voyagé aussi loin avant, je ne connais pas le pays ni la langue, je n’aurai pas assez d’argent… ?
Le paniqué est aussi survolté que l’euphorique … et sans doute aussi énervant à la longue !
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L’insouciance
Le futur voyageur fait ici preuve d’excès de confiance. Il est en mode rasta :
Cool man, no stress.
Heureux, il ne se préoccupe de rien : la Destinée se chargera de tout ! Pas l’ombre d’un nuage à l’horizon : «On a les billets, et pour le reste, on verra plus tard… ça va être cooool, man !»
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Le doute
Les interrogations du futur voyageur sont à ce stade plus réfléchies. Il se pose des questions existentielles, et tout est nature à lancer un débat philosophique sur la vie, le voyage, le couple, la famille, le travail… :
Quel sens prend ce voyage dans mon projet de vie ?
Est-ce que ce n’est pas risqué pour mon couple ?… -
Le détachement
Plus rien n’importe, plus d’émotion dans la petite caboche : le futur voyageur est aux abonnés absents car il attend. Il est au boulot, il attend. Il mange en famille, il attend. Il attend que passe le temps… et qu’arrive enfin, tel un sauveur sortant du brouillard pour le délivrer de sa morne existence, le moment du départ.
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L’étrangeté
Le futur voyageur pourra également par moment se sentir étranger : étranger dans son propre pays, qu’il regarde avec distance, étranger pour ces pays où il rêve d’aller. Étranger aussi à ce mode de vie qui ne lui convient plus et qui lui semble de plus en plus absurde. Tel l’étranger de Camus, le futur voyageur ne fait plus réellement partie de ce monde, auquel pourtant il appartenait avant.
Il devient étranger à ses proches, famille, collègues… pour qui il n’est plus qu’un être bizarre, en partance. Le futur voyageur est seul et différent, mis en quarantaine sans pour autant être contagieux… Ou peut-être que si, justement, et que cela effraye : le risque encouru est de se mettre à réfléchir, et de remettre en question sa manière de vivre.
La question du matin n’est plus « Salut, ça va ? », mais
Alors, les préparatifs, ça avance ? Bientôt parti(e) ?
Parce qu’avec la «chance» que le voyageur a de pouvoir partir, il ne peut qu’aller bien, assurément…
Le futur voyageur traverse toutes ces étapes à son rythme, tel un petit bateau dérivant en pleine tempête. Parfois ces stades se mélangeront, ou le futur voyageur fera des allers-retours : la progression n’est pas linéaire !
Le grain de sel de l’entourage
Et le futur voyageur devra surmonter ces marées émotionnelles tout en essayant de paraître parfaitement maître de lui et confiant dans son projet face à ses proches !
Car son entourage lui demandera sans cesse :
« Tu n’as pas peur ? », « Comment tu vas faire pour l’argent ? », « Tu vas vraiment aller dans un pays tropical avec tes allergies aux insectes ? », « Tu es sûr de ton coup ? », « Et si tu perds tes valises ? »…
Bref, toutes les petites questions qui gravitent dans la tête du futur voyageur… et encore d’autres en bonus !
À chaque phase son style de préparation
Avec toute cette palette d’émotions que le futur voyageur traverse, la préparation du voyage n’en est que plus difficile ! À quel moment aura-t-il l’esprit suffisamment clair et lucide pour se pencher sur toutes les questions qui requièrent son attention ?!
L’euphorique avancera tel un bulldozer, mais minimisera tous les risques et prendra certaines questions par-dessus la jambe « Pas besoin de réserver un hôtel, je trouverai bien une chambre quelque part, et pour la langue, y’aura bien quelqu’un qui parlera français ou anglais dans le coin».
L’angoissé verra ces questions avec un œil beaucoup plus critique – trop critique sans doute –, mais sa panique le rendra à coup sûr inefficace, et tourner en rond ne le fera pas avancer.
Le détaché regardera le monde d’un œil blasé et restera dans son indifférente torpeur.
L’insouciant les regardera tous le sourire aux lèvres, sans bouger le petit orteil : « Pas besoin d’argent ni de matériel adapté, fini le matérialisme ! Je vivrai avec moins, en accord avec la nature… Pas besoin de passeport, je ne suis pas un numéro ! ».
L’incrédule répètera en boucle « j’y crois pas » … mais ne pas y croire ne fera pas avancer le schmilblick non plus !
Seul le voyageur réfléchissant à ses doutes avancera dans sa préparation – bien qu’ici uniquement psychologique – de son voyage . Encore faut-il qu’il ne tombe pas dans un versant dépressif s’il se mélange avec l’angoissé !
Et pour les voyages en couple ?
Préparer un voyage en couple signifie être deux à traverser ces déboires émotionnels. Ce n’est pas toujours simple, les phases ne seront pas traversées de façon synchrone… Et le couple devra tenir la barre lors de ces mois de préparation, pour le meilleur et pour le pire !
Si vous ne l’avez pas encore vue…
Petite vidéo pour rire de toutes ces sautes d’humeur et bizarreries avant un départ en voyage !
Et vous, dans quel état êtes-vous avant un (grand) départ en voyage ?
PS : et parce que les émotions, c’est pas qu’au départ, mais aussi au retour, jetez un oeil à la vidéo du syndrome post-returnum et à l’article (plus sérieux) sur la déprime du retour de voyage.
Bonjour à vous, j’aime cet article sincère, et je vois que les commentaires blessants finissent toujours par arriver. Comme toi j’ecris des billets d’humeur pendant notre tour du monde en famille pour ne pas oublier au retour ce qu’aura été réellement cette aventure (unmondedegnous.tumblr.com sur lemondedisa) et comme toi je suis taxée d’indécence. Je ne suis pas une pauvre petite fille riche mais personne ne se paye le luxe de vérifier cette donnée. Le mieux, c’est d’exprimer ce qu’on ressent vraiment. Les gens qui viendront manger à ta table seront les bons. Bon voyage (je ne sais pas où vous en êtes) et profitez !
Merci Isa pour ton message (et désolée de le traiter… 1 an après ! Tout arrive ! ^^).
Là je t’écris depuis Flores, au Guatemala 🙂
Indécent de partager ses idées, ses humeurs, ses rêves et ses voyages ? … Comme tu le dis, je ne suis pas non plus une « pauvre petite fille riche » (loin de là) ; j’ai toujours travaillé pour obtenir ce que je souhaitais. Nos projets de voyage, nous les réalisons par choix : c’est un choix que nous répétons tous les mois, dans notre vie nomade comme dans notre vie sédentaire (en épargnant beaucoup).
Je t’encourage aussi à continuer à écrire ce que tu aimes, tes idées pleines de sincérité et tes passions (et j’aime beaucoup ton blog 🙂 ).
Ton message me touche beaucoup, plein de sincère solidarité : merci Isa !
Au plaisir de te lire…
Bonjour Amandine, François, et aussi Philippe …
Je voulais juste dire que je suis bien d’accord avec Amandine sur les différentes phases du voyage C’est une aventure à tous les niveaux (Je suis en phase excitation !), l’argent aide mais ne fait pas le voyageur heureusement…
Je comprends la réponse de Philippe,à mon avis il y a aussi beaucoup de voyageurs …ou de gens qui se considèrent comme tels… qui se prennent pour le sel de la terre parce qu’ils ont « bougé un peu « .
BIEN d’avoir posté sa réponse ! Rien de pire que de museler les autres.
Merci pour ce festival d’émotions si vraies! Je pars avec mes deux ados un mois en Indonesie…. Histoire de renouer avec le bonheur 3 ans après le décès de leur père. D’euphorique après l’hyper-organisation, je suis à 2 doigts de tout annuler tellement je panique….mais qu’est-ce qui m’a pris de partir à 12.000 km de mes 4 murs? Savoir que je ne suis pas la seule me fait. Un bien fou, je suis morte de rire dans mon lit! Merci Amandine!
Merci Caro pour ton message (et désolée d’y répondre si tard… il s’est perdu !).
J’espère que votre voyage en Indonésie a été à la hauteur de vos attentes. Surmonter un décès familial n’est jamais facile (je parle aussi en connaissance de cause), tant au point de vue individuel que familial. Je trouve votre projet très beau et très fort.
Au plaisir de vous lire pour en savoir plus sur vos aventures de voyage en famille 🙂
Je me reconnais complètement avant mon départ… ^^ Excellent article ! Merci Amandine. Une nuance cependant: je ne crois pas qu’un tour du monde soit le fast-food du voyage. Je voyage en tour du monde pendant un an et demi (un an et 2 mois aujourd’hui) et je ne cherche pas à tout faire très vite. Au contraire, je prends mon temps pour passer minimum un mois, un mois 1/2 dans chaque pays que je traverse et je consacre toujours une semaine dans chaque pays pour vivre de façon locale car ce ne sont pas les paysages et les monuments qui font un pays mais les gens qui y vivent. On ne voyage pas tous de la même façon, c’est vrai. Mais ce n’est pas parce que d’autres choisissent un autre mode de voyage qui leur correspond mieux qu’il faut le juger. « Fast food du voyage » est un peu péjoratif, non ? 😉 Bises à toi jolie plume !
On est du genre à être euphorique uniquement ! Et impatients aussi ! Quel plaisir de préparer ensemble nos voyages et si une difficulté se pose, on trouve toujours une solution alors pas de stress ! Juste du bonheur ! On a déjà hâte d’être dans nos grandes vacances !
Ahah, ça sent bon l’enthousiasme et l’énergie positive tout cela ^^ Merci Patrick pour ton partage d’impressions « pré-voyage » en famille 🙂 Une hâte qu’on comprend bien !